Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
André Rigaud (1761 - 1811) a été un des généraux de la révolution haïtienne, chef du parti mulâtre opposé à Toussaint Louverture. Il fut éphémère chef de l'état du sud, après l'indépendance d'Haïti.
André Rigaud naquit aux Cayes, ville de la péninsule sud de Saint-Domingue en 1761. Fils d'un huissier de justice blanc et d'une négresse Arada, il était un mulâtre libre. Il partit pour Bordeaux apprendre le métier d'orfèvre.
En 1779, l'amiral d'Estaing vint à Saint-Domingue lever une légion de volontaires parmi les gens de couleur libres (mulâtres ou noirs affranchis) afin d'aider à la guerre d'indépendance américaine. Rigaud fut volontaire. Au sein d'un corps de 1500 hommes, il combatit, entre autre au siège de Savannah et y apprit l'art de la guerre.
La Révolution française fut pour lui comme pour tous les libres, l'occasion de réclamer l'égalité entière avec les blancs. L'exécution des libres Vincent Ogé et Chavannes en février 1791 le convainquit de devoir recourir aux armes. Rapidement, il souleva le sud et participa au siège de la capitale Port-au-Prince en novembre.
Il soutint les commissaires civils Sonthonax et Polverel dès leur arrivée en septembre 1792. Il les accueillit aux Cayes quand Port-au-Prince tomba aux mains des Britanniques le 1er juin 1794. C'est à lui que Sonthonax et Polverel, embarquant pour la métropole le 14 juin 1794, remettront le décret d'abolition de l'esclavage pour le sud du pays.
Il maintint le sud hors de la domination britannique.
Son autorité était orageuse. Il ne s'entourait que de mulâtres, se méfiant des noirs. En 1799, Toussaint Louverture n'eut qu'à lui tendre un piège assez grossier pour qu'il déclare lui-même la guerre. La victoire des armées noires en août 1800 l'obligea à fuir pour la France.
Napoléon Bonaparte l'enrôla dans l'armée de Leclerc, chargée de reconquérir Saint-Domingue en 1802.
Après l'échec de cette expédition, il fut emprisonné par Napoléon au fort de Joux, à quelques cellules de distance de Toussaint Louverture.
Il réussit à s'échapper et, en cachant son identité, sut retourner en 1810 dans son pays, devenu indépendant : Haïti. Le président Alexandre Pétion lui fit d'abord bon accueil, mais Rigaud entendit constituer son État dans la péninsule ; il fit sécession le 3 novembre 1810.
Il mourut le 18 septembre 1811. Quelques mois plus tard, Pétion rattachait la péninsule à la république haïtienne.
Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
Nous sommes en 1817. L'Abbé Jean-Marie de la Mennais est Vicaire Capitulaire de Saint-brieuc. La charge est lourde: il y a tant de choses à reconstruire dans le diocèse après les années révolutionnaires. L'abbé Jean voit clairement que le vrai moyen d'assurer l'avenir religieux de la Bretagne est d'éduquer chrétiennement l'enfance.
Il demande à ses confrères de lui envoyer quelques jeunes gens pieux et intelligents. Il en reçoit trois qu'il installe dans sa propre maison et qu'il forme lui-même. L'Institut des Frères est fondé et le Vicaire Capitulaire ouvre sa première école à Saint Brieuc même.
En 1816, à Auray, l'abbé Gabriel Deshayes avait fondé une oeuvre semblable. Les deux Fondateurs prennent en 1819 la résolution d'associer leurs efforts. En 1821, l'abbé Deshayes est élu Supérieur Général de la Compagnie de Marie et des Soeurs de la Sagesse; l'abbé Jean-Marie de la Mennais assure seul le gouvernement de l'Institut des Frères de l'Instruction Chrétienne.
La Maison-Mère de la Congrégation, d'abord établie à Josselin, est transférée en 1824 à Ploërmel. Cette Maison sera désormais considérée comme le berceau de l'Institut et fera surnommer, en France, les Frères de l'Instruction Chrétienne: Frères de Ploërmel. Elle sera la pépinière qui va permettre au Père de la Mennais d'ouvrir des écoles à un rythme accéléré. En 1827, dix ans après sa fondation, son Institut comptera déjà cent soixante Frères instruisant dans cinquante sept écoles environ six mille élèves.
Le Père de la Mennais avait également en vue des missions lointaines. Aussi ne refusa-t-il pas la proposition de l'amiral Rosamel, Ministre de la Marine qui lui demandait quelques Frères pour organiser l'enseignement primaire dans les Antilles françaises. En 1837,
cinq Frères s'embarquaient pour la Guadeloupe; un autre groupe arriva à la Martinique en 1839. Malgré la mauvaise foi et l'hostilité des colons, ils réussirent à instruire et à éduquer les esclaves des Antilles.
