Publié le 24/08/2007 à 12:00 par feobus
Des activités étaient prévues à Port-au-Prince, ce 23 août 2007, pour commémorer la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition
Une conférence-débat autour du thème « La traite de personnes : hier et aujourd’hui » était annoncée par le Groupe d’appui aux réfugiés et rapatriés (Garr) où universitaires, militants de droits humains, entre autres, étaient attendus.
Les responsables du Garr organisaient cette activité pour faire ressortir l’importance de la journée du 23 août, sensibiliser la jeunesse haïtienne sur le rôle qu’a joué Haïti dans la lutte contre l’esclavage et également, attirer l’attention sur les nouvelles formes d’esclavage contemporain. De son côté, le secrétariat permanent de la commission nationale haïtienne de coopération avec l’Unesco (Cnhcu) souligne l’importance de cette journée pour les Haïtiens qui rappelle la victoire des Noirs sur l’esclavage et la colonisation.
Le Cnhcu exhorte les médias nationaux à engager des réflexions sur la traite négrière et ses séquelles, sur la promotion de l’identité collective par l’appropriation des données positives du passé.
Aux stations de télévision, le secrétariat permanent de cette commission de l’Unesco conseille la diffusion de films et documentaires consacrés à cette thématique, dont Amistad, Toussaint Louverture (TV5), Roots (Racines), Rue Case Nègres, Cry Freedom, Quemada, Les Anneaux de la mémoire. Le Cnhcu espère que la presse accordera une grande priorité à ces ressources pour sensibiliser les citoyens sur la portée universelle de la révolte des esclaves, dans la nuit du 22 au 23 août 1791 dans la colonie française de Saint Domingue et sur la nécessité de construire le présent et l’avenir.
En quelques jours, toutes les plantations du Nord furent réduites en flammes et un millier de blancs, massacrés. Les bandes d’esclaves poursuivirent leur mouvement durant 13 ans jusqu’à la proclamation de l’Indépendance d’Haiti, le 1er janvier 1804. En mémoire de cette révolte, l’Unesco avait décidé, en 1997, de consacrer la journée du 23 août à la commémoration de ce grand évènement pour "susciter la réflexion sur un passé tragique certes lointain mais dont les séquelles continuent à nourrir les injustices et les exclusions d’aujourd’hui".
Cette réflexion sur la barbarie que nos sociétés sont capables de déployer en toute bonne conscience est d’autant plus nécessaire, voire salutaire ; des millions d’hommes, de femmes et d’enfants subissant encore aujourd’hui l’horreur des nouvelles formes d’esclavage", estime Koïchiro Matsuura, directeur général de l’Unesco.
C’est en cela, souligne le principal responsable de cette structure onusienne, que la mémoire des tragédies du passé peut nous éclairer sur les drames actuels de l’exploitation et de la déshumanisation.
Matsuura rappelle que l’année 2007 marque le bicentenaire du vote par le Parlement du Royaume-Uni de la loi qui abolissait, en 1807, la traite négrière dans les colonies britanniques. Le directeur général de l’Unesco informe que tout au long de cette année au Royaume-Uni et dans divers pays du Commonwealth, des initiatives et actions sont organisées afin de créer les conditions d’une plus grande prise de conscience de l’impact de la traite négrière dans les transformations du monde.
Parmi ces événements, Koïchiro Matsuura souligne, la cérémonie de commémoration du 25 mars 2007 à l’Assemblée générale des Nations Unies ; l’instauration d’une journée de commémoration de l’esclavage par la Mairie de Londres, l’ouverture d’un Musée national et d’un Centre pour la compréhension de la traite transatlantique à Liverpool, le lancement du projet « Joseph » par le Ghana.
De nouvelles découvertes scientifiques dans de nouveaux domaines jusque-là peu explorés relancent également le projet "La route de l’esclave".Les actions menées dans le cadre de ce bicentenaire sont aussi diverses que les circuits de la traite négrière et situations d’esclavage, précise-t-il. Matsuura indique qu’ "en posant clairement les enjeux éthiques et politiques de cette question, en mettant l’accent sur une approche scientifique multidisciplinaire et en privilégiant une vision holistique de cette tragédie, le projet "La route de l’esclave" a pu avoir un impact significatif tant au niveau international que local".
grioo
Publié le 23/08/2007 à 12:00 par feobus
Le noir et le langage
Le problème que nous envisageons dans ce chapitre est le suivant: le noir antillais sera d'autant plus blanc, c'est-à-dire se rapprochera d'autant plus du véritable homme, qu'il aura fait sienne la langue française.
Nous n'ignorons pas que c'est là l'une des attitudes de l'homme en face de l'Etre. Un homme qui possède le langage possède par contre le monde exprimé et impliqué par ce langage. On voit où nous voulons en venir: il y a dans la possession du langage une extraordinaire puissance. Paul Valéry le savait qui faisait du langage "le dieu dans sa chair égaré".
Dans l'ouvrage en préparation, nous nous proposons d'étudier ce phénomène.
Pour l'instant, nous voudrions montrer pourquoi le noir antillais quel qu'il soit, a toujours à se situer en face du langage. Davantage, nous élargissons le secteur de notre description, et par-delà l'antillais, nous visons tout homme colonisé.
Tout peuple colonisé -c'est-à-dire tout peuple au sein duquel a pris naissance un complexe d'infériorité, du fait de la mise au tombeau de l'originalité culturelle locale- se situe vis-à-vis du langage de la nation civilisatrice, c'est-à-dire de la culture métropolitaine. Le colonisé se sera d'autant plus échappé de sa brousse qu'il aura fait siennes les valeurs culturelles de la métropole. Il sera d'autant plus blanc qu'il aura rejeté sa noirceur, sa brousse. Dans l'armée coloniale, et plus spécialement dans les régiments de tirailleurs sénégalais, les officiers indigènes sont avant tout les interprètes. Ils servent à transmettre à leurs congénères les ordres du maître, et ils jouissent eux aussi d'une certaine honorabilité.
La bourgeoisie aux Antilles n'emploie pas le créole, sauf dans ses rapports avec les domestiques. A l'école, le jeune martiniquais apprend à mépriser le patois. On parle de créolismes. Certaines familles interdisent l'usage du créole et les mamans traitent leurs enfants de "tibandes" quand ils l'emploient.
"Ma mère voulant un fils memorandum
Si votre leçon d'histoire n'est pas sue
vous n'irez pas à la messe dimanche
avec vos effets du dimanche
Cet enfant sera la honte de notre nom
cet enfant sera notre nom de dieu
taisez-vous, vous ai-je dit qu'il vous fallait parler français
le français de France
le français du français
le français français"
Oui, il faut que je surveille mon élocution, car c'est un peu à travers elle qu'on me jugera...On dira de moi, avec beaucoup de mépris: il ne sait même pas parler français...
Dans un groupe de jeunes antillais, celui qui s'exprime bien, qui possède la maîtrise de la langue, est excessivement craint; il faut faire attention à lui, c'est un quasi-blanc. En France, on dit parler comme un livre. En Martinique: parler comme un blanc.
Le noir entrant en France va réagir contre le mythe du martiniquais qui mange-les-R. Il va s'en saisir, et véritablement entrera en conflit ouvert avec lui. Il s'appliquera non seulement à rouler les R, mais à les ourler. Epiant les moindres réactions des autres, s'écoutant parler, se méfiant de la langue, organe malheureusement paresseux, il s'enfermera dans sa chambre et lira des heures, s'acharnant à se faire une diction.
Dernièrement, un camarade nous racontait une histoire. Un martiniquais arrivant au Havre entre dans un café. Avec une parfaite assurance, il lance: "Garrrçon, un vè de biè". Nous assistons là à une véritable intoxication. Soucieux de ne pas répondre à l'image du nègre-mangeant-les-R, il en avait fait une bonne provision, mais n'a pas su répartir son effort.
Frantz Fanon: Peau noire, masques blancs 1952
FICHE DE LECTURE METHODIQUE PROPOSEE PAR UN ELEVE
Le noir et la langage in Peau noire masques blancs, Frantz fanon
1/ Contexte historique et littéraire
Décédé à New-York, à l'âge de 36 ans, Frantz Fanon d'origine martiniquaise reste l'emblème des philosophes en lutte contre le colonialisme. Son nom est associé à la révolution algérienne. Il a fondé à Tunis en 1957 l'anticolonialisme avec des données sociologiques et psychologiques. C'est pourquoi il invite ses frères de couleur à se méfier des mythes et images de la Négritude défendue par Césaire, Damas et Senghor. Ce qui importe c'est le combat pour l'indépendance politique. Il a laissé à la postérité 3 livres-clefs. Dans le premier, c'est surtout en médecin et sociologue qu'il parle: Peau noire masques blancs paru en 1952: dans les 2 autres, c'est plutôt le militant, l'idéologue qui s'exprime dans Les damnés de la terre (1961- année de son décès) et Pour la révolution Africaine (œuvre posthume de 1969).
Dans Peau noire masques blancs, il se propose d'étudier les complexes ressentis par les noirs antillais ayant subi une soumission plus ou moins consciente à la culture blanche, européenne, française. Ce livre lui a aussitôt assuré une notoriété en France et aux Antilles. Il y dénonce, avec talent et humour, les tentatives inespérées de ses frères noirs pour se blanchir, se "lactifier", se conformer aux modes et coutumes de l'univers des blancs imposé comme un monde supérieur.
Dans cet extrait, c'est au combat pour sauvegarder, par le langage, l'identité noire que se livre F.Fanon. Il reconnaît le pouvoir des verbes et des valeurs qu'il véhicule = vaste entreprise d'asservissement subtil du néo-colonialisme dénoncé avec vigueur par le philosophe apôtre de l'indépendance africaine et du peuple noir.
Nature et composition
C'est une réflexion philosophique qui pose clairement le problème du langage dans un peuple colonisé, réflexion linguistique et psychologique qui n'exclut pas l'humour, ni la référence littéraire au poème de la négritude: Hoquet de Damas. L'anecdote finale ressemble d'ailleurs à une de ces histoires drôles à tonalité xénophobe visant tour à tour les noirs, les belges, les suisses...
