Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
Le terme « signare » était l'appellation des jeunes femmes métisses, issues du mariage de Portugais avec des femmes Sérères de la petite côte du Sénégal sénégalaises dans les comptoirs de rufisque (rufisco) au XVIIe siècle puis de Gorée et finalement jusqu'au milieu XIXe siècle de Saint-Louis.
Les premières signares étaient lusophone; elles étaient issues de l'union de femmes sérères de la petite côte (Sénégal) et de portugais au début du 17 siècle. Ces mariages étaient généralement durables car beaucoup de ces portugais finissaient leurs vies, dans les comptoirs qu'ils avaient créer avec les sérères et le Rois du Sine Salum tout proche. C'est dans ces comptoirs que les enfants métisses issus de ces unions prospérèrent, en particulier "les Signaras", mot voulant dire "Les Dames" en Français. Ces comptoirs Joal, Sally-Portudal et Rufisco (Rivier fraiche, Rio fresco) étaient gouverner par les Signaras (Signare en français) et par L'Alquier (représentant le Roi du Sine) quant celui-ci était dans le giron du roi du sine. Leurs système économique reposait sur le commerce des cuirs, des cotonnades, de l'indigo, de l'or et des épices dite "pauvre"; elles ne vendaient pas d'esclaves pas plus que les Sérères.
L'arrivée de la France et de l'angleterre détruisis cette première micro-civilisation féminine de la petite côte et le système économique pacifique qu'elles avaient su développer avec leurs familles sérères et leurs père portugais souvent de confession israélite; en transformant le Sénégal en zone de guerre. Les Signares émigrèrent de la petite côte du Sénégal vers les îles de Gorée et Saint Louis au début du 18 siècle pour être à l'abri des guerres déclenchées par les puissances négrières occidentales entre les rois du Sénégal pour obtenir des esclaves en échange d'armes a feu, de poudre, de munitions, de verroteries et de pièces d'inde (morceaux de tissu importé d'inde puis fabriqué à Rennes dans le cas de la France).
A Gorée, les Signares inventaires le "mariage à la façon du pays"; c'est à dire un mariage a durée de vie limitée reconnus comme valable par le Roi de France et l'église Catholique. Ces mariage "mariage à la façon du pays" très minoritaires à caractère politique et économique étaient réservé aux rares unions avec des occidentaux, pas plus de 15% des unions. Les signares étaient fortement attachées aux unions endogamiques, 80% des unions, seule capables de pérenniser leurs culture et de préserver le capital accumulé de mère en fille sur plusieurs génération. Les mariages avec des occidentaux étaient élitistes et avaient pour objet de construire en France et en Angleterre de puissant réseaux d'affaires familiales d'une part et d'autre part de faire bénéficier à leurs communauté de la protection permanente de leurs parentés occidentales contre d'éventuels brutes envoyer à Gorée par les administrations respectives de ces deux nations d'occident cité plus haut. Elles ne se mariaient donc jamais avec de simples matelots mais avec des cadres bourgeois ou aristocrates français et anglais.
Le chevalier Stanislas de Boufflers, gouverneur du Sénégal en 1785, prit pour compagne la fameuse Anne Pépin, il est probable qu'il était entendu avant même d'être nommé a ce poste. C'est Anna Colas Pépin, sa nièce, qui possédait l'actuelle "maison dite des esclaves", qui n'a jamais contenu d'esclaves de traite.
Les signares réussirent au cours de différentes périodes à résister aux gouverneurs et officiers fraîchement débarqués qui contestaient leurs pouvoirs et privilèges. Grâce à leurs réseaux familiales, elles arrivaient sans peines à toucher les instances du pouvoir monarchique en France comme en Angleterre afin de contrecarrer toute décision déstabilisant leur mode de vie.
Ces rusées mulâtresses (métisses), appelées communément Signares (qualificatif de rang et non pas de couleur), furent réputées pour leur beauté envoûtante et leurs richesses importantes qu'elles firent fructifier habilement. Entre coquetterie quotidienne, fêtes dominicales et entretien de suites grouillantes de petites captives richement parées (esclaves sauvées de la traite négrière et intégrées aux maisons des Signares), elles menèrent des vies de femmes fatales, cultivant à l'extrême la sensualité.
Elles développèrent un art de vivre somptueux dont l'écho arrive encore a se faire entendre de nos jours à travers de nombreux livres d'histoires, les poèmes de Senghor et des spectacles annuels organisées à Gorée et à Saint Louis du Sénégal.
Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
L’île de Gorée est située au Sénégal, à quelques kilomètres de Dakar, dans l'océan Atlantique. Cette île se situe dans le golfe de Dakar, à l’est du centre ville. Gorée est aussi l'une des 19 communes d'arrondissement de la capitale.
Avec seulement 18 hectares et un millier d’habitants, elle témoigne de près de six siècles de présence étrangère. Le navigateur portugais Dinis Dias, père de Bartolomeu Dias, découvre Gorée en 1444. La domination portugaise dure jusqu'en 1595.
Les Hollandais s’emparent de Gorée en 1617 et la baptisent Goede Reede, « la bonne rade », étymon du nom actuel. Les Français s'implantent sur l’île en 1677 mais les Anglais leur disputent cette position jusqu'à la paix d'Amiens en 1802.
La traite des esclaves perdure pendant trois siècles sur les côtes africaines (Gambie, Saint-Louis du Sénégal, Bénin, Ghana...). Des peuples anti-esclavagistes (Sérères, Lébous, Les Signares) ont constitué un front face aux Damels (rois en wolof) esclavagistes notamment de la région du Cayor. Le commerce de la gomme, de l'arachide, des peaux, de l'or du Galam, des épices pauvres ainsi que la fourniture d'ouvriers qualifiés (charpentiers, maçons...) assurèrent la prospérité de Gorée qui vit aujourd’hui du tourisme.
Le fort d'Estrées
Offert par la Guadeloupe, le momument commémorant l'esclavageCette île reste tristement célèbre car elle a été choisie comme symbole de l'esclavage qui dura pendant des décennies sur l'ensemble du territoire africain (traite arabo-musulmane et traite européenne).