Les Frères catéchistes surtout - dont le célèbre Frère Arthur - ont été à la Guadeloupe et à la Martinique les vrais héros de l'évangélisation et de la libération des esclaves. En 1841, il envoya un premier contingent au Sénégal. Les îles pauvres de Saint-Pierre et Miquelon reçoivent à leur tour les Frères en 1842. Enfin, c'est dans la lointaine Tahiti que les Frères débarquent en 1860.
A la fin de sa vie, quand il cédera le gouvernail de l'Institut à son successeur, voici ce qu'il lui remet entre les mains: 941 Frères, dont 156 missionnaires, donnant l'instruction à 50.000 élèves dans 348 écoles.
La vitalité de sa Congrégation sera pour le Père de la Mennais sa suprême consolation. Il écrivait dans sa dernière lettre aux Frères: "La plus précieuse consolation que je puisse emporter dans la tombe, ce n'est pas de compter le plus grand nombre de sujets que je laisserai dans vos rangs. Ce qui m'affermira dans cette pensée que votre Institut ne sera pas une oeuvre éphémère, mais une Institution durable, c'est l'assurance de vous laisser pleins de cet esprit de ferveur qui, seul, est l'âme de toute société religieuse et en fait la force et la durée."
Les FIC en Haiti
Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
En septembre 1928, un cyclone ravage la Guadeloupe. La reconstruction est confiée à l'architecte du ministère des colonies, Ali Tur.
De 1929 à 1937, il construit ou reconstruit plus d'une centaine d'édifices privés et publics. À Basse-Terre, il signe le palais du gouverneur, celui du Conseil général, le palais de justice, et de nombreux groupes scolaires, églises et bureaux de poste. Le béton est préféré aux matériaux traditionnels pour ses qualités de résistance, avec des structures poteaux-poutres aux hourdis d'agglomérés enduits au mortier de ciment.
Ali Tur possède un style original, à travers une formation marquée par l'École des Beaux-Arts et par de nombreuses références aux réalisations d'Auguste Perret. Il intègre ici les acquis des expériences sur l'architecture climatique, diffusées lors de l'Exposition coloniale de 1931. Cinq édifices sont protégés en 1991 à l'occasion d'une campagne thématique sur l'oeuvre de cet architecte en Guadeloupe.
Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
Une correspondance de notre envoyé spécial…VAC…
Cinquantenaire…
L'indépendance ne s'octroie pas… elle s'arrache…
Ainsi se trouve vérifiée, une nouvelle fois sur le terrain, la célèbre doctrine de notre illustre compatriote : Frantz FANON… caribéen originaire de la Martinique d'où précisément je vous parle en direct.
Je vous livre tout de suite une information fantastique qui circule déjà dans toutes les agences de presse.
En effet, depuis hier soir à 20h50 G.M.T. soit 14h50 à Fort de France, les forces révolutionnaires de la Martinique qui encerclaient la Capitale de l'Ile depuis une dizaine de jours - comme vous le savez - ont obtenu la reddition - sans condition - du corps expéditionnaire français, composé de quelques cinq cent hommes environ - dont les membres du commando retranchés dans la ville - étaient pour l'essentiel utilisés à protéger certains établissements publics - style préfecture - qui du reste étaient devenus d'aucune utilité depuis quelques temps, comme vous devez vous en douter.
L'Officier responsable des guérilleros caribéens a remis une note au général français, commandant la Place de Fort de France, une note émanant du gouvernement provisoire en exil dans laquelle il est spécifié que toutes les personnes représentant à quelque titre l'autorité française sont déclarées "persona non grata" et sont priées de quitter la Martinique dans les meilleurs délais. Un avion spécial sera mis à leur disposition à destination de Paris.
Quant aux membres du commando, ils sont retenus comme prisonniers de guerre dans l'immédiat et seront traités conformément aux dispositions de la Convention de Genève.
A l'heure où je vous parle, il semblerait que des incidents auraient éclaté à la Guadeloupe, bien évidemment ces informations ne sont pas confirmées et en particulier l'incendie - paraît-il volontaire - de l'aéroport international du Raizet (Abymes) banlieue de Pointe à Pitre… affaire à suivre…
Je reviens sur la Martinique pour préciser que je n'ai pas de qualificatif pour décrire l'atmosphère dans notre pays… fantastique, extraordinaire, sublime, incroyable… des gens qui s'embrassent en pleurant de joie. Un homme aux cheveux grisonnant ayant un âge certain se penche sur mon micro : "dis leur ça là-bas , nous nègres, nous sommes libres, merci bon Dieu".
Pour ma part, je crois avoir passé la nuit la plus extraordinaire de ma vie, il y en aura d'autres, mais celle là ne s'oublie pas.
Depuis plus de 300 ans nous attendions cet événement décisif qui provoque un bonheur si intense.
D'un moment à l'autre nous attendons une déclaration venant de Kingston (Jamaïque),(patrie de Marcus Garvey, 1887-1940)ville, où siège depuis plusieurs semaines le gouvernement provisoire en exil de la future et jeune république de la Martinique, une chose certaine et bien acquise maintenant.