Néanmoins le problème posé est grave pour apprécier et comprendre l'image du nègre dans la littérature et dans la vie quotidienne (à Paris ou aux Antilles).
L'antillais nourrit-il un complexe à l'égard de la langue française? Epouse-t-il la culture européenne en adoptant son langage? Le problème de la langue est un symptôme du problème plus général de l'aliénation, de l'assimilation d'un peuple dominé.
La réflexion commence par une définition de la puissance absolue du verbe à partir de la formule de Paul Valéry, elle se poursuit par une analyse sociologique de l'attitude de l'homme colonisé face à la langue du colon, ici le français.
Fanon en profite pour esquisser une satire de la bourgeoisie antillaise face à l'usage du créole. Elle s'achève par une anecdote drôle et révélatrice du complexe éprouvé par l'antillais débarquant en France et soucieux de dissimuler son accent ( = signe extérieur de sa peau noire!) par un masque d'une articulation "à la parisienne".
Méthode de lecture (nous retiendrons le mouvement de ce texte en nous intéressant aux formes de lactification dénoncées par Fanon).
* L'homme colonisé face à la langue du colon
C'est une longue phrase affirmative au présent qui commence la réflexion de Fanon: "tout peuple colonisé....".
Il part d'un constat, d'une situation indéniable: le rapport dominant (Europe, civilisation blanche) et dominé (la race noire déportée d'Afrique vers les colonies d'Amérique) installe forcément un complexe d'infériorité dont le symptôme, pour employer le vocabulaire médical cher à la formation scientifique de Fanon, est son aliénation linguistique: respect abusif pour le langage du colon et par conséquent: "mise au tombeau" = expression forte ( = mise en sommeil) de la spécificité culturelle de tout un peuple et de ses traditions.
Les images sont très fortes comme s'il s'agissait d'une extermination: les forces coloniales veulent effacer à tout jamais les racines culturelles africaines de l'homme noir et lui créer par la force une autre personnalité avec un autre langage (cf le nègre de Surinam parle spontanément le hollandais!). L'expression "échappé de la brousse" est évidemment ironique. Elle s'inspire de l'image conventionnelle du nègre vivant en pleine nature dans une condition de vie proche de celle de l'animal (Tirolien et Senghor avaient aussi dénoncé cette caricature de l'homme africain telle que la présentent la littérature et le cinéma européen des années 30 à 60.)
Fanon se révèle fin linguiste puisqu'il montre qu'adopter une langue, c'est penser dans cette langue et donc accepter ses valeurs. Il fait référence à l'emploi d'interprète joué par les officiers de l'armée sénégalaise sachant parler le français. La maîtrise de la langue devient un mode de promotion sociale, permet une discrimination au sein d'un peuple. Il y a les dominants blancs (maîtres), les semi-dominants (noirs cultivés) et les dominés (peuple noir soumis aux ordres). René Maran dans Batouala dénoncera l'attitude supérieure des fonctionnaires blancs ou noirs en service dans les colonies d'Afrique profitant de leur supériorité culturelle et sociale pour mieux asservir le peuple souvent analphabète.
* La bourgeoisie antillaise et le créole
Fanon cite le guyanais Damas pour illustrer la dévotion que la classe bourgeoise des Antilles manifeste à l'égard du français de France! = sorte de mot magique qui ouvre les voies de la réussite sociale. Le mot "patois" désigne un parler, un idiome populaire, rural, spécifique à une région et souvent cible de raillerie (cf le patois picard des paysans de Molière dans Dom Juan). Il est donc dépréciatif, dévalorisant, péjoratif pour le créole qui se veut une langue (celle des Seychelles, d'Haïti, de la Dominique...) formée à partir des mots d'origine diverse (espagnol, vieux-français, portugais...)Mais elle n'est pas reconnue comme langue par la bourgeoisie antillaise qui la réprime au profit du français = langue noble ou anoblissante qui permet le respect, la dignité, l'admiration...tandis que l'usage du créole déclasse ("mépris, honte, tibandes"...).
Fanon s'intéresse de plus près à l'élocution et notamment à l'articulation de la consonne R souvent réduite au (w) dans les habitudes orales de l'homme noir. Il nous fait vivre les efforts de ses frères martiniquais pour ourler les R (= langage de la couture pour retenir le tissu par un ourlet), rude apprentissage pour gommer ce que Mme Damas dans Hoquet aurait appelé une tare des nègres. Là encore il use des automatismes de langage: la composition traditionnelle: "parler comme un livre" ( = bien parler!) devient parler comme un blanc ( = sorte "d'étalon" linguistique et culturel par rapport auquel on se situe) et la langue paresseuse (rappel du cliché culturel véhiculé par la culture européenne: paresseux comme un nègre; mais aussi travailler comme un nègre) = idées reçues que Fanon veut démystifier en les nommant, en les analysant de manière critique dans Peau noire masques blancs .
Les dernières lignes reprennent une blague assez connue sur l'arrivée en Métropole d'un noir qui ne réussit pas à dissimuler, dans son élocution, le caractère spontané de son articulation. Le masque blanc s'effrite dès le premier verre de bière ...le naturel revient au galop!
Conclusion
1/ Intérêt linguistique: F.Fanon analyse le langage et sa portée. On ne peut se soumette à une langue sans en accepter les valeurs et les colons le savaient bien en débaptisant les esclaves d'Afrique et en condamnant par substitution, leur dialecte d'origine. Priver un homme de sa langue, c'est le priver de sa culture, de son identité...
2/ Intérêt sociologique: Analyse intéressante du rapport dominant-dominé au sein d'une société coloniale à partir du simple regard critique sur le langage (caractère insidieux de la déculturation subie par les africains des colonies).
Publié le 23/08/2007 à 12:00 par feobus
La firme Intel, le plus grand fabricant de microprocesseurs du monde a été forcée de s’excuser après la diffusion d’une affiche publicitaire, jugée dans le meilleur des cas de mauvais goût, et dans le pire à connotation fortement raciste.
L’affiche montrait six sprinters noirs accroupis en position de départ, qui se tenaient de part et d’autre d’un homme blanc vêtu d’une chemise et d’un pantalon kaki.
Dans une déclaration sur le site Internet d'Intel, le responsable du marketing de la firme a déclaré : "nous avons fait une grave erreur, Je sais pourquoi et comment, mais ça ne nous excuse pas pour autant".
"La publicité avait pour objectif de montrer que les capacités de nos processeurs par un certain nombre de métaphores visuelles" a écrit Don Mc Donald, directeur du marketing mondial d'Intel. "Malheureusement, cette publicité utilisant des sprinters afro-américains n’a pas transmis le message que nous voulions réellement faire passer, n'a pas tenu compte de l'environnement culturel et s'est révélée insultante".
Gizmodo, un blog technologique, a été parmi les premiers à relever l’étrange connotation qu’avait la publicité, qui montrait six noirs accroupis aux pieds d’un Blanc bcbg qui semblait être le patron. "Une publicité nulle, qui fait du racisme subliminal ou une publicité entièrement nulle ? A vous de juger" disait le blog.
Un autre site d’information en technologie,The register, notait que "la publicité comportait des sous-entendus sinistres". Intel indiquait avoir empêché la publicité de sortir dans des centaines de publications, mais n’a pas pu empêcher la parution dans deux publications qui étaient déjà livrées. La firme a indiqué avoir identifié des actions spécifiques qu’elle mettra en place dans le processus de revue de ses publicités, sur lesquelles elle s'appuiera pour éviter des incidents similaires dans le futur.
Elle a aussi indiqué qu'elle compterait sur "le bon sens" pour éviter de telles erreurs à l'avenir. Un bon sens qui s'est révélé totalement défaillant dans le cas présent. Il ne fallait en effet pas être un génie du marketing pour comprendre que l'affiche avait des connotations racistes pour la population afro-américaine, dans un pays où la ségrégation raciale a disparu il y a à peine une cinquantaine d'années.
grioo
Publié le 23/08/2007 à 12:00 par feobus
Grioo.com : Votre quatrième roman, "le collier de paille" vient d’être publié aux Editions Ndze. Pourtant et paradoxalement, l’écriture n’est pas votre métier. Comment êtes vous venue à l’écriture ? et comment faites vous pour concilier l’écriture et votre emploi de cadre d’entreprise ?
Khadi Hane : Je suis arrivée à l’écriture par hasard après un coup de gueule. Je venais d’être diplômée et je recherchais un emploi à Paris ; je me suis retrouvée confrontée au racisme qui veut que les employeurs rejettent ma candidature à chaque fois que j’y joignais ma photo. Mon 1er roman, Sous le regard des étoiles…, est basé sur cette expérience malheureuse, il n’était pas destiné à la publication mais un ami m’a convaincue de le faire. La passion d’écrire est arrivée par la suite.
C’est vrai, jusque là, l’écriture n’était pas mon métier, toutefois depuis peu; je m’y consacre de plus en plus car la promotion d’un livre prend beaucoup de temps. Je viens de quitter mon emploi pour me consacrer à des activités associatives, ce qui me laisse le temps de concilier écriture et emploi salarié.
Le collier de paille aborde notamment le thème de l’adultère en milieu africain. Pourquoi avoir choisi d’aborder ce thème ?
Ce serait réducteur de dire que le thème principal est l’adultère. En réalité, l’adultère est un prétexte pour affronter le modernisme dakarois calqué sur des modèles européens avec la tradition pure de nos sociétés. Ce que j’ai voulu faire, c’est confronter un paysan brut (j’entends par là analphabète en français, donc vierge de toute influence extérieure) avec une dakaroise instruite dite moderne (lavage de cerveau) et essayer de voir lequel des deux prévaut. Nous avons tendance à nous croire supérieurs à ceux qui n’ont jamais été à l’école ; pourtant, ceux-là mêmes nous rejettent parce que nous ne reflétons plus les réalités de notre société. La consommation de cet amour représente aussi la purification de l’héroïne vers le retour à son identité réelle.
L’héroïne de votre roman est mariée à un homme que bien des femmes qualifieraient de parfait, elle est choyée par sa mère...Elle a tout pour être heureuse et sa vie est tragique. Pourquoi lui avoir donné ce destin et comment faut-il interpréter ce qui lui arrive?
