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Ce blog regroupe des articles sur les Afro Antillais, qui font l'actualités dans le monde.
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Léon Gontran Damas

Publié le 20/08/2007 à 12:00 par feobus
Métis blanc, amérindien, noir, né en Guyane, co-fondateur du mouvement de la négritude avec Césaire et Senghor, grand amateur de jazz, il publia en 1937 Pigments, recueil de poèmes où il se révolte avec violence contre l'éducation créole, sorte de « camisole de force » imposée par l'acculturation. Il fit à Paris des études de droit puis, à l'École des langues orientales de russe, de japonais et de baoulé. Un de ses grands thèmes est la honte de l'assimilation. Engagé dans la politique, il fut député de Guyane


Léon Gontran Damas naquit à Cayenne, dernier des cinq enfants de Ernest Damas (1866-?), mulâtre européen-africain, et de Bathilde Damas (1878-1913), Métisse amérindien-africain originaire de Martinique. Une sœur jumelle, Gabrielle, née quelques minutes avant, mourut en bas-âge. À la mort de sa mère, son père confia leurs cinq enfants à sa sœur Gabrielle Damas. En 1924, Léon-Gontran fut envoyé en Martinique pour ses études secondaires au Lycée Victor Schoelcher ; c'est là qu'il rencontra Aimé Césaire qui allait être pendant longtemps son proche ami et collaborateur.

En 1929, il vint à Paris pour ses études supérieures. C'est là qu'il rencontra Léopold Sédar Senghor. En 1935, les trois jeunes gens publièrent le premier numéro de la revue littéraire L'Étudiant Noir, fondatrice pour ce qui allait être appelé la négritude, mouvement littéraire et idéologique d'intellectuels noirs francophones rejetant la domination occidentale en matières politique, sociale et morale.

En 1937, Damas publia son premier livre de poésie, Pigments. Damas s'engagea dans l'Armée française durant la Seconde Guerre mondiale, et fut ensuite député de Guyane (1948-1951). Dans les années suivantes, il voyagea et donna des conférences un peu partout en Afrique, aux États-Unis, en Amérique Latine et dans les Antilles. Il fut aussi l'un des rédacteurs de Présence africaine, important périodique d'études noires, et délégué auprès de l'UNESCO pour la Société Africaine de Culture.

En 1970, Damas vint à Washington DC, où il enseigna à Georgetown University, puis devint professeur à l'Université Howard. Il y demeura jusqu'à son décès en janvier 1978. Il fut enterré en Guyane.

Message

Publié le 20/08/2007 à 12:00 par feobus
Message

"Il est juste et nécessaire pour l'Organisation internationale de la Francophonie, par ma voix, de vous fêter." Par fidélité envers Léopold Sédar Senghor, son "maître et père spirituel", Abdou Diouf rend hommage à Aimé Césaire, un autre élève et ami du poète et homme d'Etat sénégalais.
"Ce pont qui repose sur les trois piliers que sont: le pilier antillais, le pilier africain et le pilier de la francophonie, nous devons, à tout prix, le maintenir et le renforcer" insiste le secrétaire général de l'OIF dans son message-hommage au poète, dernier survivant des trois "Pères de la Négritude" : Senghor, Césaire, Damas.

Aimé Césaire est né à Basse-Pointe (Martinique) le 26 juin 1913. Remarqué par André Breton, baptisé "Orphée noir" par Jean-Paul Sartre, l'auteur du "Cahier d'un retour au pays natal", grand prix de poésie de l'Académie française, a été député de la Martinique de 1944 à 1993 et maire de Fort-de-France de 1945 à 2001. Partisan de la départementalisation et de l'autonomie de la Martinique au sein de la République française, il s'est toujours opposé aux militants de l'indépendance martiniquaise.

Son Excellence M. Abdou DIOUF,
à M. Aimé CESAIRE, à l'occasion de ses 90 ans

Cher Maître,

En ce jour où la communauté intellectuelle et artistique fête vos quatre-vingt-dix ans, il me plaît de mêler ma voix à ce concert, d'hommages que des hommes et des femmes, aux quatre coins du monde tiennent à vous rendre.

Parti de Martinique, c'était hier, jeune adolescent, nourri de latin et de grec, vous alliez à la conquête de Paris.
Le lycée Louis-le-Grand vous ouvrit ses portes et c'est dans cette prestigieuse institution qu'un heureux hasard - si tant est qu'il existe- vous fit rencontrer Léopold Sédar Senghor, un homme qui allait marquer votre destinée et vous, la sienne.

Voilà donc que l'Antillais et l'Africain, le Martiniquais et le Sénégalais décident de réhabiliter la culture de leur pays. Léon Gontran Damas, le Guyanais se joignit à vous. C'est ainsi que sur les bords de la Seine, allait être lancé un puissant mouvement qui avait pour ambition première de relever la race noire niée, brimée et bafouée par cinq siècles d'esclavage et de colonisation.