Bien évidemment cette déclaration sera inspirée du leader du mouvement national, le président du gouvernement provisoire qui s'est fait appeler du pseudonyme Victor DELGRES.
Pourquoi DELGRES.
Tout simplement pour honorer la mémoire de ce grand officier nègre de la Guadeloupe qui s'était opposé jusqu'au sacrifice suprême, au rétablissement de l'Esclavage dans l'Ile, par Napoléon Bonaparte en 1802. Pour plus de détails je vous renvoie à l'Histoire mouvementée de cette époque.
Revenons maintenant aux événements de l'actualité, de ce nationaliste intransigeant que les hommes du maquis désignent affectueusement, "Monsieur DEL" nom de code, le grand public en sait peu de chose.
Il ressort de mes informations que cet homme a vécu longtemps en Europe, ses proches le qualifient de meneur d'hommes allant à l'essentiel.
Tirant les leçons des échecs successifs de différents mouvements indépendantistes de cette partie de la Caraïbe, dès son arrivée à la Martinique, Victor DELGRES fonda le M.D.C., le Mouvement Démocratique Caribéen avec un objectif unique, la Martinique souveraine.
Ce parti devint rapidement très populaire auprès des jeunes et de la classe moyenne, ce qui permit à DELGRES de créer dans la foulée, des milices populaires dans toutes les communes. Ces mêmes milices qui provoquèrent suffisamment de dégâts, forçant cette frange de la population blanche, raciste et fasciste à fuir l'île en direction du Canada ou des Etats unis, mais très peu vers l'Europe.
La stratégie de DELGRES :
Un mouvement politique crédible et structuré pour assurer la doctrine, un programme économique et social bien perçu, une branche militaire aux ordres du politique pour assurer la lutte armée si nécessaire, une symbiose parfaite. Pour le reste nous connaissons la suite et surtout le résultat.
Vous soulevez la question du financement de cette brillante opération, et comment ont été entraînés nos guérilleros, mais ce sont là des précisions, qui relèvent de l'Etat major des forces nationalistes, et au titre desquelles vous comprenez aisément que je ne puis y répondre - secret défense -.
Et maintenant que va-t-il se passer après cette longue période de lutte et d'incertitude .
Le pays a besoin de renouer avec la sérénité et le calme afin de retrouver, la souveraineté nationale conquise, le chemin du progrès pour toutes et tous.
Les choses iront très vite, sans attendre la reconnaissance officielle par la France de l'indépendance de la Martinique. On prête en effet l'intention au G.P., toujours en exil, de soumettre au suffrage du pays, une constitution de 50 articles environ, portant notamment sur :
les libertés publiques,
les pouvoirs de l'exécutif
la représentation nationale
les attributions des régions
le fonctionnement de l'économie
la couverture sociale
la justice
D'après mes informations, le pays serait divisé en 5 pôles économiques où régions "politico-administratives" regroupant chacune 5 à 7 communes :
la région nord-est : chef lieu - Trinité
la région nord-ouest : chef lieu - Saint-Pierre
la région du centre : chef lieu - Fort de France, la capitale de la Martinique qui sera rebaptisée très bientôt.
la région du sud-ouest : chef lieu - le Diamant
la région du sud : chef lieu - Saint Anne
Chaque région sera administrée par une assemblée régionale, composée de membres élus au suffrage universel à la proportionnelle (scrutin de liste) pour 5 ans, renouvelable une fois
Elle désigne son président, son bureau et ses commissions. Les membres élus des assemblées régionales se regroupent au niveau national pour former le Conseil de la République ayant pour attributions :
le vote des lois
le vote du budget
le contrôle de l'action du gouvernement
l'élection des membres du Comité Constitutionnel nommés pour 5 ans et indépendants
En ce qui concerne l'exécutif suprême, il sera une présidence tournante, d'une durée d'un an et assuré par chaque Président d'assemblée de région.
Bien évidemment, si cette méthode n'a pas donné satisfaction, il sera procédé à l'élection du Chef de l'Etat, soit au sein du Conseil de la République, soit au suffrage universel direct.
Comme vous devez vous en douter, le G.P. n'a pas chômé et s'est attelé en particulier à revoir certains paramètres qui ont conduit à la ruine du pays et sa banalisation internationale:
sous- production , sous- emploi
consommation excessive - irresponsabilité
niveau de vie artificiel - assistanat
privilèges excessifs et injustifiés
démographie galopante
absence totale d'esprit d'entreprise
S'il est prévu une nationalisation de certaines activités productrices et une redistribution des terres pour diversifier et dynamiser notre agriculture, par contre le parc automobile - d'un niveau plus que pléthorique - sera réduit en 10 ans de 60 % au profit d'un service public de transport en commun, assurant la liaison de toutes les ex-communes du pays entre elles.
Outre sa candidature à l'O.N.U., la Martinique sera membre à part entière de l'U.E.C. (Union des Etats de la Caraïbe).
Enfin, sa représentation diplomatique sera assurée dans une cinquantaine de pays, par un attaché consulaire.
Vous me demandez s'il y a eu des bavures.