On peut encore y visiter la Maison dite des Esclaves dans laquelle est établi un musée dédié à ce sujet, dont le conservateur est Boubacar Joseph Ndiaye. Celui-ci a publié en avril 2006 un livre intitulé Il fut un jour à Gorée aux éditions Michel Lafon. Toutefois, ceci est remis en question par le chercheur Jean-Luc Angrand dans un livre paru en 2006 aux éditions Anne Pépin : Céleste ou le temps des signares. Il y démontre qu'il n'y a jamais eu d'esclaves dans la "Maison des esclaves", son vrai nom étant "Maison de la signare Anna Colas Pépin". Ce livre a reçu en décembre 2006 le Prix Robert Cornevin de l'Académie des sciences d'outre-mer.
Les centres concentrationnaires des esclaves africains en partance pour l’Amérique se situent à Saint-Louis (La route des esclaves). C'était le point de convergence de la traite négrière arabo-musulmane et européenne. La Maison dite des Esclaves est un lieu plus symbolique qu’historique. En effet, le passage des esclaves par Gorée était très minoritaire : ils embarquaient directement et discrètement dans des fortins — « les Fabriques » — répartis sur toute la côte.
Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
La Traite des noirs a été "le commerce d'esclaves noirs" [1]. Plus précisément, "la traite des noirs est le trafic consistant à échanger des marchandises contre des noirs africains ou à les acheter pour les employer ou les revendre en qualité d'esclaves"[2]. Cette activité doit être distinguée de l'esclavage qui "consiste à exercer sur une personne l'un quelconque ou l'ensemble des pouvoirs liés au droit de propriété"[3]. Elle doit aussi être distinguée de la notion contemporaine de Trafic d'êtres humains.
La traite des noirs est un phénomène historique particulier et significatif de très grande ampleur et concernant l'ensemble des Sciences humaines en raison :
des implications morales de ce trafic [4] qui, de par sa nature même, n'a pu s'exercer que dans le cadre d'une violence extrême,
de sa durée (du VIIIe siècle à la fin du XIXe siècle),
de la variété des acteurs concernés ainsi que de la variété de leurs motivations,
de ses implications passées et de ses conséquences présentes,
du sens systématique du flux des échanges : des êtres humains font l'objet d'un négoce (trafic)
qui commence par des captures violentes (guerres, razzias, pillages, etc.) en Afrique noire
suivies par une opération d'échange contre des marchandises ou du numéraire (or, argent)
ainsi que d'opérations de transports sur de très longues distances (traversée du Sahara, de l'Atlantique, de la mer Rouge, etc.) à destination, très essentiellement :
des empires musulmans d'abord (dès le VIIe siècle et jusqu'au XXe siècle), y compris vers la partie de l'Europe alors sous domination musulmane (péninsule ibérique, sud de la France et de l'Italie, Sicile, Balkans, voire jusqu'en Russie tsarine au XVIIIè siècle les marchés turques servant d'intermédiaires et de plaques tournantes)
puis vers le continent américain, à partir du XVIe siècle jusqu'à la fin du XIXe siècle),
pour terminer par la réduction de ces êtres humains en esclaves et en main d'œuvre servile (travail dans les plantations dans les Amériques, emplois domestiques et militaires, exploitation sexuelle, etc. pour les autres destinations)
de l'intégration totale de cette activité dans le cadre des 1ers flux économiques mondiaux.
Ni l'esclavage, ni les trafics et commerces qui lui sont liés directement ou indirectement ne commencent avec la traite des noirs. Ils remontent très certainement à la nuit des temps historiques. Leurs formes actuelles sont connues sous le terme de Trafic d'êtres humains. Cependant, pour bien appréhender le phénomène de la traite des noirs, celui-ci doit être analysé dans ses dimensions propres et particulières (voir les motifs énumérés ci-dessus).
Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
La traite désigne le commerce des êtres humains considérés comme des esclaves. Elle concerne toutes les périodes de l'Histoire ainsi que toutes sortes de populations, mais sa source la plus importante se trouve en Afrique. En général, il s'agit de la traite des Noirs, mais, en fonction de l'époque et de l'aire géographique considérée, on distingue plusieurs types de traites.
La traite orientale a concerné un territoire qui déborde de l'aire arabe ; les négriers n'étaient ni exclusivement musulmans, ni arabes : Persans, Berbères, Indiens, Javanais, Malais, Chinois et Noirs ont participé à ces entreprises, à des degrés plus ou moins grands. Ainsi, une inscription trouvée à Java Est et datée de 860 après J.-C., mentionne, dans une liste de domestiques, la présence de "Jenggi", c'est-à-dire de "Zenj". Une inscription javanaise ultérieure parle d'esclaves noirs offerts par un roi javanais à la cour impériale de Chine.
D'un point de vue centré sur l'Occident, le sujet s'assimile à la traite orientale. Celle-ci a suivi deux types d'itinéraires au Moyen Âge :
les routes terrestres à travers les déserts du Maghreb et du Machrek d'une part (itinéraire transsaharien) ;
les routes maritimes à l'est de l'Afrique (Mer Rouge et Océan Indien) d'autre part (itinéraire oriental).
Elle n'a pas eu les mêmes destinations que la traite transatlantique : elle a alimenté en esclaves noirs le monde musulman qui, à son apogée, s'étend sur trois continents, de l'océan Atlantique (Maroc, Espagne) à l'Inde et l'est de la Chine. Elle a été plus étalée dans le temps : elle commence dès le Moyen Âge et s'arrête au début du XXe siècle : le dernier marché aux esclaves est fermé au Maroc en 1920[1] ; environ 1/3 des Éthiopiens[1] étaient des esclaves en 1923.
Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
Les Français de l'île Bourbon capitulèrent face aux Anglais le 8 juillet 1809 après l'arrivée de renforts depuis l'Angleterre la veille. L'île était donc sous l'autorité de Sir Robert Townsend Farquhar, premier gouverneur général des Mascareignes à l'époque de la révolte[1].
En 1793, il y avait 35 000 esclaves pour 10 000 libres. En 1825, c'est-à-dire 14 ans après la révolte, il y en avait désormais respectivement 71 000 pour 25 000[2]. On peut donc estimer qu'il y avait environ 50 000 esclaves sur l'île en 1811, dont 5 000 dans les environs de Saint-Leu, capitale du café Bourbon où demeuraient seulement 500 personnes libres[3].
Pourtant, c'est une capitale en déclin : de très forts cyclones ont frappé l'île en 1806 et en 1807, détruisant deux années de récolte et causant des dommages irréversibles aux terres agricoles, les rongeant jusqu'au roc même. Comme si ce n'était pas assez de malheur, une maladie ravagea les "bois noirs" qui protégeaient les délicats caféiers du vent. L'industrie du café s'effondra, et d'autres pays ou colonies réussirent à dépasser l'île en la matière, la plongeant encore plus dans une crise économique.