Dans ce Paris fébrile des années 30, vous fûtes à l'avant-garde de ce combat mémorable contre les tenants d'un passé d'humiliation et de servilité. Les grands esprits de la Négro Renaissance comme le Dr Dubois, Claude Mac Kay, Langston Hughes, les travaux des africanistes tel Léo Frobenius, la vogue des arts nègres à l'image de la musique de jazz illustrée par Ella Fitzgerald et Joséphine Baker, de la peinture et de la sculpture, vous donnèrent des armes miraculeuses pour aller à l'assaut de la citadelle occidentale.

A l'instar de Légitime Défense, revue de vos camarades antillais, vous lançâtes L'Etudiant noir qui allait révolutionner la vision de la civilisation nègre.

Pionnier de la poésie noire d'expression française, vous êtes les premières voix nègres, vous que Sartre appelait de ce nom mythique d'Orphée noir.
Pigments de Léon Gontran Damas, votre Cahier d'un retour au pays natal et Chants d'ombre de Léopold Sédar Senghor parurent respectivement en 1937, 1939 et 1945.
Aujourd'hui, alors que vos deux condisciples, vos deux compagnons s'en sont retournés auprès de leurs ancêtres, vous continuez à porter encore une part de l'expression du destin de la civilisation noire.
Ce noble combat pour votre peuple, vous l'avez toujours mené dans un esprit de fraternité. C'est sans doute ce qui explique votre engagement politique pour un meilleur sort de vos compatriotes, à l'instar de votre plus-que-frère, l'enfant de Joal, comme vous, créateur par le verbe et par l'action.
Vous avez également milité, sans complexe aucun, pour le français dont vous êtes un orfèvre.
N'est-ce pas André Breton qui écrivait, parlant de vous, "et c'est un Noir qui manie la langue française comme il n'est pas aujourd'hui un Blanc pour la manier?"
Votre francophonie, vous la viviez déjà dans l'abondance de vos oeuvres qui font chanter la langue de Voltaire dans tous les genres: poésie, tragédie, essai et histoire. Vous manifestez dans vos écrits ce que le père du surréalisme appelait le don du chant, la capacité du refus, le pouvoir de transmutation spéciale.
Voilà pourquoi il est juste et nécessaire pour l'Organisation internationale de la Francophonie, par ma voix, de vous fêter. Car cet enrichissement de la langue française, qui est l'objectif de notre Institution, est lisible et visible dans votre style au vocabulaire si vaste et si savant qui porte la marque du grand maître de langue que vous êtes.

Votre enracinement dans les valeurs du monde créole, partie intégrante de votre négritude, vous l'avez proclamé et inscrit dans le premier mouvement du Cahier d'un retour au pays natal. C'est votre "île non clôture, sa claire audace debout à l'arrière de cette polynési, devant elle, la Guadeloupe fendue en deux, de sa raie dorsale et de même misère que nous, Haïti où la négritude se mit debout pour la première fois et dit qu'elle croyait à son humanité et la comique petite queue de la Floride ou d'un nègre s'achève la strangulation, et l'Afrique gigantesquement chenillant jusqu'au pied hispanique de l'Europe, sa nudité où la Mort fauche à larges andins."

A vrai dire votre négritude, vous avez toujours refusé de la réduire à ce rien ellipsoïdal pour la vivre comme une postulation irritée de la fraternité montrant ainsi, avec vos amis Damas et Senghor, que votre combat pour la race noire n'était pas un repli identitaire mais bien un enracinement et une ouverture vers les autres.
C'est un pont que votre génération a voulu jeter d'abord entre l'Afrique et la Caraïbe mais ensuite entre l'Afrique et l'Europe, entre l'Afrique et les Amériques pour célébrer cette civilisation pan humaine ou pour reprendre votre mot, ce grand «rendez- vous du donner et du recevoir».

Il me faut conclure.
J'ai évoqué ce moment, entre tous fondateur, où vous avez rencontré, dans la cour du lycée Louis-le-Grand, Léopold Sédar Senghor.
De cette rencontre allait naître une immense idée, et plus encore qu'une idée, un idéal. Cet idéal ne tarderait pas à porter un nom que vous lui avez donné: la Négritude.
J'ai dit que vous aviez jeté l'un et l'autre un pont entre les Antilles et l'Afrique au nom de la Négritude. De cela, nous ne vous remercierons jamais assez.
Mais permettez-moi, Cher Maître, d'ajouter et je le dis avec ferveur en me tournant vers les jeunes générations qui n'ont pas connu les combats que vous avez menés permettez-moi d'ajouter, dis-je, que ce pont de chair et de sang, ce pont qui repose sur les trois piliers que sont: le pilier antillais, le pilier africain et le pilier de la francophonie, nous devons, à tout prix, le maintenir et le renforcer.
Pilier francophone oui, car, n'oublions pas, cher Maître, que cette première rencontre s'est produite dans un des hauts lieux français des savoirs. C'est là un bien grand mystère.
Dans les années 30, en effet, la France est une puissance coloniale. Et pourtant, les meilleurs fils d'outre-mer sont invités a parachever leur enseignement dans les plus grands lycées de Paris, avant d'accéder aux meilleures écoles supérieures.
C'est cette France-là que Léopold Sédar Senghor et vous-même avez connue, appréciée et, je le sais, aimée. C'est cette France-là. par l'intermédiaire de sa langue, qui nous réunit.