Toute guerre de libération nationale, connaît ses brebis gâleuses, et génère des lâches, les traîtres, ces soldats perdus… en un mot, nos "nègres blancs"ou "négrillons", en ce qui nous concerne; s'ils ont été clairement identifiés, sur la base de faits avérés(crimes et délits)ayant un rapport direct avec le conflit armé, ils seront arrêtés, jugés et connaîtront sans doute leur sort, et la fin du destin, à l'heure du laitier pour certains.
Avant de vous redonner l'antenne je dois vous signaler une précision importante, les personnes résidant en France et originaire de la Martinique disposeront d'un droit d'option d'une durée maximum de 5 ans. Il n'y aura donc pas de double nationalité passé ce délai, une mesure que j'approuve pleinement, l'heure de la responsabilité, du courage, de la dignité et de l'honneur, ayant sonné pour chacune et chacun.
Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
J'ai fait un rêve… en direct de la Martinique d'où je vous informe ce matin. Il règne un calme parfait sur l'ensemble du territoire.
La Martinique, une appellation que vous et moi, avons aimée; mais le pays changera de nom, au même titre que les villes, les communes, les places, les avenues et les rues, afin d'être en harmonie avec notre Histoire, nos traditions et notre culture.
Ce sera du reste la première proposition de loi qui sera déposée sur les bureaux du Conseil de la république, notre parlement.
Une page sera donc définitivement tournée, avec enfin la chute du système colonial dans notre pays.
Mais revenons en arrière, si vous le voulez bien :
Les choses ont été très vite, comme vous le savez, dès les premières émeutes survenues dans la région Sud , regroupant notamment la ville du Marin et la commune de Rivière Pilote, fief indépendantiste bien connu des milieux politiques martiniquais, les responsables du Mouvement Démocratique Caribéen,( M.D.C.) saisirent cette occasion historique pour mettre à exécution leur programme sur l'ensemble du territoire de la Martinique.
Grâce à une forte pression internationale, manœuvrée et influencée politiquement depuis la Jamaïque par le gouvernement provisoire en exil, dirigé avec maestria par Victor DELGRES, le leader du M.D.C.
Et surtout grâce à la ferme détermination sur le terrain des groupes armés, issus des milices populaires bien encadrées et disciplinées, qui en la circonstance ont pris l'appellation de l'Armée de Libération de la Martinique.(AML)
L'ALM. sous la direction de Louis IGNACE - un stratège hors du commun, doté d'un courage extraordinaire - admiré par les hommes du maquis placés sous ses ordres.
Dans ces conditions, l'Etat français a dû se rendre à l'évidence, la Martinique sera aux Martiniquais…
Dès son retour au pays, follement acclamé par le peuple, ivre de bonheur, le gouvernement provisoire par le canal de son Président a fait publié un communiqué où il ressort :
que tirant les leçons de la période néo-coloniale, la Martinique ne sera pas membre de la francophonie, concrètement, nos diplomates pourront adopter le mode d'expression de leur choix en langue anglaise, espagnole ou française.
l'Etat martiniquais ne sollicitera aucune aide financière du gouvernement français, car grâce à l'action des nationalistes "en col blanc" en poste dans les établissements bancaires, toutes les transactions internationales ont été bloquées.
D'autre part, aux termes des accords passés avec la France, nos avoirs placés à l'étranger ont été restitués aux autorités martiniquaises. Le nouvel Etat dispose donc de capitaux nécessaires lui permettant de mener à bien son programme économique et social. Par ailleurs le gouvernement martiniquais a déjà fait acte de candidature auprès de l'Organisation des Nations Unies, l'O.N.U. et sera parrainé.à cette occasion par :
l'Afrique du Sud de Nelson Mandela, l'actuel Président de ce pays, incarcéré pendant 27ans ,et Haïti, première nation nègre ayant arraché son indépendance en 1804, tout un symbole, que pour ma part j'ai beaucoup apprécié.
Pour les auditeurs qui prennent l'écoute en ce moment, je leur rappelle… en direct de la Martinique, que le premier Président de la République du nouvel Etat, en la personne de Jean-Louis BRIAND prêtera serment ce matin, en présence probablement d'une foule enthousiaste en délire… l'Histoire a ses rendez-vous que seule connaît l'Histoire...
Que dire de Jean-Louis BRIAND ...
Le nouveau Chef de l'Etat, dont le mandat, d'une durée d'un an, prend effet à partir de ce jour, est né à la Martinique, une cinquantaine d'années, ingénieur agronome de formation, grand amateur de zouk ,de Richard WAGNER, admirateur de Picasso pour la peinture. Il a joué un rôle de premier plan à l'occasion des événements qui ont conduit à l'indépendance de la Martinique.
Très proche collaborateur de DELGRES et apprécié par son entourage, l'homme qui a séjourné longtemps en Europe, ne faisait pas mystère de ses choix nationalistes au service d'une Martinique, qu'il n'a jamais cessé d'aimer, malgré l'éloignement, ses écrits et son action en portent témoignage.