Pour remplacer les précieux caféiers presque complètement détruits, les propriétaires choisirent la canne à sucre, plus robuste et facile à exploiter et en faire un rapide profit... avec le travail forcé des esclaves, bien sûr.
Bien sûr, l'époque fut beaucoup plus dure pour les esclaves que pour les maîtres de ceux-ci. Ayant moins d'argent à dépenser, les propriétaires, généralement avares avec leurs esclaves, dépensèrent moins que d'habitude sur eux. Et soudain, les esclaves se retrouvèrent sur les champs de canne, davantage exposés au soleil ingrat qu'aux temps des caféiers, et coupant les dures cannes à la hache. Non habitués à cette plante, les journées furent d'autant plus dures.
Aussi, les rapports entre esclaves et maîtres dégénèrent, peut-être aidés en cela par la défaite des Français face aux Anglais : les Français, maîtres longtemps craints, battirent la retraite ! Les esclaves eurent donc moins peur de l'autorité, et ceci d'autant moins que la garnison anglaise la plus proche de Saint-Leu était à Saint-Paul, soit assez loin, même à cheval : les Anglais avaient dissout les gardes nationales et ne les avaient pas remplacées par des policiers[3].
Les esclaves désirant prendre partie à une révolte, quelques dizaines, se regroupèrent dans une ravine la nuit. Ils y planifièrent leur revanche contre les Blancs. L'un d'eux, Figaro[3][4], courra jusqu'à Saint-Louis tout raconter à sa maîtresse, Mademoiselle Legrand, à laquelle il restait fidèle. Legrand en parla aux autorités, qui ne firent rien si ce n'est donner à Figaro l'îlet à Cordes, à Cilaos, en récompense, mais il ne l'occupera jamais. L'absence de réaction coûta cher à tout le monde, aux esclaves comme aux maîtres.
La nuit du 5 novembre, c'est parti. Les esclaves se réunirent, encore que plusieurs dizaines, et se mirent à marcher. Le premier Blanc qu'ils rencontrèrent fut Maricourt Adams[3]. Il était à cheval et se croyait sûr, mais il fut délesté de son fusil, battu et abandonné, puisque les esclaves le croyèrent mort. Il ne l'était pas ; il survécut assez longtemps pour crier l'alerte dans une maison proche. Les maîtres commencèrent enfin à avoir peur, mais les autorités restèrent fermes et ne réagirent pas davantage.
Le premier chef de la révolte fut un esclave appelé Jean, mis au fer quand la révolte ne faisait que commencer[4]. On n'en sait pas davantage sur lui ; en tout cas, il fut vite éclipsé par trois frères, esclaves du propriétaire Célestin Hibon : Élie, le leader, Gilles et Prudent[4].
La nuit du 7 novembre, environ cent hommes[3] arpentèrent ensemble les chemins de Saint-Leu. Ils prirent tout ce qui pouvait s'utiliser comme arme et taillirent même des sagaies dans du bois. La première maison qu'ils virent était vide ; Célestin Hibon, son propriétaire, était absent. Le bâtiment fut pillé et les révoltés partirent avec des pics, des bâtons et même des pilons... à café.
Arrivant à la maison suivante, ils rencontrèrent le gendre de Hibon, Jean Macé. Il fut assassiné devant sa femme et son enfant, qui, eux, s'échappèrent grâce à une esclave fidèle. Euphoriques, les révoltés essayèrent ensuite d'attaquer Pierre Hibon chez lui, mais il était armé et tira, aidé par ses esclaves. Les insurgés battirent vite la retraite et se regroupèrent devant la maison d'Armel Macé, frère du Jean qui vient d'être tué à sang froid. Prévenu par le bruit des tirs depuis la maison de Pierre Hibon, il était prêt et lui aussi tira sur les Noirs, mais fut dominé et tué à coups de pilon. Pourtant, son esclave Paulin profitera de la confusion pour aller à Saint-Leu prévenir tout le monde[3].
Se rendant compte que les Anglais ne pourraient pas les aider à temps, les maîtres s'armèrent et arrangèrent une embuscade à la route du Portail, par laquelle s'approchaient les esclaves furieux. Les esclaves fidèles restèrent sur la route en pleine vue de tout le monde tandis que leurs maîtres attendirent les révoltés dans la forêt à côté. Les révoltés arrivèrent enfin et s'approchent des esclaves, croyant trouver plus de volontaires pour leur campagne.
Vingt d'entre eux tombèrent immédiatement, et beaucoup furent grièvement blessés. La justice condamnera trente à la peine de mort. Au final :
20 esclaves furent tués dans l'embuscade,
30 condamnés à mort et
2 Blancs assassinés.
Plus tard, Saint-Leu vendra tous ses esclaves pour payer la construction de ses écoles[
Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
L'expédition de Saint-Domingue a lieu de décembre 1801 à décembre 1802, quand Napoléon Bonaparte, alors Consul charge Charles Victor Emmanuel Leclerc, son beau frère, de reconquérir la colonie de Saint-Domingue et d'y rétablir l'ordre et l'autorité de la France.
La Révolution française entraîne de graves bouleversements sociaux, dont le plus important est la révolte des esclaves qui aboutit à l'abolition de l'esclavage en 1793 par les commissaires civils Sonthonax et Polverel, (décision avalisée et généralisée à l'ensemble des colonies françaises par la Convention six mois plus tard). Le noir Toussaint Louverture, nommé Gouverneur par la France, après avoir rétabli la paix et chassé les Espagnols et les Anglais qui menacent la colonie, rétablit la prospérité par des mesures audacieuses. Mais il va trop loin en promulguant une constitution autonomiste.
Le 9 février 1801, les Autrichiens se séparent de la seconde coalition et signent avec la France le Traité de Lunéville. Naples signe ensuite la paix à Florence, et la Russie de Paul Ier prend ses distances jusqu'à ce que son successeur Alexandre Ier conclue une convention de paix secrète avec Bonaparte le 10 octobre 1801. Au Royaume-Uni, William Pitt est renversé le 13 mars 1801. Les Britanniques isolés envisagent la paix.