Dire que l’héroïne est heureuse avec son mari, ses parents est un peu simpliste ; en réalité on est heureux par rapport aux critères de définition du bonheur dont on dispose. Elle se croyait heureuse jusqu’à ce qu’elle découvre une autre forme de bonheur plus concret dans le village où elle est envoyée en mission. Elle se remet en cause dès l’instant où elle frôle le souffle d’un être plus authentique. Elle se compare à ses femmes, elle remet en cause ce bonheur basé sur un confort matériel dont elle a toujours joui. Est-ce cela le bonheur ? N’est il pas plus éclatant d’être heureux dans son moule originel ?
Vous avez présenté votre roman à Dakar. Quel accueil avez vous reçu du public et des critiques ?
J’ai été étonnée des titres des journaux qui ont présenté mon roman : "le collier de paille ou l’adultère en milieu musulman". Heureusement, après les débats organisés avec mon éditeur, nous avons réussi à remettre le collier de paille dans un contexte plus approprié.
Le public a jugé lé roman avant de le lire, ceci à cause d’un article paru dans Sud Quotidien. Bien sûr, l’auteure (moi-même) y était lynchée avant d’être entendue. En fait, nous avons pu expliquer et ramener la réalité du livre, ce qui nous a permis d’être accueillis favorablement par les lecteurs. Nous avons été en rupture de stock dès la première semaine de notre séjour à Dakar, il a fallu un approvisionnement supplémentaire pour que les librairies Clairafrique et Les quatre vents puissent faire face à la demande.
Si vous deviez vous comparer à un autre ecrivain, africain ou non africain, de qui votre style se rapprocherait t-il le plus ?
Je me sens très proche de Stenbeck, notamment quand j’ai lu les raisins de la colère. C'est cette dernière qui guide et alimente mon écriture. Je suis en colère contre ce que je vis en tant que Noire et aussi contre ce que les dirigeants noirs me réservent pour mon présent et mon avenir.
Etes vous héritière d’une certaine tradition littéraire sénégalaise au travers d’écrivains comme Mariama Bâ, Ken Bugul , Aminata Sow Fall...?
Je pourrais être flattée d’être comparée à ces écriavaines sénégalaises qui ont toutes apporté une contribution considérable à la reconnaissance de la femme sénégalaise en tant que créatrice. Toutefois, je n’ai aucun lien de style ou de revendication avec elles. Je suis sûre que seul le lecteur pourra trouver une similitude ou un semblant de convergence entre nous. Je ne me revendique d’aucune de ces créatrices qui, bien sûr, ont bercé ma jeunesse littéraire.
Comment analysez vous la place des écrivains féminins dans la littérature africaine d’aujourd’hui ? les femmes sont-elles bien représentées en littérature ou leur présence doit-elle encore être renforcée ?
Il faut dire qu’il y a peu de femmes africaines qui écrivent comparées au nombre exorbitant d’hommes ; pourtant, les femmes écrivent de plus en plus. En tout cas, c’est ce que disent les éditeurs. Bien sûr que leur présence doit être renforcée car les femmes disent mieux ce qu’elles vivent. Aujourd’hui, il est important que les femmes africaines puissent parler de leur situation en tant que femmes et œuvrer dans le sens de la revendication de leur bien être et pourquoi pas remettre de l’ordre dans les déclarations de ceux ou celles qui atteignent leur dignité de femmes dans des déclarations purement commerciales.
Plus généralement, comment voyez-vous le rôle et la place de la femme dans la société africaine d’aujourd’hui ?
Elle reste la même. Contrairement à ce qu’on croit, le femme africaine a toujours eu un rôle prépondérant dans la gestion de sa famille. Nos sociétés sont matriarcales même si certains y voient une soumission extrême de la femme africaine à son mari. C’est plutôt les sociétés dites modernes qui emprisonnent la femme à un rôle secondaire qui n’a rien à voir avec l’Afrique. Je ne suis pas féministe dans le sens européen. Aujourd’hui, je préfère être femme africaine plutôt que de m’engager dans des combats d’émancipation qui ne me reconnaissent que le droit de m’insurger contre les injustes occidentales. Ceci est un combat qui n’a rien à voir avec la femme africaine.
Votre roman est-il reçu de la même façon par les hommes et par les femmes ?
Je crois que oui, puisque aucun débat n’a été initié par les uns ou les autres pour revendiquer un droit ou un devoir acquis. Toutefois, une journaliste de Sud Quotidien m’a avoué avoir écrit sur le roman parce qu’il dénonce la condition des femmes. C’est ce que je disais plus haut, chaque lecteur s’approprie le roman et en fait ce qu’il veut. Ai-je le droit de leur dire que ce n’est pas ce qu’ils ont compris que je voulais écrire ? Dès l’instant où il est édité, le roman ne m’appartient plus.
Quels livres avez vous lu récemment ?
J’ai lu "Oui, mon commandant" de Amadou Hampaté Ba, "Les aventures de Leuk le lièvre" de Senghor et A. Sadji qui m’ont replongée dans mon enfance.
Je lis très peu en ce moment car je suis en train d’apporter une dernière touche à mon prochain roman ; j’ai peur d’être influencée par une belle phrase, une belle tournure et pourquoi pas un paragraphe en entier. Evitons les plagiats.
Si de jeunes africaines veulent suivre vos traces en devenant écrivain, quels conseils leur donneriez-vous ?
Ecrivez ce que vous ressentez, armez vous de patience car éditer un premier roman est très long. Surtout, ne désespérez pas car si vous avez quelque chose à dire, il y a sûrement quelqu’un prêt à vous écouter. Alors persévérez.
grioo
Publié le 23/08/2007 à 12:00 par feobus
En Afrique centrale, l’activité conteneurs est un business très profitable qui suscite l’appétit de nombreux groupes étrangers. Plusieurs sociétés internationales se partagent - âprement – ce gâteau.
Le Français Bolloré, historiquement présent sur le continent depuis des décennies gère cette activité dans la plupart des grands ports africains comme Abidjan, Dakar ou Douala.
Mais un nouveau venu pointe le bout de son nez avec comme ambition affichée de concurrencer, voir de détrôner le prince du cash flow, alias Vincent Bolloré, patron du groupe éponyme. Cet arrivant sur cette chasse gardée s’appelle Progosa et il est espagnol ; légalement du moins puisque son patron est un Français, Jacques Dupuydauby (photo).
Progosa a démarré timidement ses activités conteneurs au port de Lomé au Togo, il y a environ cinq ans en partenariat avec le groupe Bolloré. Depuis, les relations entre les deux associés se sont détériorées; le premier accusant le second de l’avoir volé et réciproquement.
Progosa est parvenu à faire de la modeste plate-forme portuaire togolaise un business florissant, conséquence, notamment, de la baisse d’activité au port d’Abidjan en raison du conflit en Côte d’Ivoire. Mais l’explication de cet insolent succès repose également sur des investissements qui permettent d’assurer une plus grande rapidité de manutention ; donc de profitabilité. Et surtout, l’absence de concurrence réelle a largement facilité l’expansion.
Désormais, l’entreprise dirigée par Jacques Dupuydauby espère profiter du succès togolais pour étendre ses activités ailleurs en Afrique.
Pas évident dans un métier où les concessions sont tenues par de grands groupes.
Mais la société espagnole ne désespère pas un jour de prendre la place de Bolloré dans les principaux ports africains. Doucement mais sûrement, elle tisse sa toile en Afrique. Dakar, Ouagadougou et maintenant Douala au Cameroun.
Le groupe de mautention vient d’y ouvrir une filiale dédiée à la logistique en Afrique centrale dénommée “Progosa Logistic Cameroun”,
Le gouvernement camerounais vient de donner mandat à Progosa pour " étudier l'aménagement à Belabo d'un port sec permettant de relayer les flux de marchandises de et vers Douala.
Mais ce dont rêve Jacques Dupuy Dauby, le patron de Progosa, c’est obtenir la concession du terminal à conteneurs du Port de Douala.
L’appel d’offre lancé il y a trois ans s’est déroulé dans des conditions douteuses, affirme M. Dupuy Dauby qui parie sur une annulation du contrat
cite-u
Publié le 23/08/2007 à 12:00 par feobus
Les Noirs discriminés dans la mode selon Naomi Campbell. Le mannequin britannique plutôt connu pour ses frasques et son caractère affirmé, s’exprime cette fois sur un sujet des plus sérieux. Elle critique en effet l'édition britannique de "Vogue", le magazine le plus influent du monde de la mode.
Naomi Campbell déclare qu’elle apparaît rarement dans les premières pages du magazine et qu'elle fait moins de couvertures :
"Seuls des mannequins blancs, qui pour la plupart ne sont pas aussi renommées que moi apparaissent dans les premières pages. Je ne veux pas quitter le mannequinat sans que les mannequins noirs aient la même renommée, et la même reconnaissance par les médias du monde, et les outils d’information. Il y a un préjudice. C’est un problème sur lequel je ne peux plus passer sous silence en le mettant sous le tapis. Ce business consiste à vendre, et les filles blondes aux yeux bleues sont ce qui se vend" a encore ajouté Naomi Campbell.
Naomi Campbell, 37 ans, déclare également que les agences de mannequinat laissent fréquemment de côtés les Noirs : "Les mannequins noirs sont mises de côté par les agences de mannequinat. C’est triste que les gens n’apprécient pas la beauté noire" ajoute t-elle.
Par ailleurs, Naomi Campbell, qui séjournait à Malindi au Kenya où elle passait un mois en vacances, a déclaré qu’elle envisageait d’y ouvrir une agence de mannequinat, mais aussi une école et une station de vacances pour touristes fortunés. C’est la première fois qu’elle s'exprimait auprès de journalistes locaux (elle a séjourné au Kenya pour la première fois il y a 10 ans).