Responsable du maquis de la Région de Saint Pierre et chargé d'une mission de liaison auprès du gouvernement provisoire, il s'en est acquitté avec brio, mettant en échec tous les pièges placés à son encontre par les services secrets français de renseignements, et de sécurité militaire.
Lors des premières élections régionales au titre desquelles je reviendrai plus loin, BRIAND a conduit la liste du M.D.C. pour la Région du Centre, obtenant au bénéfice de son parti un score de 82 %.
Aux termes de la Constitution adoptée il y a trois semaines (voir plus loin), Jean-louis BRIAND a été nommé Président de la République par acclamation à l'occasion de la première session du Conseil de la République (le parlement).
Le Chef de l'Etat a déjà formé son gouvernement composé de 15 délégués de la République (ministres),et arrêté son programme économique et social qui portera entre autres sur :
L'instruction et la formation, l'acquisition et la maîtrise de trois modes d'expression dès l'école maternelle, anglais, français et espagnol, la langue créole fera l'objet d'une étude particulière, tendant à obtenir une uniformisation appropriée de son utilisation, au niveau des instances officielles, éducatives et culturelles de la Caraibe.
Une action sur la démographie, et le logement social.
La maîtrise de nos importations.
Le développement de l'agriculture vivrière, l'artisanat et la moyenne industrie.
La nationalisation du transport, du tourisme et des activités bancaires,ou une gestion concédée à des sociétés d'économie mixte pour ces secteurs… Par ailleurs, les législations (civile, travail, pénale, sociale, fiscale, commerce) seront adaptées pour tenir compte de nos réalités, et à ce sujet une commission composée de spécialistes, devra remettre un rapport à l'Exécutif, dans un délai maximum de 9 mois, sur cette base il sera légiféré en conséquence.
Enfin, le gouvernement a nommé trente conseillers diplomatiques qui représenteront la Martinique auprès de l'union des Etats de la Caraïbe, des grandes capitales, de l'Afrique du Sud du Sénégal pour l'Afrique et des Institutions internationales : l'O.N.U.(politique), l'O.I.T.(travail), l'U.N.E.S.C.O(culture),l' O.M.S.(santé), l'O.M.C.(commerce).,
Comme je l'avais indiqué ci-dessus, revenons une nouvelle fois en arrière pour faire état de l'évolution des choses, depuis le retour à la Martinique du gouvernement provisoire dirigé, je vous rappelle par Victor DELGRES, leader incontesté du M.C.D.
A la suite des grandioses festivités populaires consécutives à l'indépendance de la Martinique, il ne fallait pas que le doute s'installe dans les esprits.
Le gouvernement provisoire prit rapidement en main la situation, assurant la continuité des services publics et la poursuite des activités essentielles à l'économie du pays.
Sur le plan politique et donc l'adoption et la mise en place des institutions, les martiniquais se sont prononcés massivement au regard de leur première constitution, qui je le rappelle, garantit d'une façon solennelle le caractère démocratique de la vie publique, la séparation des pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire, le rôle primordial de l'Etat dans la conduite des affaires économiques, sociales et culturelles du pays.
Après une campagne électorale, haut en couleur et d'un niveau élevé au titre des idées, les martiniquais se sont prononcés :
le P.C.M.(Parti communiste martiniquais)n'ayant pas donné de consigne de vote…
le P.S.M.(Parti socialiste martiniquais) a fait compagne pour le oui…
le P.L.M.(Parti libéral martiniquais) a appelé à voter… non…
le P.P.M.(Parti progressiste martiniquais) étant rallié au M.D.C… au titre de son programme et pour l'adoption de la Constitution. J'ai relevé pour vous les chiffres ci-après :
abstention 8,6 %
participation 91,4 % Soit :
bulletins blancs ou nuls 3,8 %
non 9,2 %
oui 87,0 % Ce résultat a été accueilli avec le débordement d'enthousiasme que vous pouvez subodorer, et dans la foulée, ont été organisées les élections en vue de pouvoir, à la représentation des cinq régions politico-administratives économiques, qui ont donné les résultats ci-après d'une façon globale :
abstention 7,4 %
participation 92,6 % Soit un score pour :
le P.L.M. 2,0 %
le P.C.M. 7,0 %
le P.S.M. 14,0 %
le M.D.C . et le P.P.M. 77,0 % En nombre de sièges, il en ressort que le M.D.C et son allié le P.P.M. ont la direction des cinq régions, et qu'aux termes de la Constitution, ils disposent d'une confortable majorité au Conseil de la République (parlement) soit plus de 75 % des conseillers de la République (parlementaires).
Pour les auditeurs qui prennent l'écoute, je leur rappelle la grande information du jour, à savoir, que le Président de la Région du Centre, Jean-Louis BRIAND devient le premier Président de la République de la Martinique et prêtra serment ce matin à 11h45 précises (heure du protocole) à la Place de l'Indépendance, en présence des représentants de plus de 150 pays membres de l'O.N.U., au programme, hymne national, drapeau, et bals populaires dans toutes les villes du pays.