Bonaparte peut alors se consacrer à ses problèmes de politique intérieure. Les troupes sont oisives, les officiers rêvent d'en découdre. Sous l'influence des créoles et des négociants, le Premier Consul décide d'envoyer son beau-frère le général Leclerc, avec pour instructions de ménager Toussaint, de lui offrir le rôle de lieutenant de la France, la confirmation des grades [militaires] et des biens acquis par ses officiers, la garantie de la liberté des Noirs, mais avec l'autorité positive de la métropole, représentée par le capitaine général [1]. Afin de prouver à Toussaint la bienveillance du gouvernement, ont lui envoie ses deux fils élevés en France, accompagnés de leur précepteur.
Bonaparte prévoit quand même une probable résistance de la part de Toussaint, et toutes les mesures sont prises pour la vaincre: Louverture dispose tout au plus que 16 000 hommes[2], Leclerc recevra donc le commandement de 30 000 hommes, provenant d'à peu près toutes les armées françaises, ainsi que de corps disciplinaires[3].
La Paix n'étant pas encore définitivement signée avec l'Angleterre[4], le 14 décembre 1801, une flotte, commandée par Villaret de Joyeuse, et composée de 21 frégates et de 35 navires de ligne, dont l'un est armé de 120 canons[5], quitte Brest, Lorient, Rochefort emportant 7 à 8 000 hommes.
Cette flotte est suivie de l'escadre du contre-amiral Ganteaume, qui quitte Toulon le 14 février, avec 4 200 hommes, puis par l'escadre du contre-amiral Linois, qui quitte Cadix le 17 février, avec 2 400 hommes. Dans les mois qui suivirent, plusieurs navires, quitteront la France, emportant des troupes fraîches, dont une division Hollandaise et une légion polonaise. Il convient d'y ajouter encore les 4 000 hommes de l'artillerie de marine.
Au total, 31 131 hommes débarqueront à Saint-Domingue. Parmi eux se trouvent des hommes de couleur, comme André Rigaud[6] qui en 1799 s'est engagé dans une brigade de volontaires pour participer à la Guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique, et Alexandre Pétion qui dirige une révolte de gens de couleur libres, à Jacmel en 1799.
Les navires ont rendez-vous dans la baie de Samaná. L'amiral Villaret de Joyeuse y parvient le 29 janvier suivi de peu par Latouche-Tréville. Sans attendre Ganteaume et Linois, les navires présents se répartissent dans différents ports, afin de surprendre Toussaint. Le général Kerverseau doit se rendre à San-Dominguo dans la partie espagnole de l'île. Le général Boudet, conduit par Latouche-Tréville, doit s'emparer de Port-au-Prince. Le chef de l'expédition, conduit par Villaret de Joyeuse fait voile vers le Cap.
Lorsque Toussaint découvre les navires dans la baie de Samaná, il donne l'ordre à Christophe chef du département du nord, à Dessalines du département de l'ouest et à Laplume du sud, de répondre aux sommations de l'escadre, qu'ils n'ont pas ordre de la recevoir, puis si elle insiste et en cas de débarquement de menacer de détruire les villes et massacrer les blancs avant de se retirer dans les montagnes.
Villaret arrive le 3 février devant le Cap. L'attaque se fait par terre et par mer, le 5 février. Christophe exécute les ordres, la ville est en flamme, une partie de la population blanche égorgée.
Le 6 février, Rochambeau débarque dans la baie de Mancenille et s'empare de Fort-Dauphin. Après avoir éteint les incendies et procédé à quelques travaux, Leclerc établi son quartier général au Cap, et envoie quelques navires faire du ravitaillement vers le continent américain.
Pendant ce temps Latouche-Tréville et Boudet s'emparent de Port-au-Prince et de Léogâne et obtient la reddition du général Laplume. Débarqué à San-Dominguo avec 2 000 hommes, le général Kerverseau prend possession d'une bonne moitié de la partie espagnole, dirigée par Paul Louverture, frère de Toussaint.
Dans les dix premiers jours, les Français occupent les ports, les villes et une grande partie des terres cultivées. Réfugié dans le massif de l'Artibonite, Toussaint Louverture n'a plus que quelques brigades sous les ordres des généraux Maurepas, Christophe, Dessalines. Mais il détient aussi une grande quantité de blancs qui ont été emmenés en otage. Pour le déloger il faut franchir des gorges encaissés et rendu impénétrable par la végétation tropicale, où les Noirs tendent embuscades sur embuscades.
Mais les soldats reçoivent les renforts de Ganteaume et Linois qui viennent de débarquer. Leclerc à gardé son joker : les deux enfants de Toussaint qu'il a amené de France. Tous deux sont porteur d'une lettre du Premier Consul promettant la seconde autorité de l'île à l'ancien esclave qui ne cède pourtant pas.
Le 17 février Leclerc lance l'attaque simultanée des divisions qu'il a constituées. Rochambeau à sa gauche part de Fort-Dauphin pour se rendre à Saint-Michel, Hardy marche sur Marmelade et Desfourneaux marche sur Plaisance, pendant que Humbert doit débarquer à Port-de-Paix et remonter la gorge de Trois-Rivières et que Boudet doit remonter du sud au nord. Le but est de surprendre l'ennemi, de le forcer à se replier sur Les Gonaïves et de l'encercler.
Malgré les difficultés du terrain et la résistance de Maurepas qui fini par se rendre au général Humbert, le plan a dans l'ensemble bien fonctionné. Le 23 février, la division Desfourneaux entre aux Gonaïves qui est en flammes. Le général Boudet occupe Saint-Marc également incendié, et inondé du sang des colons égorgés par Dessalines qui parvient à s'échapper du piège. Maurepas résiste encore, mais fini par se rendre avec 2 000 valeureux guerriers.
Un siège en règle est nécessaire pour prendre le fort de la Crête-à-Pierrot. Les assiégeants sont attaqués à revers par des attaques successives de Dessalines et de Toussaint qui tentent de porter secours aux assiégés. Mais le fort doit finalement se rendre. À l'intérieur on trouve des quantité d'armes et de munitions mais aussi beaucoup de blancs assassinés.
Aux Verrettes, l'armée découvre un horrible spectacle. A bout de force, ne parvenant plus à suivre la marche effrénée des révoltés, 800 hommes, femmes, enfants et vieillards ont été égorgés[7]. Les assassins sont poursuivis à outrance, aucun quartier n'est fait à ceux qui sont rattrapés.