Par fidélité envers mon Maître et Père spirituel que fut Léopold Sédar Senghor, par fidélité envers l'engagement qui fut le votre a tous les deux, je veux rester le gardien vigilant de ce pont et mon voeu le plus cher est que les plus jeunes d'entre nous s'y engagent avec joie et bonheur au lieu de se replier sur un communautarisme étroit.

Avoir le sens de l'histoire tout en refusant que ce sens fige votre vision du présent et de l'avenir.
Voilà la grande et belle leçon que vous n'avez cessée de nous donner tout au long de votre combat, toujours héroîque et souvent douloureux.

Monsieur Césaire, l'ami deux fois Aimé, mon Cher Maître, voilà que quatre-vingt-dix années viennent d'être égrenées à travers les multiples combats que vous avez menés sur tous les champs de bataille où se jouait le destin culturel et politique de vos frères de race, un combat noble car exempt de cette haine pour la quelle vous n'avez que haine.

En vous souhaitant un joyeux anniversaire, je vous envoie, Cher Maître, mes pensées affectueusement fidèles et le souvenir de ma profonde gratitude.

Abdou Diouf

Thélus Léro

Publié le 20/08/2007 à 12:00 par feobus
Thélus Léro (Né le 22 février 1909 au Lamentin en Martinique) était Sénateur de la Martinique de 1946 à 1948.


Thélus Léro était Professeur de Mathématiques et un intellectuel reconnu en Martinique. Il fut très jeune un militant communiste auprès des leaders marxistes de l'époque, Léopold Bissol, René Ménil et surtout Jules Monnerot, fondateur du mouvement communiste en Martinique. En 1936, on assiste à la fusion de deux mouvements communistes, le groupe "Jean Jaurès" et "le Front Commun" composé de Thélus Léro, René Ménil, Georges Gratiant et Victor Lamon pour former "La Région Communiste de la Martinique", l'équivalent d'une fédération communiste locale. Thélus Léro en devient le secrétaire fédéral, fonction qu'il occupera jusqu'en 1946.

En 1932, un groupe d’intellectuels martiniquais composé de: Thélus Léro, Etienne Léro, Jules-Marcel Monnerot, Auguste Thésée, Michel Pilotin, Maurice-Sabas Quitman et Pierre Yoyotte publie un manifeste connu sous le nom de Légitime Défense , qui est une réflexion critique sur la littérature et l'identité martiniquaise. Dans ce manifeste, ils s'interrogent sur l'avenir de la Martinique et dénoncent le colonialisme et le danger que représente, selon eux, la notion d’assimilation pour l’identité et la culture antillaise. Ils se dressent aussi contre l’aliénation des populations noires des Caraïbes face au pouvoir métropolitain. Pour certains d'intellectuels, le manifeste "Légitime Défense", est le point de départ de la littérature martiniquaise engagée.


A la fin seconde guerre mondiale, les communistes vont devenir la première force politique de la Martinique. Léopold Bissol et Aimé Césaire sont élus députés au Parlement. Ils remportent également 14 sièges sur 36 au Conseil Général. Aimé Césaire est élu Maire de Fort de France et Fernand Guilon, Maire du Lamentin. Les communistes l'emportent également à Basse-Pointe, Macouba, Saint-Esprit et au Morne Rouge.

En 1945, Aimé Césaire se présente aux Municipales à Fort de France, il est élu triomphalement, le 27 mai. Thélus Léro figurait sur la liste communiste présentée par Césaire. Il est élu adjoint au maire de Fort de France.

Thélus Léro est élu Sénateur de la Martinique du 15 décembre 1946 au 7 novembre 1948. Il siégeait au sein du groupe communiste au Sénat (Conseil de la République à l'époque).

Thélus Léro meurt le 22 juillet 1996 à l'âge de 87 ans.

En hommage à cet homme politique et intellectuel discret, une avenue porte son nom à Fort de France

Georges Gratiant

Publié le 20/08/2007 à 12:00 par feobus
Georges Gratiant est un avocat et homme politique né le 6 janvier 1907 dans la commune de Saint-Esprit en Martinique. Il fut le Maire du Lamentin de 1959 à 1989 et Président du Conseil Général de 1946 à 1947. Il est décédé en 1992.


Georges Gratiant nait le 6 janvier 1907 dans la commune de Saint-Esprit en Martinique. Il fait partie d'une famille de mulâtres aisés. Après des études secondaires au Lycée Schoelcher où il obtient son baccalauréat, Georges Gratiant entreprend en France des études de droit comme beaucoup de jeunes à son époque. Titulaire d'une licence de droit, il s'inscrit au barreau de Fort-de-France comme avocat. Sensible au sort de son peuple qui croupit dans la misère à l'époque, il sera séduit par les idées marxistes et deviendra naturellement un militant communiste.

Dans les années 30, il fonde avec René Ménil, Victor Lamon et Thélus Léro le groupe "Front commun" et en 1936 ils opèrent une fusion avec le groupe "Jean Jaurès" pour former en 1938 la "Région Communiste de la Martinique".