Elle a demandé de l’assistance de la part des autorités kenyanes pour aider à la réalisation du projet touristique, en mettant à niveau les infrastructures (la route et l’aéroport de Malindi). Après son séjour au Kenya, elle devrait s’envoler pour Londres où Nelson Mandela (dont elle parle comme de son "grand-père") dévoilera une statue le 29 août. Ensuite une soirée "fundraising", qui permettra de récolter des fonds pour la fondation Nelson Mandela est prévue à Monaco.
grioo
Publié le 23/08/2007 à 12:00 par feobus
Dois-je répéter - mais chacun sur le site connaît mon hobby pour le scrabble - que je me suis toujours intéressée à la francophonie. On sait que mon jeu a son propre dictionnaire « L’Officiel du Scrabble » (ODS) qui intègre non seulement les mots du Petit Larousse et du Robert mais fait une part importante à ceux de la francophonie belge, suisse, luxembourgeoise, québécoise, maghrébine, africaine… ainsi qu’aux anglicismes qui sont (pour le meilleur et pour le pire) passés dans notre langue. Plusieurs de mes Mots…dits ont eu pour thème des écrivains québécois et acadiens tels que Michel Tremblay et Antonine Maillet mais si j’ai cité des poèmes du grand Léopold Sedar Senghor à l’annonce de son décès, je n’ai pas abordé jusqu’à présent deux sujets qui font à la fois partie de la francophonie et veulent s’en démarquer : d’un côté la Négritude, de l’autre l’Antillanité et la Créolité dont je ne sais s’il faut l’appeler une variante ou au contraire l’affirmation d’une spécificité qui exercerait son influence sur toute la Caraïbe francophone. (Je voudrais ajouter ceci : les deux derniers termes que je viens d’employer, termes reconnus et utilisés non seulement par tous les écrivains de l’Antillanité et de la Créolité mais par leurs lecteurs ne sont toujours pas entrés dans nos dictionnaires, traditionnels comme le Larousse ou « d’avant-garde » comme l’ODS.)
La Négritude
Ma Négritude point n’est sommeil de la race mais soleil
De l’âme, ma négritude vue et vie
Ma Négritude est truelle à la main, est lance au poing
Réécade. Il n’est question de boire, de manger l’instant qui passe
Tant pis si je m’attendris sur les roses du Cap-Vert !
Ma tâche est d’éveiller mon peuple aux futurs flamboyants
Ma joie de créer des images pour le nourrir,
Ô lumières rythmées de la Parole !
Léopold Sedar Senghor
Ce mouvement est né de la rencontre entre Aimé Césaire, Léopold Sedar Senghor et le poète guyanais Léon-Gontran Damas. Ils voulaient affirmer par leurs écrits et leurs poèmes la grandeur de l'histoire et de la civilisation noires face au monde occidental qui les avait jusque là dévalorisées. Ils se refusaient l'existence d'une essence noire mais voulaient faire de leur identité nègre et de l'ensemble des valeurs culturelles du monde noir une source de fierté. Pour Césaire, il s'agissait de bâtir une nation et de fédérer un peuple en rompant un silence collectif. Dans ses écrits, il aborda le thème du héros noir, du colonialisme, de l'émancipation, de la révolution, de l'Afrique et de la tyrannie. Il a voulu comme Senghor après lui redonner au peuple noir la fierté de ses racines africaines. Aimé Césaire et Léopold Sedar Senghor mais surtout Léon-Gontran Damas ont eu des contacts avec les mouvements américains de la Négritude : celui de W.E.B. Dubois qui écrivit en 1905 Ames noires dans le contexte d'une Amérique raciste : Je suis un nègre et me glorifie de ce nom et celui de la Negro ou Harlem renaissance dominée par Langston Hugues, Claude Mc Kay... qui revendiquaient l'appartenance à la société américaine et leur identité noire : moi aussi, je suis l'Amérique. C’est sans nul doute André Breton [1] qui, en découvrant Le Cahier d’un retour au pays natal en 1941 dans la revue Tropiques, a reconnu que la poésie engagée d’Aimé Césaire entrait dans le cadre de la négritude ou mieux en définissait le concept. En vérité, les deux œuvres qui sont (me semble-t-il) les piliers de la Négritude sont Le Cahier de Césaire et Chants d’Ombre de Senghor.
Le terme « Négritude » a été très employé après la Seconde Guerre Mondiale parce ce qu’il représentait à la fois une révolte contre le colonialisme, la glorification du passé africain et une nostalgie vis-à-vis de la beauté et de l’harmonie de la société africaine traditionnelle. Pour les tenants de l’Antillanité et de la Créolité, le concept était et demeure désuet parce qu’il appartient à un passé esclavagiste, colonialiste et plus franco-africain que caribéen.
Des écrivains tel que Daniel Maximin ou le poète et romancier Bertène Juminer ainsi que Xavier Orville, romanciers latino-américains influencés par le surréalisme, sont également dans le sillage littéraire de Césaire alors que Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant sont les représentants de l’Antillanité et de la Créolité. Je parlerai de chacun de ces auteurs ci-dessous :
Aimé Césaire
Et moi, et moi,
moi qui chantais le poing dur
Il faut savoir jusqu'où je poussai la lâcheté.
Un soir dans un tramway en face de moi, un nègre.
C'était un nègre grand comme un pongo qui
essayait de se faire tout petit sur un banc de
crasseux de tramway ses jambes gigantesques et
l'avait laissé, le laissait. Son nez qui semblait
une péninsule en dérade et sa négritude même qui
se décolorait sous l'action d'une inlassable
mégie. Et le mégisser était la Misère. Un gros
oreillard subit dont les coups de griffes sur ce
visage s'était un ouvrier in fatigable, la Misère,
travaillant à quelque cartouche hideux. On voyait
très bien comment le pouce industrieux et mal-
veillant avait modelé le front en bosse, percé le
nez de deux tunnels parallèles et inquiétants,
allongé la démesure de la lippe[, et par un chef-
d'oeuvre caricatural, raboté, poli, verni la plus
minuscule mignonne petite oreille de la création.
C'était un nègre dégingandé sans rythme ni mesure .
Un nègre dont les yeux roulaient une lassitude sanguinolente.
Un nègre sans pudeur et ses orteils ricanaient
de façon assez puante au fond de la tanière entre-
bâillée de ses souliers.
La misère, on ne pouvait pas dire, s'était donné
un mal fou pour l'achever.
Elle avait creusé l'orbite, l'avait fardée d'un
fard de poussière et de chassie mêlées.
Elle avait tendu l'espace vide entre l'accroche-
ment solide des mâchoires et les pommettes d'une
vielle joue décatie. Elle avait planté dessus les
petits pieux luisants d'une barbe de plusieurs
jours. Elle avait affolé le cur, voûté le dos.
Et l'ensemble faisait parfaitement un nègre
hideux, un nègre grognon, un nègre mélancolique,
un nègre affalé, ses mains réunies en prière
sur un bâton noueux. Un nègre enseveli dans une
vieille veste élimée. Un nègre comique et laid
et des femmes derrière moi ricanaient en le regardant.
Il était comique et laid,
comique et laid pour sûr.
J'arborai un grand sourire complice
Ma lâcheté retrouvée!
Aimé Césaire (Extrait du Cahier d’un retour au pays natal)
Aimé Césaire est né en Martinique en 1913. Il a obtenu en 1931 une bourse qui lui a permis de poursuivre ses études à Paris. C’est après avoir achevé son cursus à Normale Supérieure qu’il a fondé avec Léopold Sedar Senghor la revue L’Etudiant Noir. Il a épousé en 1937 Suzanne Roussi puis est rentré en Martinique où il a enseigné au lycée de Fort de France. Il est maire de Fort de France depuis 1945.
Je ne citerai pas ici la bibliographie d’Aimée Césaire. Chacun peut s’y reporter et la compulser à son aise. Je dirai seulement que son influence s’est exercée à la fois sur toute la Caraïbe, le monde littéraire américain, européen et africain et je me permets de souligner qu’un texte publié en 1994 dans La République Internationale des Lettres l’année même de sa création par l’écrivain et poète haïtien René Depestre est la meilleure image qui m’ait été donnée du grand Césaire. Je n’oublierai pas de mentionner quelques poètes haïtiens car personne sinon les initiés ne peut se rendre compte du nombre d’écrivains et de poètes qui se sont battus dans cette ancienne possession française d’un point de vue politique car ils étaient en général très orientés à gauche et pour défendre leur langue. Mais revenons à notre grand poète : je pense que la meilleure façon de l’honorer est de dire un autre de ses poèmes :
Ex-voto pour un naufrage
Hélé helélé le Roi est un grand roi
que Sa Majesté daigne regarder dans mon anus pour voir
s'il ne contient pas des diamants
que Sa Majesté daigne explorer ma bouche pour voir com-
bien elle contient de carats
tam-tam ris
tam-tam ris
je porte la litière du roi
j'étends le tapis du roi
je suis le tapis du roi
je porte les écrouelles du roi
je suis le parasol du roi
riez riez tam-tams des kraals
tam-tams des mines qui riez sous cape
tam-tams sacrés qui riez à la barbe des missionaires de vos
dents de rat et d'hyène
tam-tams de la forêt
tam-tams du désert
tam-tam pleure
tam-tam pleure
brûlé jusqu'au fougueux silence de nos pleurs sans rivage
et roulez
roulez bas rien qu'un temps de bille
le pur temps de charbon de nos longues affres majeures
roulez roulez lourds délires sans vocable
lions roux sans crinière
tam-tams qui protégez mes trois âmes mon cerveau mon
coeur mon foie
tam-tams durs qui très haut maintenez ma demeure
de vent d'étoiles
sur le roc foudroyé de ma tête noire
et toi tam-tam frère pour qui il m'arrive de garder tout le
long du jour un mot tour à tour chaud et frais dans ma
bouche comme le goût peu connu de la vengeance
tam-tams de Kalaari
tam-tams de Bonne-Espérance qui coiffez le cap de vos
menaces
O tam-tam du Zululand
Tam-tam de Chaka
tam, tam, tam
tam, tam, tam
Roi nos montagnes sont des cavales en rut saisies en pleine
convulsion de mauvais sang
Roi nos plaines sont des rivières qu'impatientent les four-
nitures di pourritures montées de la mer et de vos cara-
velles
Roi nos pierres sont des lampes ardentes d'une espérance
veuve de dragon
Roi nos arbres sont la forme déployée que prend une
flamme trop grosse pour notre coeur trop faible pour un
donjon
Riez riez donc tam-tams de Cafrerie
comme le beau point d'interrogation du scorpion
dessiné au pollen sur le tableau du ciel et de nos cervelles
à minuit
comme un frisson de reptile marin charmé par la pensée
du mauvais temps
du petit rire renversé de la mer dans les hublots très beaux
du naufrage
Si le poète Césaire est important à mes yeux, il ne peut effacer l’homme politique qui a lancé chaque fois qu’il l’a jugé bon un cri d’alarme en direction des chefs africains de mouvements de libération, Sékou Touré, Modibo Keita, Ben Bella, Patrice Lumumba ou à ceux de mouvements révolutionnaires tels que Mao, Ho Chi Minh, Fidel Castro… Il a toujours pensé que les despotes, les dictateurs, ceux qu’on appelle les néocolonialistes, pouvaient détourner les hommes de leurs rêves et de leur espérance d’émancipation. Je crois qu’il avait raison en ce qui concerne l’Afrique et la Chine en tout cas et j’aimerais aujourd’hui lui poser la question : « Que pensez-vous, Aimé Césaire, de la Guerre d’Iraq, de ses protagonistes et du dictateur Saddam Hussein ? »
Léopold Sedar Senghor (1906 – 2001)
Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu’au cœur de l’Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre Promise, du haut d’un haut col calciné
et ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigle
Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases de vin noir,
Bouche qui fait lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent
d’est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée
Femme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de
L’athlète, aux flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.