À bout de ressource, leur espace de liberté de plus en plus restreint, les rebelles sont de plus en plus découragés. Christophe songe à déposer les armes en échange du même traitement que celui qui a été réservé à Laplume et Maurepas. La reddition de Christophe entraîne celle de Dessalines et finalement celle de Toussaint. Assigné à résidence, Leclerc lui restitue, grade et propriétés.
Fin avril, début mai, l'ordre se rétabli peu à peu dans l'île. Le commerce reprend dans les ports. Les insurgés ont conservé leurs biens et leur grade et semble s'accommoder de leur condition.
Dans sa retraite d'Ennery, où il est assigné à résidence, Toussaint songe à sa revanche, et guette les progrès de sa meilleur alliée, la fièvre jaune qui fait des ravages dans les rangs des Français et frappe particulièrement les derniers arrivé sur l'île. 15 000 hommes environ périssent ainsi en deux mois. Toussaint ne cessent de correspondre avec ses affidés, les incitant à se tenir prêts. Certains cependant, n'ayant aucune envie de recommencer la guerre, avertissent le général en chef. En juin, sentant le danger, Leclerc convoque le rebelle à une entrevue et le fait arrêter. Emmené à bord d'un bateau, il est envoyé en Europe et gardé prisonnier au Fort de Joux.
La nouvelle du rétablissement de l'esclavage en Guadeloupe, parvient à Saint-Domingue. La révolte gronde. Leclerc juge plus prudent de faire désarmer les Noirs, mais cela exite encore plus leur colère.
À Basse-Terre, en Guadeloupe, la fièvre jaune frappe aussi. Le 3 septembre Richepanse vient de succomber. Boudet le remplace. Rochambeau qui lui succède, déteste les mulâtres plus encore que les Noirs. Rigaud, cet ancien ennemi et rival de Toussaint Louverture, est prié d'embarquer pour les États-Unis. Dans le sud, où ils sont plus nombreux, les mulâtres ainsi offensés, s'unissent aux noirs. Le vent de révolte qui soufflait particulièrement dans le nord, se répand dans le sud.
L'armée française, qui ne compte plus que 8 à 10 000 hommes, à peine en état de servir, est débordée. Réfugié sur l'île de la Tortue, pour tenter d'échapper à la maladie, Leclerc succombe à son tour, le 1er novembre 1802[8].
Étant le plus ancien, Rochambeau prend le commandement et tente de réprimer l'insurrection, mais il ne peut faire face. Le Cap semble être le dernier bastion des Français. Quand il y parvient, Christophe à déjà enlevé l'un des forts. Rochambeau le reprend. Au bruit de la bataille, dans la rade, à bord du bateau qui leur sert de prison, quelques 1 200 Noirs, jettent l'équipage par dessus bord.
Le 18 novembre 1803, près du Cap-Français, les Français sont vaincus à la bataille de Vertières par le général rebelle Jean-Jacques Dessalines.
Fin décembre, les derniers soldats français quittent l’île. Lors de la traversée, Rochambeau est capturé par les Britanniques, en tant que prisonnier sur parole, est envoyé au Royaume-Uni où il est interné pendant presque neuf années.
Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
La Révolution haïtienne constitue la première révolte d’esclaves réussie du monde moderne. Elle fut favorisée par la Révolution française. Les historiens situent traditionnellement son départ lors de la cérémonie de Bois-Caïman, une cérémonie vaudoue en août 1791. Elle établit en 1804 Haïti en tant que première république noire libre du monde, succédant à la colonie française de Saint-Domingue. La France avait perdu ainsi sa colonie la plus prospère. Cet événement est quasiment absent des programmes de l’Éducation nationale française.
À la veille de la Révolution française, la colonie de Saint-Domingue est d’une prospérité sans égale. Elle est le premier producteur mondial de sucre – avec plus de la moitié de la production – comme de café. Son commerce extérieur représente plus du tiers de celui de la France métropolitaine. Un Français sur huit en vit directement ou indirectement. Cette opulence est bâtie sur un système économique critiqué et une organisation sociale inhumaine.
Le système mercantiliste de l’« Exclusif colonial », inventé par Jean-Baptiste Colbert, vise à enrichir la métropole. Il repose sur le monopole commercial et l’interdiction de l’industrie locale. La métropole fixe les prix. Les colons, très critiques, usent de contrebande et fomentent même des troubles.
La société des colons est très inégalitaire : aux riches planteurs, ou grands blancs issus de la noblesse ou de la bourgeoisie du grand négoce, répond la foule des petits fonctionnaires, employés et ouvriers, appelés petits blancs.
Surtout, l’esclavage est particulièrement cruel. Le Code Noir de 1685, pourtant édicté pour l’« humaniser », punit ainsi de mort l’esclave qui aurait frappé son maître (art. 33), voire aurait commis un vol (art. 35). L’esclave avait le statut juridique d’un bien meuble (art. 44). Encore, ce code n’est-il pas respecté. L’obligation d’évangélisation est négligée; le repos obligatoire du dimanche, souvent reporté. À la peine capitale prévue, les décisions de justice ajoute souvent des supplices pour leur caractère exemplaire. La cruauté des colons est telle que l’espérance moyenne de vie d’un esclave ne dépassait guère dix ans.
Enfin, alors que le Code ne connait que deux catégories d’individus - les libres et les esclaves - les gens de couleur libres (les mulâtres libres et les nègres affranchis) se voient progressivement refuser l’égalité avec les blancs : Ils ne peuvent hériter de titres de noblesse, certains emplois leur sont interdits, ils doivent déférence aux blancs etc.
Or, l’évolution démographique est défavorable aux blancs, et plus particulièrement aux grands planteurs. L’opulence de la colonie au XVIIIe siècle attire un nombre croissant de Français modestes, venant chercher fortune. La plupart restent dans la misère. Le nombre de libres de couleur s’accroit encore plus rapidement : D’une poignée au début du siècle, leur nombre avoisine celui des blancs en 1788, soit environ 30 000. Quant aux esclaves, aussi nombreux que les blancs au XVIIe siècle, ils sont plus de 500 000 à la veille de la Révolution, tant la Traite des noirs s’amplifie. À la fin du XVIIIe siècle, plus de 30 000 Africains débarquent chaque année dans les ports du Cap-Français ou de Port-au-Prince.