1941-1943 : Georges Gratiant participe en compagnie de René Ménil, d'Aristide Maugée, d'Aimé et de Suzanne Césaire à la rédaction de la revue Tropiques qui lutta contre l'aliénation culturelle et contre le régime de Vichy.

1945 : A la libération, Georges Gratiant comme tous les communistes de l'époque soutient l'assimilation et prendra une part active pour faire aboutir cette revendication.

1946 : Georges Gratiant est élu premier Président du Conseil Général du nouveau Département de la Martinique jusqu'en 1947.

1948 : Lors de "l'Affaire des 16 de Basse-Pointe", Georges Gratiant est l'un des avocats des seize ouvriers agricoles inculpés pour l'assassinat d'un propriétaire béké sur l'habitation Leyritz à Basse-Pointe. Au procès à Bordeaux en 1951, il contribue grandement par sa remarquable plaidoirie à l'acquittement des ouvriers agricoles.

Les 21 et 22 septembre 1957 : Georges Gratiant, René Ménil, Léopold Bissol et Victor Lamon fondent le P.C.M ( Parti Communiste Martiniquais ). Le P.C.M aura comme mot d'ordre l'autonomie pour la Martinique. Le 14 février 1960, le P.C.M adopta un nouveau projet de statut pour la Martinique en proposant un territoire autonome fédéré à la République Française. les pouvoirs du territoire seraient exercés par une Assemblée législative et par un Conseil de Gouvernement.

1961 : Lors de la grève des ouvriers agricoles du Lamentin, les gendarmes tirent sur la foule et provoquent la morts de trois ouvriers. Aux obsèques, Georges Gratiant prononce le célèbre "Discours sur les trois tombes" : Qui veut du pain aura du plomb, au nom de la loi, au nom de la force, au nom de la France, au nom de la force de la loi qui vient de France. Ce discours provoque la colère du ministre des armées Pierre Messmer qui poursuit Georges Gratiant devant les tribunaux mais celui-ci obtint finalement gain de cause.

Georges Gratiant passa toute sa vie à se battre contre les injustices et il s'y employa notamment à travers son métier d'avocat le plus souvent à ses risques et périls. Il participa également dans les luttes anticolonialistes et prit fait et cause pour la dignité martiniquaise notamment dans l'affaire O.J.A.M. et lors de la terrible grève de 1974.

1989 : Georges Gratiant après avoir été maire du Lamentin pendant trente ans et après avoir fait de cette commune la deuxième ville de la Martinique annonce qu'il ne se représente pas aux municipales et soutient la candidature de son premier adjoint Pierre Samot.

1992 : Après s'être retiré progressivement de la politique, Georges Gratiant meurt le 20 juin 1992 à l'âge de 85 ans. En son hommage, le stade de Place d'Armes au Lamentin fut baptisé, il y a quelques années, du nom de Georges Gratiant.

René Ménil

Publié le 20/08/2007 à 12:00 par feobus
René Ménil (Né 1907 au Gros-Morne en Martinique) est un philosophe et essayiste français. Il était professeur de philosophie au lycée Victor-Schoelcher de Fort-de-France. Il est avec Césaire, Fanon et Glissant l'un des plus grands penseurs martiniquais.


René Ménil fait ses études en France métropolitaine où il côtoie les écrivains surréalistes. Il est également très proche du Parti communiste français qui le forme à l’idéologie marxiste. Il est un des intellectuels qui, au contact des mouvements de décolonisation et formés à l'idéologie marxiste, entreprirent de sortir la pensée antillaise de l'assimilation vers l'autonomie. Une prise de position qui, dans le contexte historique de l’époque, s’apparente à de la résistance. En 1932, alors professeur de philosophie, il publie un manifeste connu sous le nom de Légitime Défense avec un groupe d’intellectuels : Etienne et Thélus Léro, Jules Marcel Monnerot ou Auguste Thésée, aussi impliqués que lui dans une réflexion sur l’avenir de la Martinique et sur leur identité.

Dans ce manifeste, ils dénoncent le colonialisme et le danger que représente, selon eux, la notion d’assimilation pour l’identité et la culture antillaise. Dans le manifeste "Légitime Défense" on pouvait lire cette déclaration sur les comportements et attitudes de l'antillais victime d'aliénation culturelle : « l'Antillais, bourré à craquer de morale blanche, de culture blanche, de préjugés blancs, étale dans ses plaquettes l'image boursouflée de lui-même. D'être un bon décalque d'homme pâle, lui tient lieu de raison sociale aussi bien que de raison poétique[1]. » En outre, René Ménil et ses compagnons se dressent aussi contre « l’aliénation des populations noires des Caraïbes face au pouvoir métropolitain ».

C’est donc à travers la résistance politique qu’une littérature martiniquaise dite « engagée » s’est structurée et développée. Avec la Seconde Guerre mondiale, le régime de Vichy, alors incarné par l’amiral Robert, prend place au cœur de la Martinique. Face à l’arbitraire, René Ménil s’engage alors aux côtés d’Aimé Césaire, Suzanne Césaire, Aristide Maugée et Georges Gratiant dans la publication de Tropiques, en 1941. Dans une veine littéraire classique et soutenue, ces intellectuels fustigent clairement la colonisation, l'assimilation et le nationalisme français. La revue est interdite deux années plus tard. Après la guerre, Aimé Césaire, son compagnon de route, fonde le Parti progressiste martiniquais mais, lui, restera fidèle au Parti communiste.