Vous devez savoir également, que le gouvernement provisoire, après avoir rendu un vibrant hommage aux combattants nationalistes, tombés pour une juste cause qui était la leur, a été dissout avec les honneurs, et que les milices populaires ont été désarmées, la sécurité intérieure et extérieure du territoire, sera désormais assurée par une garde nationale ayant statut militaire
Auparavant, le gouvernement provisoire dès son retour d'exil avait eu à gérer l'épineux problème des dérapages inévitables en période troublée, trahisons, désertions, pillages et dégradations de bâtiments publics…etc...
Par décret spécial, un tribunal des forces patriotiques a été institué, composé d'un officier général, deux officiers, quatre miliciens, et présidé par un magistrat civil, professionnel, de l'ex-juridiction d'appel de Fort de France.
En ne tenant pas compte des dénonciations calomnieuses, et autres lettres anonymes, 117 personnes avaient été arrêtées, toutes originaires de la Martinique, les observateurs objectifs ,et la presse internationale présente aux audiences, estiment que ce chiffre n'est pas élevé, compte tenu de la situation d'un pays dont les ressortissants ont été pendant des années, victimes de toutes sortes de pressions consécutives à l'Esclavage , au colonialisme, le "ventre"…une preuve éclatante ayant par là même, été donnée à l'opinion mondiale, que ce peuple fier, mais écrasé et humilié par l'Histoire , n'avait jamais renoncé à ce désir légitime, de recouvrer tôt ou tard ,une totale émancipation..., et après vérification, 51 détenus ont fait l'objet d'une instruction pénale et criminelle.
A la suite d'un procès qui s'est déroulé dans des conditions normales, le Tribunal militaire avait prononcé :
9 condamnations à la peine capitale pour haute trahison
15 condamnations à la réclusion criminelle à perpétuité
10 condamnations à 10 ans de prison Il y a eu 5 acquittements pour manque de preuve tangible, les autres accusés ayant été condamnés à des peines de 2 à 5 ans de prison.
Tous les condamnés à mort, qui ont reconnu les chefs d'accusation retenus à leurs charges, ont demandé pardon à la Nation, et à leurs familles.
Ils auraient dû être passés par les armes sous les ordres d'un peloton d'exécution, mais par mesure de clémence, le gouvernement provisoire a commué la sentence en bannissement, c'était sa dernière décision oficielle.
Dès leur levée d'écrou, ces personnes condamnées, dont les biens ont été saisis au profit de la collectivité, devront quitter à titre définitif, le territoire de la Martinique pour la destination de leur choix, dans un délai maximum de 24 heures.
Le rideau pour eux est baissé à jamais; enfin d'après mes informations, il se confirme que les personnes originaires de la Martinique, mais non résidants, disposeront d'un délai de deux ans pour choisir leur nationalité, passé ce délai, ils seront soumis à la formalité du visa pour toute entrée et séjour sur le territoire.
Quant à Victor DELGRES, le vainqueur, estimant que sa mission était terminée, il a décidé de se retirer de la vie politique pour rédiger ses mémoires.
L'homme rentre dans l'Histoire, par la grande porte de l'honneur.
C'était en direct de la Caraïbe, dans le cadre du 148ème anniversaire de l'abolition de la Traite des Noirs en Afrique, et de l'Esclavage à la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, la Réunion, une contribution pour l'Histoire, de votre envoyé spécial...,
Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
Le Musée de la Femme Henriette Bathily est situé sur l'île de Gorée (Sénégal), en face de la Maison des Esclaves.
D'après un projet conçu dès 1987 par le cinéaste Ousmane William Mbaye, il a été lancé en juin 1994 sous la direction d'Annette Mbaye d’Erneville
Dans cette belle demeure coloniale à deux étages, construite en 1777 et ayant appartenu à une riche signare, Victoria Albis, on trouve des objets usuels, des outils agricoles, des instruments de musique, des poteries, des vanneries, ainsi que des photographies permettant de mieux comprendre la vie quotidienne de la femme dans le pays. Les grandes figures de l'émancipation féminine au Sénégal y sont aussi célébrées, par exemple la romancière Aminata Sow Fall.
Des ateliers y sont organisés et les femmes de l'île s'y retrouvent pour travailler ensemble, suivre des cours d'alphabétisation ou recevoir une formation à l'artisanat (teinture, batik, tissage ou broderie traditionnelle). Des projets spécifiques sont destinés aux femmes handicapées.
L'institution semble pâtir du voisinage immédiat de la Maison des Esclaves qui draine tous les visiteurs venus à Gorée, mais la fonction d'animation et la portée sociologique de ce premier musée dédié aux femmes sur le continent africain sont indéniables.
Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
Léopold Angrand (1859-1906) est un notable métis descendant de Signare de Gorée. Fils de Pierre Angrand (1820-?) et de la riche Signare Hélène de Saint-Jean (1826-1859, morte en couche), elle même petite-fille du gouverneur Estoupan de Saint-Jean et de la Signare Marie Thérèsse Rossignol.