Si on ajoute à ce tableau les rivalités régionales entre le Nord, le plus opulent, le Sud, et l'Ouest séparés par des chaînes montagneuses, l’opposition entre les fonctionnaires et les blancs créoles (c’est-à-dire nés sur place) ainsi qu’entre les planteurs et les commerçants, le rôle déstabilisateur de l’Espagne, possédant la partie Est de l’île, ou de l’Angleterre, on comprend la complexité du déroulement de la révolution de Saint-Domingue.
De leur côté, les révolutionnaires français sont écartelés entre le principe d’égalité et le réalisme économique.
Les colons de Saint-Domingue considérèrent la convocation aux États généraux de 1789 comme une opportunité pour se défaire du système de l’Exclusif. Malgré le refus préalable du roi Louis XVI, ils réussissent à faire accepter six députés à l’Assemblée constituante. Sur place, ils poussent, en le menaçant, l’Intendant Barbé de Marbois à regagner la métropole. Puis, fin 1789, ils élisent des municipalités.
Mais, la Déclaration des Droits de l’Homme du 26 août 1789 leur apparaît dangereuse. D’autant que la Société des amis des Noirs, fondée à Paris le 19 février 1789 (qui compte entre autres membres Brissot, Mirabeau, Condorcet, La Fayette et l’abbé Grégoire) propose l’abolition progressive de l’esclavage et l’égalité immédiate des libres de couleur.
Dès le 20 août 1789 est créé à Paris le Club de l’hôtel Massiac, constitué principalement de planteurs de Saint-Domingue. Leur meilleur avocat est le député Barnave. Le 28 mars 1790, celui-ci réussit à faire voter un décret qui écarte les colonies du droit métropolitain et crée des assemblées coloniales ouvertes aux propriétaires. Sans l'exprimer, la Constituante confirme ainsi l'esclavage. Condorcet a ce commentaire : « Ajoutons un mot à l’article premier de la Déclaration des droits : Tous les hommes ’’blancs’’ naissent libres et égaux en droits ! »
Mais, les blancs de Saint-Domingue vont encore plus loin : Ils élisent, sans les libres de couleur, une assemblée qui se déclare supérieure au Gouverneur Général, entend remplacer les régiments royaux par une garde nationale locale et vote même le 28 mai 1790 une constitution. En juillet, elle décrète la liberté du commerce. Devant cette sédition, les autorités réagissent en s’alliant les libres. L’assemblée de planteurs est vite renversée. La revanche des blancs est sanglante : quelques mois plus tard, le colonel de Mauduit, qui a dispersé l’assemblée, est lynché par la foule.
Les libres commencent alors à réclamer l’égalité avec véhémence. Plusieurs sont massacrés par la population blanche. Notamment, le mulâtre Vincent Ogé, pourtant notable aisé, est condamné au supplice de la roue en février 1791 pour avoir manifesté en ayant pris les armes avec trois cents partisans.
L'Assemblée de Paris reste indécise quant au statut des libres de couleur. Après avoir confirmé l’esclavage en lui donnant statut constitutionnel le 13 mai 1791, elle accorde le 15 mai l’égalité aux libres de couleur nés de père et mère libres, soit moins de 5% des intéressés.
Les blancs de Saint-Domingue refusent d'appliquer ce décret. Les libres se soulevent alors dans plusieurs endroits de l’Ouest et du Sud et remportent des victoires dès l'été. Dirigés par Jacques Beauvais et André Rigaud, les mulâtres prennent même la capitale Port-au-Prince, qui est en grande partie incendiée, en novembre 1791.
Les colons de Saint-Domingue considérèrent la convocation aux États généraux de 1789 comme une opportunité pour se défaire du système de l’Exclusif. Malgré le refus préalable du roi Louis XVI, ils réussissent à faire accepter six députés à l’Assemblée constituante. Sur place, ils poussent, en le menaçant, l’Intendant Barbé de Marbois à regagner la métropole. Puis, fin 1789, ils élisent des municipalités.
Mais, la Déclaration des Droits de l’Homme du 26 août 1789 leur apparaît dangereuse. D’autant que la Société des amis des Noirs, fondée à Paris le 19 février 1789 (qui compte entre autres membres Brissot, Mirabeau, Condorcet, La Fayette et l’abbé Grégoire) propose l’abolition progressive de l’esclavage et l’égalité immédiate des libres de couleur.
Dès le 20 août 1789 est créé à Paris le Club de l’hôtel Massiac, constitué principalement de planteurs de Saint-Domingue. Leur meilleur avocat est le député Barnave. Le 28 mars 1790, celui-ci réussit à faire voter un décret qui écarte les colonies du droit métropolitain et crée des assemblées coloniales ouvertes aux propriétaires. Sans l'exprimer, la Constituante confirme ainsi l'esclavage. Condorcet a ce commentaire : « Ajoutons un mot à l’article premier de la Déclaration des droits : Tous les hommes ’’blancs’’ naissent libres et égaux en droits ! »
Mais, les blancs de Saint-Domingue vont encore plus loin : Ils élisent, sans les libres de couleur, une assemblée qui se déclare supérieure au Gouverneur Général, entend remplacer les régiments royaux par une garde nationale locale et vote même le 28 mai 1790 une constitution. En juillet, elle décrète la liberté du commerce. Devant cette sédition, les autorités réagissent en s’alliant les libres. L’assemblée de planteurs est vite renversée. La revanche des blancs est sanglante : quelques mois plus tard, le colonel de Mauduit, qui a dispersé l’assemblée, est lynché par la foule.
Les libres commencent alors à réclamer l’égalité avec véhémence. Plusieurs sont massacrés par la population blanche. Notamment, le mulâtre Vincent Ogé, pourtant notable aisé, est condamné au supplice de la roue en février 1791 pour avoir manifesté en ayant pris les armes avec trois cents partisans.
L'Assemblée de Paris reste indécise quant au statut des libres de couleur. Après avoir confirmé l’esclavage en lui donnant statut constitutionnel le 13 mai 1791, elle accorde le 15 mai l’égalité aux libres de couleur nés de père et mère libres, soit moins de 5% des intéressés.
Les blancs de Saint-Domingue refusent d'appliquer ce décret. Les libres se soulevent alors dans plusieurs endroits de l’Ouest et du Sud et remportent des victoires dès l'été. Dirigés par Jacques Beauvais et André Rigaud, les mulâtres prennent même la capitale Port-au-Prince, qui est en grande partie incendiée, en novembre 1791.