En 1946, la Martinique devient département français et une partie des intellectuels de l’île s’intéressent de plus en plus aux mouvements internationaux de décolonisation. René Menil, quant à lui, reste fidèle à son parcours politique et publie Tracées, qui, plus tard, devait devenir Les Antilles déjà jadis, un ouvrage de référence. Dans tous ses écrits, René Ménil à proposé à ses lecteurs une vision toujours critique de la société dans laquelle il vivait et de la littérature contemporaine. Il n’a cessé durant toute sa vie de plaider pour une véritable littérature antillaise et de chercher à définir l'identité martiniquaise. En effet, il fut un des premiers à dégager les contours de la culture antillaise et à indiquer les voies de son émergence. La culture antillaise dit-il : « c'est une façon d'être, de se comporter, de parler...Ce sont les croyances répandues dans nos campagnes et nos villes, ce sont ces fêtes et ses danses, ces objets fabriqués par nos artisans, cette littérature publiée par nos écrivains, ces gestes, ces attitudes corporelles dans la marche ou dans la danse, les expressions du visage dans la conversation, la façon de raconter et les tours du langage, les éléments spécifiques de l'habitat, toutes choses pour l'essentiel inimitables et dont l'ensemble a donné lieu à la formation d'une communauté psychique, d'une mentalité commune... Antillaise est notre culture, pour avoir réuni au cours de l'histoire et combiné ensemble dans un syncrétisme original tous ces éléments venus des quatre coins du monde, sans être aucun de ces éléments en particulier[2]. »


Les 21 et 22 septembre 1957, René Ménil, Georges Gratiant, Léopold Bissol et Victor Lamon fondent le Parti communiste martiniquais. Le PCM aura comme mot d'ordre l'autonomie pour la Martinique. René Ménil et le PCM considèrent que, malgré la transformation de la Martinique en département d'outre-mer, sa situation économique et sociale n'a guère évoluée et préconisent purement et simplement pour elle une évolution statutaire. Mais il faudrait selon René Ménil préparer le peuple martiniquais à accepter ce changement en accélérant la prise de conscience nationale. Le 14 février 1960, le PCM adopte un nouveau projet de statut pour la Martinique en proposant un territoire autonome fédéré à la République française. Les pouvoirs du territoire seraient exercés par une Assemblée législative et par un Conseil de Gouvernement.

En 1999, il recevait le Prix Franz Fanon pour son essai "Les Antilles déjà jadis".

Le philosophe et écrivain martiniquais, René Ménil meurt le 29 août 2004 à 97 ans.



Aimé Césaire

Publié le 20/08/2007 à 12:00 par feobus
Aimé Césaire
Biographie

Aimé Césaire est né à Basse Pointe en Martinique le 26 juin 1913. Son père était instituteur et sa mère couturière. Ils étaient 6 frères et soeurs.Son père disait de lui "quand Aimé parle, la grammaire française sourit..."


Après avoir obtenu son baccalauréat et le "Prix de l'élève le plus méritant", il obtient une bourse et arrive à Paris en 1931 pour poursuivre ses études, qui le conduiront du lycée Louis-le-Grand à l'École normale supérieure. En 1934, il fonde la revue l'Etudiant noir avec Senghor, Damas, Sainville et Maugée.


En 1936 il commence à écrire. Père du mouvement de la négritude, il déposera sur un cahier d'écolier les mots de la colère, de la révolte et de la quête identitaire donnant ainsi naissance à son oeuvre poétique majeure, le Cahier d'un retour au pays natal, publié en 1939 date de son retour en Martinique. Il enseigne au lycée de Fort de France. En 1941, il fonde la revue Tropiques.


Il s'engage en politique dans les rangs du Parti communiste français qu'il quittera en 1956 pour fonder deux ans plus tard le Parti progressiste martiniquais (PPM). En 1945 il devient maire de Fort-de-France et député de la Martinique. Son Discours sur le colonialisme (1950) dira sous la forme du pamphlet toute son hostilité au colonialisme européen. La politique, la poésie mais aussi le théâtre. Césaire est, également, dramaturge. Sa pensée se trouve au carrefour de trois influences: la philosophie des Lumières, le panafricanisme et le marxisme.


Moi, Laminaire publié en 1982 et La poésie (Seuil ) en 1994 sont les derniers livres en date. En 1993, il met un terme à une longue carrière parlementaire. Il a été maire de Fort-de-France plus de cinquante ans. Aux dernières élections municipales en 2001 il a passé le flambeau à Serge Letchimi.

une insulte à tous les descendants d’esclaves

Publié le 20/08/2007 à 12:00 par feobus
La France, puissance coloniale Européenne, s’enorgueillit de disposer de la base spatiale de Kourou, en Guyane française. Ce fleuron de la haute technologie, fait de la France, et de l’Union Européenne, par voie de conséquence, des acteurs majeurs de la conquête de l’espace, au même titre que les américains et les russes, voire les chinois. La coexistence sur le territoire Guyanais, de la haute technologie spatiale,et des derniers peuples amérindiens et bonis (descendants d’esclaves marrons) illustre le paradoxe de ce "département d’Amérique", en fait dernière colonie subsistant sur le continent sud Américain.