Délice des jeux de l’Esprit, les reflets de l’or ronge ta peau qui se moire
A l’ombre de ta chevelure s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de
tes yeux.
Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendre pour
nourrir les racines les racines de la vie
Poète sénégalais et homme d’Etat, il fut un des tenants du concept de Négritude, défini comme l’expression littéraire et artistique de l’expérience Noire Africaine. Dans son contexte historique le terme a été ressenti comme une réaction contre le colonialisme français et une défense de la culture africaine. Il a profondément influencé le renforcement de l’identité africaine dans le monde noir francophone :
« L’émotion est nègre, la raison est hellène. »
« La Négritude est la somme des valeurs culturelles du Monde Noir. »
Léopold Sedar Senghor est né à Joal, un petit village de pêcheurs à cent kilomètres environ au sud de Dakar. Son père était d’ascendance noble et un riche marchand. Sa mère appartenait à la communauté peuhle, pastorale et nomade. Plus tard Senghor a écrit : « J’ai grandi au cœur de l’Afrique à la croisée des chemins, des castes, des races et des routes. » Il a passé les sept premières années de sa vie à Djilor avec sa mère et ses oncles et tantes maternels. A douze ans, il est entré à l’école de la mission catholique de Ngazobil. Il a ensuite étudié au Séminaire Libermann et au lycée Vollenhoven, terminant ses études secondaires en 1928.
Muni d’une bourse, Senghor est ainsi monté à Paris et a terminé avec succès ses études au Lycée Louis-Le-Grand en 1931. Durant ces années parisiennes, il a lu les poètes afro-américains de la Renaissance de Harlem et Rimbaud, Mallarmé, Baudelaire, Verlaine, Valéry… Parmi les amis de Senghor de ces années de jeunesse figurent évidemment Aimé Césaire mais également Georges Pompidou, le futur Président Français qu’il a connu à Louis-le-Grand.
De même que pour Aimé Césaire, je pense qu’il existe assez de biographies exhaustives de cet homme aux multiples facettes et que chacun peut s’y reporter à loisir. Il suffit de rappeler qu’après avoir exercé son métier de prof dans plusieurs lycées de France, il a rejoint l’armée française puis a été fait prisonnier, profitant de cette période pour écrire des poèmes qui ont été publiés dans Hosties Noires (1948). Sa première collection de poèmes, Chants d’Ombre (1945) dans laquelle il abordait les thèmes de l’exil et de la nostalgie lui a été inspirée par le philosophe Henry Bergson. [2] En 1945 et 1946 Senghor a été élu représentant du Sénégal dans les Assemblées Constituantes françaises. Avec l’aide de Alioune Diop, un intellectuel sénégalais vivant à Paris, il a créé en 1947 Présence Africaine, un journal culturel auquel ont participé André Gide, Albert Camus et Jean-Paul Sartre. En 1948 Senghor a été nommé professeur à l’Ecole Nationale de la France d’Outre-Mer. De 1946 à 1958 il a été constamment réélu à l’Assemblée Nationale Française. En 1960, il est devenu le premier Président du Sénégal et l’est demeuré jusqu’en 1980 puis il a partagé son temps entre Paris, la Normandie (dont sa seconde femme était originaire) et Dakar. Il a été élu membre de l’Académie Française en 1983 et il est mort en France le 20 décembre 2001. Au moment de son décès, j’ai dit combien grande fut ma stupéfaction et ma tristesse devant l’absence du Président Chirac et du Premier Ministre Jospin aux obsèques de ce grand homme qui représentait tout ce que le monde littéraire et politique avait de meilleur. J’ai eu véritablement honte pour mon pays de cette défection « au plus haut niveau. »
Dans sa poésie Senghor invite le lecteur à sentir l’essence quasi mystique de l’Afrique. Sa philosophie et son concept de la négritude ont reçu à la fois des louanges et des critiques. Selon Senghor, « le Noir est intuitif alors que l’Européen est plus cartésien. » Ce concept n’a pas plus à tout le monde mais Sartre a déclaré que la Négritude était un racisme antiraciste dans sa préface intitulée « Orphée Noir » de l’Anthologie de la Nouvelle Poésie Nègre et Malgache(1948).
Hymne National du Sénégal composé par Léopold Sedar Senghor
Pincez tous vos coras, frappez vos balafons
Le lion rouge a rugi. Le dompteur de la brousse
D'un bond s'est élancé dissipant les ténèbres
Soleil sur nos terreurs, soleil sur notre espoir.
Refrain :
Debout frères voici l'Afrique rassemblée
Fibres de mon cœur vert épaule contre épaule
Mes plus que frères. O Sénégalais, debout !
Unissons la mer et les sources, unissons
la steppe et la forêt. Salut Afrique mère.
Sénégal, toi le fils de l'écume du lion,
Toi surgi de la nuit au galop des chevaux.
Rends-nous, oh ! rends-nous l'honneur de nos Ancêtre
Splendides comme l'ébène et forts comme le muscle !
Nous disons droits – l'épée n'a pas une bavure.
Sénégal, nous faisons nôtre ton grand dessein :
Rassembler les poussins à l'abri des milans
Pour en faire, de l'est à l'ouest, du nord au sud,
Dressé, un même peuple, un peuple sans couture,
Mais un peuple tourné vers tous les vents du monde.
Sénégal, comme toi, tous nos héros,
Nous serons durs, sans haine et les deux bras ouverts,
L'épée, nous la mettrons dans la paix du fourreau,
Car notre travail sera notre arme et la parole
Le Bantou est un frère, et l'Arabe et le Blanc.
Mais que si l'ennemi incendie nos frontières
Nous soyons tous dressés et les armes au poing :
Un peuple dans sa foi défiant tous les malheurs ;
Les jeunes et les vieux, les hommes et les femmes.
La mort, oui ! Nous disons la mort mais pas la honte.
Léon Gontrand Damas
Sonne et Sonne et Sonne
sonne à mon coeur mariné dans l'alcool
dont nul n'a voulu tâter à table hier
Sonne et sonne
minuit de clair de lune à trois
dont l'image est à jamais en UNE
FEMME entrevue en l'Ile aux mille et une fleurs
assise au pied des mornes verts
et filaos échevelés
et flûte de bambou du pâtre éveillé modulant
la rengaine en sourdine
et le bruit court dans les halliers
et ma voix clame en EXIL
et l'EXIL chante à deux voix
et voici ELYDÉ
et réveillé net de nouveau se déroule le film du rêve recréé…
Issu de la bourgeoisie guyanaise, dont il a fustigé le mode de vie et de pensée dans le poème Hoquet, Léon Gontrand Damas a fait la connaissance d'Aimé Césaire au Lycée Schoelcher de Fort-de-France. Les deux jeunes gens se sont retrouvés à Paris, où Damas a poursuivi des études d'ethnologie. En 1937 parait le recueil Pigments puis Shine, Rappel, Il est des nuits, La complainte du Nègre. Un temps député de la Guyane, Léon Gontran Damas fit une carrière à l'UNESCO.
Daniel Maximin
Né à Saint-Claude (Guadeloupe) le 9 avril 1947, Daniel Maximin s'est installé avec sa famille en France en 1960. Après des études de lettres et de sciences humaines à la Sorbonne, il est devenu chargé de cours à l'Institut d'Etudes Sociales et professeur de lettres à Orly. De 1980 à 1989, il a été directeur littéraire aux Éditions Présence Africaine et produit l'émission « Antipodes » sur France-Culture. En 1989, il est retourné en Guadeloupe où il a été nommé Directeur régional des affaires culturelles. Depuis 1997, il est chargé de la mission interministérielle pour la célébration du cent cinquantième anniversaire de l'abolition de l'esclavage.
Bertène Juminer
Né en 1927 d'un père guyanais et d'une mère guadeloupéenne. Agrégé de médecine, il a exercé à Tunis, Dakar, Amiens et au Maroc avant de devenir recteur de l'Université Antilles-Guyane. Romancier, il vit à Pointe-à-Pitre. A notamment publié Les Bâtards, (Présence Africaine, 1961), Au seuil d'un nouveau cri, (Présence Africaine, 1963), La revanche de Bozambo (Présence Africaine, 1968), Les Héritiers de la presqu'île, (Présence Africaine, 1979), La Fraction de seconde (Présence Africaine, 1990.)
Xavier Orville
Né le 3 janvier 1932 à Case-Pilote, Professeur agrégé d’espagnol. Il fut Conseiller culturel de 1979 à 1982 de Léopold Sedar Senghor et d'Abdou Diouf. Ses principaux ouvrages sont : Délice et le Fromager, 1977, prix des Caraïbes, la Tapisserie du temps présent, 1977, l'Homme aux sept noms et des poussières, 1981, le Marchand de larmes, 1985, Laissez brûler Laventurcia, 1989, Cœur à vie, 1993, prix Frantz-Fanon, la Voie des cerfs -volants, 1994, Moi, Trésilien Théodore Augustin, 1996.