Les colons de Saint-Domingue considérèrent la convocation aux États généraux de 1789 comme une opportunité pour se défaire du système de l’Exclusif. Malgré le refus préalable du roi Louis XVI, ils réussissent à faire accepter six députés à l’Assemblée constituante. Sur place, ils poussent, en le menaçant, l’Intendant Barbé de Marbois à regagner la métropole. Puis, fin 1789, ils élisent des municipalités.
Mais, la Déclaration des Droits de l’Homme du 26 août 1789 leur apparaît dangereuse. D’autant que la Société des amis des Noirs, fondée à Paris le 19 février 1789 (qui compte entre autres membres Brissot, Mirabeau, Condorcet, La Fayette et l’abbé Grégoire) propose l’abolition progressive de l’esclavage et l’égalité immédiate des libres de couleur.
Dès le 20 août 1789 est créé à Paris le Club de l’hôtel Massiac, constitué principalement de planteurs de Saint-Domingue. Leur meilleur avocat est le député Barnave. Le 28 mars 1790, celui-ci réussit à faire voter un décret qui écarte les colonies du droit métropolitain et crée des assemblées coloniales ouvertes aux propriétaires. Sans l'exprimer, la Constituante confirme ainsi l'esclavage. Condorcet a ce commentaire : « Ajoutons un mot à l’article premier de la Déclaration des droits : Tous les hommes ’’blancs’’ naissent libres et égaux en droits ! »
Mais, les blancs de Saint-Domingue vont encore plus loin : Ils élisent, sans les libres de couleur, une assemblée qui se déclare supérieure au Gouverneur Général, entend remplacer les régiments royaux par une garde nationale locale et vote même le 28 mai 1790 une constitution. En juillet, elle décrète la liberté du commerce. Devant cette sédition, les autorités réagissent en s’alliant les libres. L’assemblée de planteurs est vite renversée. La revanche des blancs est sanglante : quelques mois plus tard, le colonel de Mauduit, qui a dispersé l’assemblée, est lynché par la foule.
Les libres commencent alors à réclamer l’égalité avec véhémence. Plusieurs sont massacrés par la population blanche. Notamment, le mulâtre Vincent Ogé, pourtant notable aisé, est condamné au supplice de la roue en février 1791 pour avoir manifesté en ayant pris les armes avec trois cents partisans.
L'Assemblée de Paris reste indécise quant au statut des libres de couleur. Après avoir confirmé l’esclavage en lui donnant statut constitutionnel le 13 mai 1791, elle accorde le 15 mai l’égalité aux libres de couleur nés de père et mère libres, soit moins de 5% des intéressés.
Les blancs de Saint-Domingue refusent d'appliquer ce décret. Les libres se soulevent alors dans plusieurs endroits de l’Ouest et du Sud et remportent des victoires dès l'été. Dirigés par Jacques Beauvais et André Rigaud, les mulâtres prennent même la capitale Port-au-Prince, qui est en grande partie incendiée, en novembre 1791.
En représailles, Napoléon Bonaparte, qui signe avec l'Angleterre les préliminaires de la paix d'Amiens le 18 octobre 1801, charge une expédition militaire de vingt mille hommes à bord de quatre-vingt-six vaisseaux, menée par son beau-frère le général Leclerc, de reprendre le contrôle de l'île.
Toussaint arrête une stratégie de défense de marronnage : Devant l'arrivée des Français, en février 1802, les villes sont incendiées et ses troupes se retirent sur les hauteurs pour pratiquer une guerre d'usure. Les Français investissent le plus souvent des villes en ruines, comme le Cap. Les noirs résistent, mais reculent devant la puissance de l'armée de Leclerc. À la fin avril, au prix de cinq mille morts et autant de malades ou blessés, les Français tiennent toute la côte.
Leclerc offre la liberté à Toussaint et l'intégration de ses hommes dans l'armée française en échange de sa reddition. Toussaint accepte. Mais, un mois plus tard, le 7 juin 1802, trompé par de fausses garanties, il est fait prisonnier. Il aurait dit en embarquant : "En me renversant, on n'a abattu que le tronc de l'arbre de la liberté des Noirs. Il repoussera par les racines, car elles sont profondes et nombreuses." Enfermé au Fort de Joux, dans le Jura, il y meurt le 7 avril 1803.
Les vingt mille soldats de Toussaint restent un temps fidèles à Leclerc. Mais ce dernier ordonne le désarmement général de la population et fait procéder à des exécutions sommaires pour y parvenir. Il rétablit l'esclavage dans l'Est de l'île, anciennement espagnole, en juillet 1802.
En octobre 1802, les troupes ralliées aux Français font défection, sous la conduite des anciens lieutenants de Toussaint, dont Pétion, Christophe et Dessalines. Par des attaques multiples, plusieurs villes sont reprises dans le mois. Les troupes françaises, frappées par les maladies tropicales, résistent mal. Leclerc décède de la fièvre jaune le 1er novembre.
Le général Rochambeau lui succède. Energique, connaissant Saint-Domingue pour y avoir fait campagne en 1792, il reprend quelques villes, mais pas l'intérieur du pays. Sa cruauté est telle qu'elle a pour effet d'amplifier la résistance.
Jean-Jacques Dessalines fédéra la rébellion et lui donne une ambition de guerre d'indépendance. Le 18 mai 1803, le blanc du drapeau français est déchiré pour créer le drapeau de l'armée indigène bleu et rouge. Il symbolise l'alliance des noirs et des mulâtres, séparés des blancs. D'août à octobre, les villes sont reprises. Les Français ne détiennent plus guère que le Cap. La défaite finale a lieu à la bataille de Vertières le 18 novembre 1803.
Le 1er janvier 1804, Dessalines déclare l'indépendance du pays qu'il baptise de son nom indien. Haïti devint ainsi la première république noire du monde.
Le bilan de l'expédition de Saint-Domingue est particulièrement lourd en vies humaines. À la veille de la révolution, la population de l'île comptait environ 550 000 âmes. En 1804, elle est réduite à 300 000.
Il faudra, attendre 1825 pour que la France de Charles X « concède » l'indépendance à Haïti, moyennant le paiement d'une indemnité de 150 millions de francs or pour « dédommager les anciens colons ». Renégociée en 1838 à 90 millions, cette dette d'indépendance fut entièrement honorée par versements successifs jusqu'en 1883. Certains historiens identitaires caribéens affirment que cette dette a rendu Haïti la nation la plus sous-développée d'Amérique.