L’histoire de la Guyane, est occultée par la base de Kourou. Il y a moins de 60 ans, le bagne, dernier vestige concentrationnaire de la civilisation française, y avait encore droit de cité. Plus loin dans le temps, en 1802, le gouverneur Victor Hugues, venait y rétablir l’esclavage, aboli une première fois en 1794 par la loi du 16 Pluviôse, an II. Ironie, du sort, ce même Victor Hugues, avait été chargé précisemment, en 1794, d’abolir l’esclavage à la Guadeloupe, où il s’était illustré en faisant guillotiner de nombreux colons et propriétaires d’esclaves...

Aujourd’hui, tout visiteur qui se rend en Guyane, arrive à l’aéroport de CAYENNE ROCHAMBEAU. Sans doute, quelques voyageurs, trop peu nombreux, se sont interrogés de savoir qui était ce personnage, dont le patronyme figure au fronton de l’aéroport.

L’excellent ouvrage de R.A PLUMELLE-URIBE « La férocité blanche », en fournit, entre autres références, une description suffisamment éloquente. Je pense également à l’essai d’Yves BENOT « La démence coloniale sous Napoléon ».

Le général ROCHAMBEAU, est l’inventeur des chiens bouledogues, mangeurs de Nègres à Saint Domingue.Il s’est illustré tout au long de sa vie par sa cruauté et sa haine sans limite vis-à-vis des Noirs. La description de la bataille de Port-de-Paix, à Saint Domingue (voir « la Férocité Blanche », précité) est édifiante. ROCHAMBEAU est le tortionnaire de MAUREPAS, valeureux combattant de la liberté, compagnon de TOUSSAINT LOUVERTURE, qui a été lâchement capturé par les hommes du général LECLERC.

Quelques fidèles lieutenants du héros de la lutte pour l’indépendance d’Haïti poursuivent la lutte contre les troupes envoyées par BONAPARTE en vue de rétablir l’esclavage. Parmi ces combattants, MAUREPAS s’illustre par sa bravoure et sa détermination. Défait par l’assaut des troupes françaises, plus nombreuses, conduites par Rochambeau, MAUREPAS est capturé. Torturé devant ses soldats, il doit subir l’ultime et cruelle humiliation de voir sa femme et ses enfants noyés devant lui, avant d’être exécuté à son tour, selon les instructions de Rochambeau.

Voilà donc qui était ce personnage dont l’aéroport de la Guyane porte encore le nom. Pourtant, ce pays compte, et a compté par le passé, nombre de personnalités illustres dont la renommée a largement dépassé les frontières naturelles du territoire : Félix EBOUE, Gaston MONNERVILLE, Léon-Gontran DAMAS, représentent quelques exemples non exhaustifs, des fils et filles de la Guyane, dont le patronyme prestigieux pourrait briller sur le fronton de l’aéroport international.

N’y tenant plus, j’ai fait part de ma stupeur à Mme TAUBIRA, député de la Guyane, et elle-même à l’origine de la loi sur la reconnaissance de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité. Je lui indiquais pour argumenter mon propos, qu’en Guadeloupe, le nom de RICHEPANSE, artisan du rétablissement de l’esclavage dans l’île, avait été effacé du fort qui surplombe la ville de Basse-Terre, pour lui attribuer le nom de DELGRES, héros de la lutte pour la liberté. Elle m’a répondu en m’indiquant que les démarches qu’elle a entreprises en vue de débaptiser l’aéroport du nom de Rochambeau, se sont heurtées jusqu’à présent, à la passivité, pour ne pas dire l’hostilité, des responsables politiques de la Guyane et des autorités administratives (rectorat notamment). Je tiens à la disposition des personnes intéressées le contenu de la réponse de Mme TAUBIRA.

En cette période où le besoin de renouer avec la vérité historique pour tous les enfants de la traite négrière n’a jamais été aussi fort, ne serait-il pas opportun que de nombreuses voies, puissent enfin s’unir dans ce nouveau combat ?

les ogres

Henry Christophe

Publié le 20/08/2007 à 12:00 par feobus
Henry Christophe
Né dans l'île de Grenade, esclave affranchi, il combattit à Savannah, dans l'État de Géorgie, pendant la guerre d'Indépendance américaine (1776-1783). Il se rendit ensuite en Haïti (1790) pour se joindre à la révolte des Noirs qui luttaient pour obtenir leur indépendance de la France, s'imposa rapidement comme l'un des chefs du mouvement et fut nommé général de brigade par le révolutionnaire noir Toussaint Louverture. Il prit part en 1802 à la défense de Cap-Français (actuel Cap-Haïtien) contre l'expédition du général Leclerc, à l'issue de laquelle Toussaint Louverture capitula. Après être devenu général en chef de Jean Dessalines, qui s'était proclamé Empereur de l'île en 1804, Christophe s'allia en 1806 au général haïtien Alexandre Pétion pour renverser Dessalines. En 1807, il se proclama à son tour président de la partie nord d'Haïti. Une courte guerre civile éclata entre les partisans de Christophe et ceux d'Alexandre Pétion et, en 1811, Christophe se couronna roi sous le nom de Henry Ier. Son règne fut tyrannique, mais il contribua à l'expansion économique du pays. Il fut célèbre pour les édifices qu'il fit réaliser, tels le palais de Sans-Souci et la citadelle Laferrière, près de Cap-Haïtien. En 1820, il fut terrassé par une attaque qui le laissa partiellement paralysé, et un soulèvement ne tarda pas à se déclarer. Accablé, il mit fin à ses jours dans son palais de Sans-Souci près de Cap-Haïtien.