Les poètes haïtiens
Comme je l’ai dit plus haut, il est impossible de parler de tous les mouvements littéraires se réclamant soit de la Négritude, soit de l’Antillanité et de la Créolité sans citer quelques poètes haïtiens :
René Despestre que j’ai déjà cité pour son éloge d’Aimé Césaire, écrivain et poète a composé la majeure partie de son oeuvre en exil. Elle est marquée par une grande sensibilité et comporte en particulier le roman Hadriana dans tous mes rêves couronné en 1988 par le Prix Théophraste Renaudot et le recueil de poème Journal d’un animal marin dont je vous donne un avant-goût ci-après :
Ce n'est pas encore l'aube dans la maison
La nostalgie est couchée à mes côtés.
Elle dort, elle reprend des forces,
ça fatigue beaucoup la compagnie
D'un nègre rebelle et romantique.
Elle a quinze ans, ou mille ans,
Ou elle vient seulement de naître
Et c'est son premier sommeil
Sous le même toit que mon cœur...
Jean-Price Mars (1876-1969) est l’auteur de Ainsi parla l’Oncle, un texte dans lequel il demande aux écrivains de se pencher sur la culture populaire, les contes créoles et le vaudou. A son époque cependant, il doutait que le créole puisse un jour non seulement devenir la langue majeure de la Caraïbe en même temps qu’une langue écrite.
Jacques Roumain (1907-1944) fut un écrivain et poète marxiste, fondateur en 1927 de La Revue Indigène. Inspirateur de la prise de conscience par les Haïtiens de leur négritude, son chef d’œuvre posthume Gouverneurs de la Rosée (1944) a fait le tour du monde noir. Voici des poèmes extraits de Bois d’Ebène :
Si l'été est pluvieux et morne
si le ciel voile l'étang d'une paupière de nuage
si la palme se dénoue en haillons
si les arbres sont d'orgueil et noirs dans le vent et la brume
si le vent rabat vers la savane un lambeau de chant funèbre
si l'ombre s'accroupit autour du foyer éteint
si une voilure d'ailes sauvages emporte l'île
vers les naufrages
si le crépuscule noie l'envol déchiré d'un
dernier mouchoir et si le cri blesse l'oiseau
tu partiras
abandonnant ton village
sa langue et ses raisiniers amers
la trace de tes pas dans ses sables
le reflet d'un songe au fond d'un puits
et la vielle tour attachée au bout de sa laisse
et qui aboie dans le soir
un appel fêlé dans les herbages...
Nègre colporteur de révolte
tu connais tous les chemins du monde
depuis que tu fus vendu en Guinée
une lumière chavirée t'appelle
une pirogue livide
échouée dans la suie d'un ciel de faubourg
Cheminées d'usine
palmistes décapités d'un feuillage de fumée
délivrent une signature véhémente
La sirène ouvre ses vannes
du pressoir des fonderies coule un vin de haine
une houle d'épaules l'écume des cris
et se répand dans les ruelles
et fermente en silence
dans les taudis cuves d'émeute
Voici pour ta voix un écho de chair et de sang
noir messager d'espoir
car tu connais tous les chants du monde
depuis ceux des chantiers immémoriaux du Nil
Tu te souviens de chaque mot
le poids des pierres d'Egypte
Et l'élan de ta misère a dressé les colonnes des temples
comme un sanglot de sève la tige des roseaux
Cortège titubant ivre de mirages
sur la piste des caravanes d'esclaves élèvent
maigres branchages d'ombres enchaînés de soleil
des bras implorant vers nos dieux
Mandingue Arada bambara Ibo
gémissant un chant qu'étranglaient les carcans…
Jacques Roumain a rencontré Langston Hugues que j’ai mentionné plus haut à propos de la Harlem renaissance lors du seul voyage que le second fit en Haïti.
Magloire-Saint-Aude (1912-1971) est né à Port-au-Prince. Il a publié ses premiers poèmes dans les revues La Relève et Le Matin. Il a participé au mouvement indigéniste des Griots aux côtés de Carl Brouard et du jeune François Duvalier dont on connaît le parcours tragique pour ses concitoyens. En 1941 parurent Dialogue de mes lampes et Tabou, en 1956, Déchu.
De mon émoi aux phrases,
Mon mouchoir pour mes lampes.
Recroquevillé dans mes yeux effacés,
La peine le poème hormis les causes.
Limité aux revers sans repos
Edith blanche ma face moi-même.
Rassasiant mes yeux
Du convoi de mes yeux ressuscités… Dialogue de mes lampes
Né à Jérémie le 5 février 1903, Emile Roumer a fait ses études classiques à Saint-Louis de Gonzague à Port-au-Prince. Il a étudié la philosophie au Lycée Michelet à Paris où il a collaboré à plusieurs publications. Tenant de l'école indigéniste, Emile Roumer s’est révélé un grand chantre de la nature haïtienne, un poète du terroir, un patriote convaincu et un ardent défenseur du créole. Son œuvre comporte Poèmes d'Haïti et de France (1925), Poèmes en vers (1947) où figure l'une des poésies les plus célèbres de la littérature haïtienne Marabout de mon cœur :
Marabout de mon coeur aux seins de mandarine
Tu m'es plus savoureuse que crabe en aubergine
Tu es un afiba dedans mon calalou
le doumdoueil de mon pois mon thé de zherbe à clou…
L'Antillanité
« Forgé à la fin des années 60 par Edouard Glissant, ce mouvement naît d'un constat : la société antillaise est malade. Elle souffre d'avoir subi une politique de colonisation « réussie. » Face à ce diagnostic, Glissant propose un remède : la quête de l'identité antillaise. L'Antillanité est une volonté de reconstituer les déchirures sociales, de remplir les trous de la mémoire collective et d'établir des relations hors du modèle métropolitain. L'objectif de Glissant est de mettre à jour le réel antillais à travers l'histoire commune de la plantation sucrière que caractérisent le cloisonnement social, la couleur de la peau, l'héritage africain et la langue créole. Il affirme la spécificité des Antilles dans leur diversité, leurs langues et leurs histoires. L'Antillanité est une identité ouverte et plurielle. En fait, il s'agit de s'approprier l'espace accaparé par les colons et l'histoire occultée par la période de l'esclavage. » [3]
Edouard Glissant
Soleil de la Conscience
Quand je possèderai vraiment ma terre, je l’organiserai selon
mon ordre de clartés, selon mon temps appris. Cela veut dire
que la quête du vent libre (l’apprentissage de la terre) est chaos
et démesure, paysage forcené, foret sans clairière aménagée;
mais que c’est la mesure (labours, semailles, récoltes) qui est liberté.
Docteur ès lettres, Edouard Glissant « l'un des plus grands écrivains contemporains de l'universel » est né à Sainte-Marie (Martinique) le 21 septembre 1928. Formé au lycée Schoelcher de Fort-de-France, il a poursuivi des études de philosophie à la Sorbonne et d'ethnologie au Musée de l'Homme.
Ses premiers poèmes Un champ d'îles, La terre inquiète et Les Indes lui ont valu de figurer dans l'Anthologie de la poésie nouvelle de Jean Paris. Il a joué un rôle de premier plan dans la renaissance culturelle négro-africaine (congrès des écrivains et des artistes noirs de Paris en 1956 et de Rome en 1959) et a collaboreé à la revue Les Lettres nouvelles. Le prix Renaudot, remporté en 1958 pour son premier roman, La Lézarde, a consacré sa renommée. Co-fondateur avec Paul Niger en 1959 du Front antillo-guyanais et proche des milieux intellectuels algériens, il fut expulsé de la Guadeloupe et assigné à résidence en France. Il a publié en 1961 une pièce de théâtre, Monsieur Toussaint, et en 1964, un second roman, Le Quatrième Siècle.
Rentré en Martinique en 1965, il a fondé un établissement de recherche et d'enseignement, l'Institut martiniquais d'études et une revue de sciences humaines, Acoma. Son oeuvre ne cesse de croître en ampleur et en diversité: une poursuite du cycle romanesque avec Malemort, La Case du commandeur et Mahagony, un renouvellement de la poétique avec Boises, Pays rêvé, pays réel et Fastes et trois essais majeurs, L'Intention poétique, Le Discours antillais et Poétique de la relation.
De 1982 à 1988, il fut Directeur du Courrier de l'Unesco. En 1989, nommé «Distinguished University Professor» de l'Université d'Etat de Louisiane (LSU), il y dirige le Centre d'études françaises et francophones. Depuis 1995, il est «Distinguished Professor of French» à la City University of New York (CUNY).
La Créolité
« Ce mouvement littéraire est apparu à la fin des années 80. Son fondement conceptuel repose sur un manifeste : l'éloge de la Créolité écrit par J. Bernabé , Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant. Il s'agit de poursuivre par le biais de l'écriture et du langage, la recherche identitaire entamée par la Négritude et l'Antillanité. La démarche intègre l'histoire des Antilles et l'imbrication des différents peuples qui sont arrivés, volontairement ou pas. La Créolité rejette l'unicité, l'universel, la pureté et la transparence. Elle prône la diversité. » [4]
Jean Bernabé
« Il est temps pour le vieux roi d'aller dormir » écrivait Césaire dans La tragédie du Roi Christophe. Les enfants spirituels ont tué leur père. On le vérifie dans Eloge de la créolité, cet ouvrage collectif signé Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant, réédité en édition ‘bilingue’ chez Gallimard. Ouvrage d'autant plus fondamental qu'il préfigure un renouvellement radical de la littérature créole et donne une assise théorique aux textes de fiction signés depuis par Chamoiseau, prix Goncourt 1992 pour Texaco, et Confiant, prix Novembre 1991 pour Eau de café. Ravines du devant-jour, récit savoureux sur l'enfance d'un Chambin martiniquais.