L'indépendance d'Haïti a marqué la fin du colonialisme, mais a installé au pouvoir l'élite de l'armée haïtienne, surtout constituée d'anciens affranchis. Cette élite se divisera bientôt en deux factions : les défenseurs d'Alexandre Pétion, principalement mulâtres, et ceux d'Henri Christophe, largement noirs. Ces deux factions, constituant une classe citadine occidentalisée, se disputeront le pouvoir tout au long du siècle, sans laisser de véritable place aux descendants des esclaves à culture rurale et vaudoue, relégués dans ce que le sociologue Gérard Barthélemy appelle le pays en dehors.
Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
La bataille de Vertières, le 18 novembre 1803
oppose les troupes françaises expédiées par Bonaparte et les esclaves insurgés de Saint-Domingue. Napoléon avait l'intention de mater la rébellion des esclaves, de reconquérir les ville tombées aux mains des rebelles et de rétablir l'esclavage sur l'île, le général de Rochambeau est donc chargé de cette tâche. La bataille se déroule à Vertières dans le nord du pays près du Cap-Français, l'actuel Cap-Haïtien.
La surprenante résistance et la victoire finale des rebelles menés par Jean-Jacques Dessalines, obligent Rochambeau à capituler.
L'île est proclamée indépendante de la France le 1er janvier 1804 aux Gonaïves, Haïti devient alors la première république Noire au monde.
La France reste encore dubitative concernant cette émancipation, en 1826 Charles X réclame une indemnité de 150 millions de francs or à la jeune république pour que la France reconnaissse l'indépendance d'Haïti. Cette dette sera allégée en 1838 à 90 millions de francs et sera complètement versée à la France.
Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
La Amistad est le nom d'une goélette à deux mâts du XIXe siècle. Fabriquée aux États-Unis, elle porta d'abord le nom de Friendship avant d'être renommée lors de son rachat par un Espagnol. La Amistad est devenu un symbole du mouvement pour l'abolition de l'esclavage après la mutinerie d'un groupe d'esclaves africains transportés à bord en 1839
Le 2 juillet 1839, un groupe d'Africains est mené par Joseph Cinqué abord du navire La Amistad dans une révolte face à leur geoliers. Leur transport d'Afrique vers l'Amérique était illégal et pour cela, les africains ont frauduleusement été déclarés nés a Cuba. Après leur révolte, les Africains demandèrent à retourner chez eux mais le capitaine les trompa sur leur destination et les mêna vers le nord, le long de la cote nord américaine vers Long Island à New York. Les Africains furent pris par le Connecticut et puis vendus comme esclaves. La goelette fut substantiellement prise la par la navy des Etats Unis . Il y eut ensuite un procès sur le navire et sur le statut des Africains captifs. Cet incident fait parti des prémices de l'abolitionisme aux Etats Unis.
Au sens le plus strict, La Amistad n'était pas un navire d'esclaves parce qu'elle n'était pas aménagée pour transporter des esclaves bien qu'elle s'engagea dans la trade du milieu de passer d'Afrique en Amérique. La Amistad était engagée dans un simple commerce cotier. La première cargaison transporté par La Amistad était du sucre produit industriellement, et sa route normale était de La Havane à son port d'attache Guanaja. Elle transportait parfois des passagers et plus rarement des esclaves. Les captifs que transportaient La Amistad durant l'incident avait été amenés illégalement à Cuba par le navire esclave Tecora.
Les vrais navires esclaves comme le Tecora était utilisés pour transporter le plus d'esclaves possibles. Une de leurs caractéristiques de construction était la demi hauteur entre les ponts obligeant les esclaves en chaines à rester en position allongée ou assise. La hauteur n'était pas suffisante pour rester debout ce qui n'était pas souhaitable pour un navire. L'équipage de la Amistad manquait de place pour les esclaves. 53 captifs furent placés dans la calle et l'autre moitié sur le pont. Les captifs étaient relativement libres de bouger et cette liberté de mouvement leur a permis de mêner leur révolte et de prendre la commande du vaisseau.
Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
Yasuke (彌介), aussi connu sous les noms de Kurusan Yasuke ou Kuru-suke, était un esclave africain qui a vécu au XVIe siècle et serait, selon certaines sources, devenu samouraï au Japon. On sait peu de choses à propos de sa vie, et la principale source le concernant est l'Histoire du Japon écrite par le missionnaire jésuite Luís Fróis.
Yasuke naît dans le royaume des Bakongo, probablement dans les années 1530 ou 1540. Bakongo (dans l'actuel Congo) fait à l'époque un commerce extensif avec les Portugais. Le futur Yasuke est capturé ou vendu comme esclave et finit comme propriété des Jésuites, dont il accompagne l'expédition au Japon. C'est là qu'il rencontre Nobunaga Oda en 1569. Le dirigeant japonais est fasciné par le premier Africain qu'il ait jamais vu. Voyant là une occasion de l'impressionner, le chef des Jésuites, le père Organtin, lui offre l'homme en cadeau.
Les Japonais n'avaient encore jamais vu quelqu'un à la peau si sombre auparavant, et Nobunaga donne l'ordre de lui faire prendre un bain pour vérifier que c'est bien sa couleur de peau naturelle. Il nourrit bientôt une grande affection pour cet homme et lui donne le nom de Yasuke. Le surnom qu'on donne le plus fréquemment à l'Africain est Kuru-san (de Kuru, noir : Kuru-san peut se traduire par « M le Noir ».) Nobunaga est impressionné par l'intelligence de Yasuke, ses facilités pour les langues et sa force physique. Il est aussi fasciné par tout ce qui est exotique et fait de l'esclave une exposition permanente à la cour.
Les sources varient sur la vie ultérieure de Yasuke. Elles s'accordent sur le fait que Nobunaga le libère et lui donne une position officielle, voire le rang de samouraï. Il épouse également une femme japonaise. Elles sont en revanche en désaccord sur le fait qu'il soit devenu garde du corps, conseiller, ou une simple curiosité de cour. Quand Nobunaga est assassiné en 1582, la plupart des sources disent que Yasuke fait partie de ses défenseurs. Son destin final est incertain. Certains disent qu'il meurt en tentant de défendre son seigneur, d'autres qu'il meurt de maladie, d'autres encore qu'il retourne parmi les Jésuites.