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Henry Christophe, le troisième des chefs noirs de l'ancienne colonie de Saint-Domingue, naquit dans l'île de la Grenade (Petites Antilles) le 6 octobre 1767 ou, plus vraisembleblement, en 1757. Né de parents esclaves, il fut affranchi par un officier de marine français lors de la prise de la Grenade sur les Anglais par l'amiral d'Estaing. Il combattit à Savannah, dans l'État de Géorgie, pendant la guerre d'Indépendance américaine (1776-1783), et se rendit ensuite au Cap-Français, actuel Cap-Haïtien où, dit-on, il dirigea l'hôtel de la Couronne. Il fut également maître boucher dans la ville du Cap, pratiqua la vente des animaux d'élevage, et exerça les fonctions d'inspecteur des cultures sous Toussaint-Louverture. Mais ses dispositions réelles le portèrent plutôt vers le métier des armes.

Il ne prit aucune part à la première insurrection des esclaves, au mois d'août 1791. Mais quand elle se renouvela, en 1793, son intelligence et son activité lui ayant procuré quelque aisance et du crédit sur les hommes de sa condition, il devint un des chefs et participa aux pillages de la colonie. Car les planteurs, par leur orgueil et leur cruauté, avaient fini par réunir contre eux les Métis et les Noirs. Christophe se fit remarquer de Toussaint-Louverture, généralissime des insurgés, en 1797. Il fut élevé au grade de général de brigade, et contribua tout à la fois à l'expulsion des Anglais, qui avaient envahi l'Ouest de l'île (1798), et à l'expédition qui opéra momentanément la réunion de la partie orientale occupée par les Espagnols (janvier 1801).

Malgré leurs succès, les chefs de l'insurrection avaient conservé une sorte d'attachement et de respect pour la métropole. Si donc sous le Consulat le gouvernement français avait reconnu franchement la liberté des Noirs et les droits politiques des affranchis, il eut été certainement possible d'y faire reconnaître la suzeraineté de la France. Mais les anciens préjugés n'étaient pas dissipés à la cour des Tuileries : on ne croyait pas les Noirs susceptibles d'organisation, et on oubliait la capacité qu'avaient montrée les hommes de couleur depuis 1792.

On envoya une armée formidable, composée des bandes de l'Italie et des débris de l'armée d'Égypte, sous le commandement du beau-frère de Napoléon, Victor-Emmanuel Leclerc, avec le titre de capitaine général (18 novembre 1801). En même temps qu'on faisait inscrire sur les drapeaux : « Braves Noirs, la France reconnaît seule vos droits et votre liberté », le Corps législatif s'apprêtait à décréter l'esclavage dans les colonies restituées par le traité d'Amiens (20 mai 1802).

L'armée expéditionnaire arriva sur les côtes de l'ancienne colonie le 29 janvier 1802. Elle se présenta immédiatement devant le port du Cap-Français, où commandait Christophe (4 février), qui refusa de céder les forts et la place confiés à son commandement sans la permission de Toussaint-Louverture (Cf. Thomas MADIOU, Histoire d'Haïti, 1847-1848, t. II, chap. 22, p. 142). Il écrivit à Leclerc : « Si vous avez la force dont vous me menacez, je vous prêterai toute la résistance qui caractérise un général ; et si le sort des armes vous est favorable, vous n'entrerez dans la ville du Cap que lorsqu'elle sera réduite en cendres, et même sur ces cendres, je vous combattrai encore ».

Lorsque Leclerc débarqua, malgré la résistance qu'opposèrent les habitants et la milice, il donna l'ordre d'incendier la cité ainsi que tous les édifices publics. Cet événement aura un retentissement immense en Amérique et en Europe, et imprimera à la mémoire de Christophe une renommée presque ineffaçable de barbarie ; quoique cinq ans après, devenu souverain de cette partie de l'île, il se soit plu à embellir la nouvelle ville.

Après avoir été mis hors la loi par le capitaine général Leclerc, Christophe lutta les contre les troupes françaises. Mais à la fin d'avril, il accepta de se soumettre, après avoir obtenu d'être maintenu dans son grade (Cf. MADIOU, op. cit., 1847-1848, t. II, chap. 26, p. 246). Cette défection lui sera reprochée par Toussaint Louverture, qui devra lui-même rendre les armes le 6 mai 1802.