Patrick Chamoiseau
Patrick Chamoiseau s'oppose autant à l'assimilation du noir dans la culture du blanc qu'à la Négritude qu'il soupçonne d'appartenir à un passé à jamais révolu. Il proclame sa part de nègre tout en faisant l'éloge du métissage culturel. Il est né en 1953 à Fort-de-France où il habite aujourd’hui. Il a fait ses études de droit à Paris. Il est l’auteur d’un ouvrage historique sur les Antilles au temps de Bonaparte et de deux romans : Solibo le Magnifique et de Texaco pour lequel il a reçu le Prix Goncourt. Personnellement (mais je ne suis sans doute pas un exemple à suivre) je peux dire que j’ai eu un certain mal à lire Texaco et tous les termes qui dans son texte s’éloignent de la francophonie comme j’ai eu du mal à lire non les romans de Michel Tremblay que j’aime infiniment mais son théâtre qui fait appel pour sa majeure partie au joual, parler montréalais, évoluant comme le français d’un joual francophone à ce que je me permets d’appeler un joual anglo-francophone. J’ai de même peiné au théâtre lors de mes séjours au Québec, croyant à tort que je saisirais mieux l’oral que l’écrit. Les éditions Gallimard ont sans doute eu raison de publier l’Eloge de la Créolité en édition bilingue. Les éditeurs du théâtre de Tremblay devraient y penser… (Je m’aperçois en écrivant ces lignes que j’appartiens plus à l’époque de la Négritude qu’à celle de la Créolité !)
Raphaël Confiant
Raphaël Confiant est sans doute l'auteur le plus foisonnant et le plus truculent des Antilles. Originaire du Lorrain (nord de la Martinique) où il est né en 1951, il a fait des études de sciences politiques à Aix-en-Provence. Il a débuté sa carrière d'écrivain en publiant à compte d'auteur, et pendant douze ans, des livres écrits en langue créole. « L'écriture en français est un plaisir », dit-il, « l'écriture en créole est un travail car l'auteur créolophone est obligé de construire son outil, ce que n'a pas à faire l'auteur francophone qui dispose d'un outil patiné par des siècles d'usage. » Avec Le Nègre et l'Amiral (1988), il est entré de plain-pied dans une littérature française à laquelle il apporte la verve d'un langage baigné d'imaginaire créole. Son deuxième roman en français Eau de café (1991) est remarqué par la critique ainsi que L'Allée des Soupirs publié trois ans plus tard. Confiant se distingue par son écriture et par l'univers de la Martinique « profonde » qu'il décrit dans ses romans. Il est un polémiste redoutable et n'hésitera pas à tremper sa plume dans du vitriol pour rédiger un réquisitoire en règle contre le père de la négritude, Aimé Césaire. Une traversée paradoxale du siècle. Enfin, Confiant a un don inné pour la provocation et le sens de la formule et de l'humour : « La Martinique est colonisée par la consommation » ou encore : « Les puristes me reprochent de zoulouter le français. Mais regardez-moi, regardez-vous, regardez-nous, vive le métissage ! »
Il s’ensuit - après que nous ayons perçu les voies de la Négritude, d’une part, de l’Antillanité et de la Créolité d’autre part, mouvements qui, ainsi que je l’ai dit plus haut, ne peuvent apparaître comme complètement antagonistes mais complémentaires - que les écrivains de la jeune génération créole ont voué aux gémonies leur père spirituel Aimé Césaire alors que d’autres ont continué à le célébrer. C’est le romancier Raphaël Confiant, ainsi qu’on a pu le voir plus haut, qui a dressé le réquisitoire le plus sévère à l’encontre de celui qui fut la proue et le flambeau des jeunes auteurs créoles (Jean Bernabé.) Il lui reproche en particulier d’avoir à la fois dénoncé l’oppression du Tiers-Monde par l’Occident dans son Discours sur le colonialisme (1950) et d’avoir siégé pendant quarante ans au Palais-Bourbon (notre Assemblée Nationale) en prônant la loi d’assimilation pour les Antille-Guyane et la Réunion votée en 1946.
J’aimerais terminer ce « tour d’horizon » sur un cas particulier, celui de Frantz Fanon « Un Martiniquais d’Algérie » : Frantz Fanon est peu connu dans son pays, la Martinique, car il a passé l'essentiel de sa vie de militant dans sa terre d'adoption, l'Algérie. Fanon est né à Fort-de-France le 20 juillet 1925. Il est mort à Washington le 6 décembre 1961, à l'âge de 36 ans, des suites d'une leucémie. Il est inhumé au cimetière de « Chouhada » (Tunis). Médecin psychiatre, écrivain, combattant anti-colonialiste, Fanon a marqué le vingtième siècle par sa pensée et son action, en dépit d'une vie brève frappée par la maladie. Fanon fit ses études secondaires au lycée Schoelcher, ses études supérieures à la faculté de médecine de Lyon et fut nommé, en 1953, Médecin-chef de l'hôpital psychiatrique de Blida, en Algérie. Il avait déjà publié, en 1952 Peaux noires, masques blancs. En 1956, deux ans après le déclenchement de la guerre de libération nationale en Algérie, Fanon choisit son camp, celui des colonisés et des peuples opprimés. Il remet sa démission de son poste à l'hôpital et rejoint le Front de Libération Nationale (FLN) en Algérie.
Il eut d'importantes responsabilités au sein du FLN, membre de la rédaction de son organe central, « El Moudjahid. » Il fut chargé de mission auprès de plusieurs Etats d'Afrique noire, ambassadeur du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) au Ghana. Il échappa à plusieurs attentats au Maroc, en Italie. Jusqu'à sa mort, Fanon s'est donné sans limites pour la cause de la libération des peuples opprimés.
Frantz Fanon a toujours considéré le concept de la négritude trop réducteur. Dans son essai « Peau noire, masque blanc », il étudie les conséquences humaines du colonialisme et du racisme. Il fait le portrait de l'homme noir antillais, victime des préjugés de couleur et des complexes d'infériorité qu'il a intériorisés. Selon lui, « Les Antillais sont, après la grande erreur blanche, en train de vivre le grand mirage noir. »
Je suis loin d’avoir fait le tour de tous les écrivains de la Négritude, de l’Antillanité et de la Créolité mais j’espère que j’aurai donné dans ces quelques pages un bon aperçu des mouvements, essentiels pour la littérature et la poésie francophones, auxquels ils ont appartenus même si certains ont voulu s’en distancer.
Lise Willar
Publié le 23/08/2007 à 12:00 par feobus
Bonjour à tous,
quel surprise de lire vos méssages qui m'encourage à continuer de faire parler des histoires de nos anciens. J'ai pu m'apercevoir que ma génération ne connaissait uniquement qu'une fines parties de son histoire, je sais qu'on nous caches des histoires, des faits divers, des rumeurs, des mensonges, ou carrement des histoires éffacés, j'ai rencontré un homme qui m'a fait prendre conscience de nos lacunes, de tous ces choses qui font construire un avenir de meilleur hospices, je sais que la culture antillais et diverses et compliquées, que la couleurs de peu à malgré tous son importance, que les jalousies des uns confortent les autres dans leurs avantages, je sais que nous devons nous bouger, prendre conscience de notre pouvoir, prendre conscience que nous pouvons exister par nous même, par la sueur de notre front, par la force de nos bras, par la force de l'esprit.
J'ai pris la liberté de vous parler et de vous dire que notre avenir passe d'abord par la génération qui arrive, il faut faire l'effort pour l'autre, être solidaire, ne plus créer la distance entre l'antillais de france et celui des îles quelle est la différence? pourquoi cette différence? je ne comprends pas
Eh oui ! je suis noir et alors, je lès emmerde celui qui me reproche ma couleur...
Publié le 23/08/2007 à 12:00 par feobus
MERCI DE FAIRE CONNAITRE MON BLOG DANS VOTRE ENTOURAGE ANTILLAIS ET AFRICAINES
JE RAPPELLE QUE CE BLOG A UN BUT DE FAIRE CONNAITRE CERTAIN PAN DE NOTRE HISTOIRE NOIRE JE N'INCITE A AUCUNE HAINE AUCUNE REVENDICATION
MON INTERET PREMIER EST DE PARTAGER DES INFORMATIONS POUR SUSCITER UNE INTERROGATION POSITIVE CHERCHER A FAIRE CONNAITRE DES VERITES ET METTRE A JOUR DES MENSONGES CE BLOG DOIT ETRE UNE
SOURCE DE DIGNITE MAIS PAS UNE SOURCE DE VIOLENCE INTELECTUELLE PARTAGER CE DEBAT POUR MIEUX CONSTRUIRE LE FUTUR MIEUX CONSTRUIRE NOTRE EDUCATION DE L'AVENIR, DANS CE MONDE OU LA LUTTE DES CLASSES ET LA PRINCIPALE PASSION DE CERTAIN EXTREMISTE, RADICAUX, NEGATIONISTE, REVISIONISTE .
IL FAUT LUTTER CONTRE TOUS CELA NE PAS SE SERVIR DE CETTE VERITE POUR CHERCHER LA GUERRE, LA HAINE AVEC AUTRUI, FAIRE CONNAITRE POUR ËTRE RESPECTER FAIRE COMPRENDRE POUR ETRE COMPRIS FAIRE SAVOIR POUR QUE LES AUTRES SACHES, IL NE FAUT PLUS STIGMATISER LE FRERE NOIRS PAR SA DIFFERENCE, NE PLUS INSULTER LE FRERE NOIR PARCE QU'IL EST PLUS
CLAIRE OU PLUS FONCER, NE PLUS RIDICULISER L'AUTRE PARCE QU'IL N'A PAS LA MEME CULTURE PAS LA MEME RELIGIONS, NE PLUS SE LAISSER TRAITER BOUNTY CAR LE NOIR NE LE SERA JAMAIS, NE PLUS FAIRE LE DIFFERENCE PARCE QU'UN NOIR EST INTELIGENT QU'IL FAUT LE REJETER A LA POUBELLE, JE RAPPELLE POUR MEMOIRE NOS
PARENTS NOUS ONT EDUQUER DANS LE RESPECT DES VALEURS, DES ANCIENS, DES FEMMES ET DES HOMMES, ETRE DEBOUT POUR AVANCER DANS CETTE SOCIETE, REUSSIR PAR LE TRAVAIL, LA SOLIDARITE DOIT REVENIR SUR LA TABLE DES FRERES NOIRS CHAQUE NOIRS D'ORIGINE DIFFERENTE A SON IDENTITE, SA PENSEE, SES PASSIONS ET SES REVOLTES, JE CONSIDERE QU'IL NE FAUT PLUS FAIRE L'AMALGAME DES ETRES, MAIS IL FAUT DEVENIR SOLIDAIRE DES AUTRES.