Léopold Angrand fut marié à Mathilde Faye Guéloware, nièce du Bour (roi) Sine Coumba Ndofféne Diouff. Parmi ses descendants l'on trouve ses fils Armand-Pierre Angrand, auteur d'un livre consacré au peuple Lébou et d'un dictionnaire français-wolof ; un autre fils Alexandre Angrand siéga au conseil général de la colonie du Sénégal et fut l'ami intime du chef religieux musulman Seidou Nouroutal. Le prénom Léopold fut donné à sa mort en 1906 à Sédar Senghor, poète-président, par le père de ce dernier, Dioko Senghor, ami intime et collaborateur de Léopold Angrand.
Un arrière-petit-fils de Léopold Angrand, petit-fils d'Alexandre Angrand, Jean-Luc Angrand publie en 2006 Céleste ou le temps des signares, un livre qui retrace la vieille histoire des mulâtres du Sénégal à travers le règne des Signares et met fin au mythe de la Maison des Esclaves de Gorée.
Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
Armand Pierre Angrand (1892-1964) fut maire de Gorée et de Dakar en 1934.
Fils de Léopold Angrand (1859-1906), notable métis descendant de Signare de Gorée. Petit-fils de Pierre Angrand (1820- ?), riche armateur et négociant de Joal, et d'Hélène de Saint-Jean (1826- 1859), petite-fille d'Estoupan de Saint-Jean qui signa la capitulation de Gorée en 1758 face aux Britanniques.
Il a écrit un guide élémentaire destiné aux Européens (Manuel français-ouolof, avant-propos de Théodore Monod), vivant au Sénégal et devant leur fournir les éléments de base sur lesquels ils pourront, le cas échéant, asseoir leurs acquisitions ultérieures. Avec en annexe les curiosités de la langue ouolof et des appendices sur les principales tribus ouolof (sant) et la composition des noms individuels).
Dans une autre œuvre il présente l'origine du peuplement de la région de Dakar (Sénégal). Dans Les Lébous de la presqu'île du Cap-vert (1951), il fait une approche sur les coutumes des Lébous et leurs parentés avec les anciens Égyptiens nilotiques (Égypte = Kemet, littéralement « pays des Noirs »).
Sur le même thème, en 1951 et en partant des recherches embryonnaire d'Armand Angrand , Cheikh Anta Diop (1923-1986), historien et anthropologue sénégalais, prépare sous la direction de Marcel Griaule une thèse de doctorat à l'Université de Paris, dans laquelle il affirme que l'Égypte ancienne était peuplée d'Africains noirs et que la langue et la culture égyptiennes se sont ensuite diffusées dans l'Afrique de l'Ouest. Il ne parvient pas à rassembler un jury pour examiner cette thèse. Elle rencontre pourtant un grand écho sous la forme d'un livre, Nations nègres et culture, publié en 1955.
Armand-Pierre Angrand fut également l'un des correspondants au Sénégal de Universal Negro Improvement Association (UNIA), mouvement crée par Marcus Garvey. Il ne fut jamais arrêté malgré la découverte d'une trace d'expédition d'un « bunble of Negro World ». Les investigations des services de sécurité français ne permirent pas non plus d'arrêter John Kamara, représentant de l’UNIA.
Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
En 1786, Gorée accueille son nouveau Gouverneur, le chevalier Stanislas de Boufflers époux de la comtesse de Sabran; une membre de la famille du Rois Louis XVI. A Gorée, il rencontre et devient l'amant de la plus célèbre des Signare, Anne Pépin. Cette Signare comme ses cousines est une redoutable commerçante spécialisée dans le commerce en contrebande de la gomme arabique avec la complicité des Gouverneurs français et anglais qui se succédaient. Anne Pépin animent l'île de nombreuses fêtes qui resteront longtemps dans la mémoires des habitants de l'île. Les signares comme Anne Pépin font construire par leurs serviteurs-artisans des maisons dont l'architecture est d'inspiration provençals et italienne.
Depuis le 18 siècle et jusqu'à nos jours en 2007, la liaison entre Anne Pépin et le Chevalier Stanislas de Boufflers fait partie du patrimoine historique et romanesque de l'île de Gorée. La comtesse de Sabran apprenant cette liaison par un Abbé mondain écrit 1787 au Chevalier de Boufflers " pense à moi dans les bras de ta belle".
Anne Pépin, la romantique et rusée commerçante est aussi la soeur de Nicolas Pépin qui fit construire, la jolie maison rose avec un double escalier, appelée "Maison d'Anna Colas" au 19 siècle par les voyageurs qui y louaient des chambres.
Anne Pépin est quelque fois confondus avec sa niéce, Anna Colas Pépin 1786-186?, qui eut aussi son heure de gloire en 1846, quant elle reçut à Gorée, le fils du Roi de France Louis Philippe; Le Prince de Joinville. Anna donc, la nièce est visible de nos jours sur un tableau au musée de Versailles ou elle est représenté en compagnie du Prince sur la place de Gorée.