JE RAPPELLE QUE LE SAUVAGE QU'ON VOUS MONTRE PARTOUT DANS LES MEDIAS, LES INFORMATIONS, LES LIVRES, ETAIENT VOS ANCETRES Y'A PAS SI LONGTEMPS. POUR CERTAINE LES BANLIEUES SONT DES PARCS D'ATTRACTION QUI PERMET D'ATTISER LA HAINE DES NOIRES
JE LE REDIS CHAQUE NOIR DANS CETTE SOCIETE DOIT PRENDRE SA PLACE NE PLUS ETRE LE PETIT TOBY QU'ON NOUS FORCE A ETRE, EXISTER PAR VOUS MEME, ENRICHISSEZ VOUS DU SAVOIR, DU PARTAGE ET DU RESPECT, JE VOUS LE DIS IL NE FAUT JAMAIS OUBLIER VOTRE IDENTITE LA NEGRITUTUDE ,L'AFRICANITE, LA CREOLITE, L'ANTILLANITE
IL FAUT PASSER LE MESSAGE A TOUS LES JEUNES DES BANLIEUES DES QUARTIERS IGNORANTS LES GRANDS HOMMES NOIRS DANS LE MONDES, IL NE DOIVENT PAS S'EN SERVIR COMME MODELE MAIS S'EN INSPIRER ESSAYER DE FAIRE MIEUX DANS LEUR DOMAINE, IL FAUT ETRE UN INDIVIDUS NOIR FRANCAIS PAS UN ASSIMILER FRANCAIS, CHAQUE NOIR A SA PLACE DANS CETTE SOCIETE RESPECTER LA EN VOUS FAISANT VIOLENCE, CARESSER LA POUR LA DOMINER PARLER LUI POUR QU'ELLE VOUS REPONDE
IL FAUT SE BOUGER POSITIVEMENT NE PAS PRENDRE EXEMPLE SUR DES FAITS NEGATIFS L'AFRIQUE ET LES ANTILLES MEME COMBAT : FIERE D'ETRE NOIR CE N'EST PAS UN SLOGANT ENVOYER COMME CELA MAIS UN ETAT D'ESPRIT POSITIVE.
SACHEZ QUE NOTRE FORCE NOUS A ETE DONNER PAR NOS ANCETRES NOS PARENTS ET FRERE ET SOEUR LE NOIR NE SERA PAS L'INFERIEUR DE L'AUTRE CAR TOUTE CES THESES SONT FAUSSES DEBOUT LES AMIS DEBOUT... NOS ANCETRES SE SONT BATTUT POUR LEUR LIBERTE , EXISTER POUR VIVRE DEBOUT POUR NE PLUS ETRE LE TOBY DE SERVICE
J'ai fais un rêve, que les noirs de cette société accède à des postes fait pour eux. Que les vérité sur notre histoire soit réelle non biaiser, j'ai fais un rêve qu'un homme noir devienne un jour président de la france, j'ai fait un rêve que la famine en afrique sois stopper, j'ai fais un rêve que l'afrique devienne l'une des puissance mondiale. j'ai fais un rêve que les noirs n'oublie pas qui ils sont.
J'ai fais un rêve que l'afrique ne soit plus piller, j'ai fais un rêve que les grand hommes africains revienne à certaine réalité, la responsabilité du peuple.
J'ai fais un rêve que les antilles soit prospère et que les antillais deviennent de vrai citoyens français à part entière non entièrement à part.
FEOBUS
Publié le 23/08/2007 à 12:00 par feobus
I . LE CONTEXTE LOCAL
La Martinique est un département français d’Amérique à forte densité de population puisque près de 400 000 habitants occupent un territoire de 1100 km2. Tout en ayant une structure de population plus jeune que la région de Métropole la plus jeune, la Martinique reste cependant le département d'outre-mer "le plus âgé". La proportion des moins de 20 ans continue de diminuer et celle des plus de 60 ans continue d’augmenter. Ce vieillissement de la population est à prendre en compte dans les projets de planification des années à venir.
Le contexte économique et social de la Martinique est moins favorable que celui des régions de France métropolitaine mais bien meilleur que celui de ses voisins de la Caraïbe.
En matière d'équipement, l'offre de soins n’est pas toujours adaptée au contexte démographique ou géographique mais des restructurations sont en cours avec notamment un rééquilibrage entre les soins de courte durée (lits de médecine) et les soins de suite et de longue durée.
Pour les professionnels de santé, les densités sont toujours inférieures aux moyennes métropolitaines, à deux exceptions près : les sages-femmes et les infirmiers libéraux.
II. ETAT DE SANTE DES MARTINIQUAIS
Quel est l’état de santé de la population martiniquaise ? Un indicateur permet de résumer la situation actuelle : l’espérance de vie.
Au milieu des années 1960, l’espérance de vie à la naissance des hommes était de 63,3 ans et celle des femmes de 67,4 ans. Trente ans plus tard, la progression est considérable puisque, en 1999, l’espérance de vie à la naissance était respectivement de 75,5 ans pour les hommes et de 81,7 ans pour les femmes, soit un gain de 12 et 14 ans. L'écart avec la Métropole a donc été progressivement comblé du fait d'une progression plus rapide en Martinique et depuis le début les années 1980, l’espérance de vie des hommes en Martinique a même dépassé celle mesurée en France métropolitaine.
Cet indicateur favorable à l’échelle d’une population ne doit pas faire oublier que si les Martiniquais sont globalement en meilleure santé actuellement qu’il y a trente ans ils peuvent aussi être particulièrement touchés par certains problèmes de santé.
III. LES PROBLEMES DE SANTE PRIORITAIRES
1. Les maladies cardio-vasculaires
Avec 803 décès chaque année en moyenne (1997-1999), les maladies cardio-vasculaires sont la première cause de décès (un tiers des décès). Comparativement à la Métropole, la Martinique se caractérise par une très nette sous-mortalité pour les cardiopathies ischémiques et une très nette sur-mortalité pour les maladies vasculaires cérébrales.
Cependant, l'évolution entre les années 1980 et les années 1990 montre une progression de la mortalité par cardiopathies ischémiques et une diminution de celle par maladies vasculaires cérébrales.
Sur le plan de la morbidité ce sont surtout l’hypertension artérielle et les accidents vasculaires cérébraux (AVC) qui posent problème. La prévalence exacte de l’hypertension artérielle n’est pas connue avec précision mais des études réalisées en Guadeloupe ou dans la Caraïbe retrouvent entre 25 et 35 % d’hypertendus dans la population de plus de 18 ans. L’étude Ermancia a recensé 581 AVC sur un an (1998-99) avec un retentissement important de la maladie, puisque 52 % des survivants présentent une incapacité majeure au décours de l’épisode initial.
En ce qui concerne la mortalité prématurée, c'est-à-dire avant 65 ans, les maladies cardio-vasculaires sont responsables d'un décès sur cinq. Elles représentent également 34 % des admissions en ALD, l'hypertension artérielle représentant à elle seule 24 % des admissions.
Globalement, elles sont la 4ème cause d'hospitalisation, mais après 65 ans elles prédominent puisque une hospitalisation sur cinq leur est due.
2. Les cancers
Avec 572 décès en moyenne entre 1997 et 1999 (23 % du total des décès), les cancers sont la 2ème cause de mortalité à la Martinique. Toutefois à structure de population identique, la mortalité globale par cancer est moins élevée en Martinique qu'en Métropole. Le poids des cancers dans la mortalité prématurée est important puisque, avant 65 ans, ils sont responsables d'un décès sur quatre. Ils représentent également le 3ème motif d'admission en affections de longue durée et une hospitalisation sur 10 après 65 ans.
Grâce au Registre des cancers de la Martinique (AMREC), il est possible d’avoir des données d’incidence. Chez l'homme, le cancer de la prostate est le plus fréquent. Avec en moyenne 266 nouveaux cas chaque année (période 1996-98), il représente 44 % des cancers masculins. Par contre l'incidence des cancers broncho-pulmonaires est basse, comparée à celle de la France métropolitaine.
Chez la femme, on enregistre en moyenne 120 nouveaux cas de cancers du sein chaque année soit 29 % de l’ensemble des cancers féminins alors que le cancer du col de l’utérus arrive en deuxième position avec 13 % des cas incidents.
3. Le diabète et l’état nutritionnel des Martiniquais
En moyenne sur la période 1997-99, 78 causes principales de décès ont été attribuées chaque année au diabète, soit 3 % des décès, mais l'impact de cette maladie, tant sur la mortalité que sur la morbidité, est probablement beaucoup plus important en raison des nombreuses complications qu'elle génère. La mortalité par diabète est plus élevée en Martinique, comme en Guadeloupe et en Guyane, qu'en Métropole. Cependant cette mortalité est le plus souvent tardive et le poids du diabète dans la mortalité prématurée est assez peu élevé.
Par contre son poids est très élevé dans la morbidité. On estime que la prévalence du diabète est de l’ordre de 8 à 10 %, ce qui est 2 à 3 fois plus élevé qu’en Métropole. Avec plus d'une admission sur cinq, il représente le 2ème motif d'admissions en affections de longue durée. Tous diagnostics confondus (principaux et secondaires) et en éliminant les hospitalisations liées à la maternité et les symptômes mal définis, il est après l'hypertension artérielle la 2ème pathologie la plus fréquemment rencontrée chez les patients hospitalisés.
L’état nutritionnel de l’ensemble de la population martiniquaise a été mesuré en 1981 et nécessite d’être réactualisé. Chez les personnes de 15 ans et plus, on retrouvait 13 % de personnes en surcharge pondérale et 25 % d’obèses. Grâce à l’enquête « Santé mentale » qui a interrogé en 2000 un échantillon de 900 personnes représentatives de la population martiniquaise de 18 ans et plus on a mesuré que 66,4 % avaient un poids normal pour leur taille (Indice de masse corporelle