Anne Pépin, la tante, elle n'a pas laisser d'image mais elle fait plus que jamais partie du patrimoine historique et littéraire de la France et du Sénégal.
Léopold Sédar Senghor poète universelles écrivit plusieurs sur les Signares; elles apparaissent notamment dans le poème "Joal", volume "Chants d'ombre". Un descendant d'Anne Pépin, Jean Luc Angrand, historien de Gorée dédia plusieurs poèmes aux signares dans son livre "Céleste ou le temps des signares".
Il semble que le tourisme basée sur le concept signare et la valorisation de ce patrimoine féminin unique dans l'histoire soit la seule stratégie viable pour développer l'économie de l'île de Gorée, appelée "petite Ithaque" par le Chevaliers Stanislas de Boufflers amant de la belle Anne Pépin.
Fait important les signares furent généralement opposées à la traite des esclaves; elles avaient l'habitude d'en racheter aux négriers; ceux ci avaient la possibilité de rester ou de partir quant ils le souhaitaient. Elle n'hésitaient pas a faire monter le prix d'achat des esclaves en les rachetant au plus haut pour dissuader au-temps que possible, la compagnie de traite, ce qui rendait l'achat d'esclaves peu rentable dans cette région du Sénégal. De nombreux Gouverneurs s'en plaignirent aux autorité royale. Lettre du Gouverneur Le Brasseur au Ministre de la Marine et des Colonie monseigneur de Sartine* :
J'ose dire monseigneur, en finissant que les signares traiteront des nègre à la côte et n'en revendront pas un seul...; Lorsqu'elles ont vu un nègre pendant un mois dans leurs cases, elles n'ont plus la force de s'en détacher et si dans la suite ont veut les y forcer, elles diront qu'elles en veulent pour 100 pistoles afin d'être assurées d'un refus. Le prix d'achat d'un esclave était en moyenne de 20 pistoles.
Mémoire du Gouverneur Le Brasseur, fond colonie, microfilm C6-17 et 16, Archives Nationales de France, Paris
Publié le 19/08/2007 à 12:00 par feobus
Stanislas Jean, marquis de Boufflers, plus souvent appelé chevalier de Boufflers, est un poète français né à Nancy le 31 mai 1738 et mort à Paris le 18 janvier 1815.
Stanislas de Boufflers était le fils de Louis François marquis de Boufflers et de la marquise, la belle et spirituelle Marie Françoise Catherine de Beauvau-Craon. Il grandit à la cour de Lunéville où il eut pour parrain le roi Stanislas, dont sa mère était la maîtresse en titre.
D'abord destiné à l'Église, il passa deux ans au séminaire de Saint-Sulpice où il composa un conte légèrement licencieux, Aline, reine de Golconde, qui connut un grand succès. Peu fait pour l'état ecclésiastique, il quitta le séminaire sans avoir prononcé de vœux et, afin de pouvoir conserver un bénéfice de 40.000 livres dont le roi Stanislas l'avait pourvu, il se fit chevalier de Malte. Il entra au service ; fut nommé colonel de hussards en 1772. Il s'illustra sur les champs de bataille et gravit tous les échelons jusqu'au grade de maréchal de camp, qu'il obtint après la campagne de Hanovre. Il quitta l'armée en 1784.
Avant d'épouser Mlle de Sabran, il voulut rembourser une dette qu'il avait contractée et, dans ce dessein, obtint en 1785 du marquis de Castries, secrétaire d'État à la Marine de Louis XVI, la charge de gouverneur du Sénégal et de l'île de Gorée. Administrateur avisé et humain, il s'attacha à mettre en valeur la colonie tout en limitant la traite des esclaves. Il laissa le souvenir d’un train de vie fastueux et de liaisons avec les signares de Gorée, en particulier la célèbre Anne Pépin, dont la nièce Anna Colas Pépin possédait la demeure connue aujourd'hui sous le nom de Maison des Esclaves[1]. Il quitta le Sénégal le 29 décembre 1787, regretté par les colons comme par les indigènes.
À son retour en France, il épousa Éléonore de Sabran et remboursa ses dettes grace au commerce de contrebande (gomme arabique et or) qu'il fit avec sa maitresse goréenne, la signare Anne Pépin[2]. Il fut élu à l'Académie française en 1788. Député de la noblesse aux États généraux de 1789, il émigra après le 10 août 1792 et trouva refuge en Prusse. Il revint en France après le 18 brumaire (1800) et se rallia à Bonaparte. Courtisan de la princesse Élisa Bonaparte, il chanta également les louanges du roi Jérôme. Il se fit nommer bibliothécaire-adjoint de la Bibliothèque Mazarine et reprit son fauteuil à l'Académie française en 1803. Son esprit lui ouvrit les portes des salons de l'Empire, même si l'on avait peine à reconnaître dans ce vieillard empâté et peu soigné le fringant officier de jadis.