Toussaint Louverture fut alors employé contre les rebelles qui résistaient encore. Il profita cependant de l'affaiblissement de l'armée française, minée par la fièvre jaune, pour rejoindre les généraux Clairvaux et Pétion qui venaient de prendre l'initiative de l'insurrection. Il emporta d'assaut les avant-postes du Cap, assiégea la ville et participa à la campagne victorieuse de l'armée indigène, qui aboutira, le 19 novembre 1803, à la capitulation de Rochambeau, le successeur de Leclerc.

Les Français expulsés, il poursuivit sa carrière militaire au service du nouvel État haïtien dirigé par Dessalines : un décret impérial du 28 juillet 1805 le nomma général en chef de l'armée d'Haïti. Ce qui ne l'empêcha pas, en octobre 1806, d'entrer dans le complot qui renversa et tua l'empereur Dessalines. Les généraux insurgés offrirent de se rallier à lui, sous la condition qu'une constitution limiterait le pouvoir du chef de l'État (21 octobre). Christophe et son état-major adhérèrent à la résolution le 23 octobre, et le 2 novembre il publia une proclamation (Cf. MADIOU, op. cit., 1847-1848, t. III, chap. 43, p. 244). Le 24, il se mit en relation avec les puissances étrangères.

Mais le général Pétion, qui commandait dans l'Ouest, ne reconnut pas le gouvernement rétabli dans le Nord par Christophe et convoqua une assemblée constituante à Port-au-Prince. Le 27 décembre 1806, elle adopta une constitution républicaine qui donnait l'essentiel du pouvoir à un Sénat de vingt-quatre membres et confiait l'exécutif à un président élu pour quatre ans (sur le modèle des Etats-Unis).

Le lendemain, 28 décembre, l'Assemblée nomma Christophe président d'Haïti, malgré les protestations de celui-ci contre la constitution, qui ne laissait au chef de l'État qu'un pouvoir très limité. Le 1er janvier 1807, Christophe attaqua Port-au-Prince, mais il fut aussitôt repoussé. Le Sénat le mit hors la loi (27 janvier) et élut à sa place Alexandre Pétion (9 mars).

Appuyé par son armée, Christophe s'installa solidement dans la partie Nord d'Haïti. Il promulga au Cap un acte constitutionnel, délibéré dans un conseil privé, qui lui déféra la présidence à vie, avec les pouvoirs souverains et le titre de généralissime de toutes les troupes d'Haïti ( 17 février 1807 ). Puis en 1811, non content de ses pouvoirs, il prit le titre de roi d'Haïti et se fit sacrer sous le nom d'Henry Ier.

Ainsi, la crise politique de 1806-1807 eut-elle pour conséquence d'opérer la division du pays : au Cap-Haïtien régnait un dictateur, qui représentait le pouvoir des Noirs; à Port-au-Prince, Pétion gouvernait les parties de l'Ouest et du Sud en président constitutionnel, soutenu par les Métis.

Cependant, si Christophe se conduisait effectivement comme un despote mégalomane, il manifestait par ailleurs d'évidentes qualités d'homme d'État. Son despotisme s'incarnait surtout dans les aspects monarchiques du régime : une cour, une noblesse, un ordre royal et militaire de Saint-Henri. Sa mégalomanie apparaîtra dans sa passion des grandes constructions : citadelles et palais royaux, dont le fameux Sans-Souci.

Son oeuvre est considérable. Désireux d'imiter Napoléon Ier, il promulgua tout un ensemble de codes : civil ( Code Henri, adaptation du Code Napoléon ), maritime, commercial et rural. Il construisit des hôpitaux et organisa une assistance médicale gratuite. Il attacha une grande importance à l'éducation : un réseau d'établissements scolaires fut créé ( écoles particulières d'arrondissement, écoles centrales de division militaire, écoles professionnelles et Académie royale ). Priorité fut accordée à l'enseignement technique : tout élève doit apprendre un métier manuel. Dans cette oeuvre originale, Christophe manifesta une double volonté politique : former des cadres techniques et éveiller à la conscience nationale le plus grand nombre possible de citoyens grâce à l'instruction.

Dans le domaine économique, le système agricole était fondé sur la grande exploitation de type féodal : généraux, courtisans et hauts fonctionnaires reçevaient de grands domaines dont ils devaient surveiller avec soin la mise en valeur. Il fit construire des manufactures de cotonnades et des usines d'armement. Mais d'un autre côté, son autoritarisme sans nuance fut de plus en plus mal supporté : il se livra à des exactions, monopolisa l'industrie, et rétablit le servage de la glèbe, avec des moyens de répression bien voisins de l'esclavage. Il avait créé une maison royale et militaire, avec une armée de 24.000 hommes, que ne pouvait entretenir une population pauvre et sans commerce de 240.000 âmes.

La mort de Pétion, en 1818, fit croire à Christophe qu'il pourrait réunir le Sud et l'Ouest de l'île à la partie Nord, trop petite pour contenter son ambition. Mais il échoua une nouvelle fois dans cette expédition, et il fut forcé de rentrer dans ses étroites limites. Il se maintiendra au pouvoir grâce à l'appui de l'Angleterre. Le 15 août 1820, il fut terrassé par une crise d'apoplexie qui le laissa partiellement paralysé, et un soulèvement ne tarda pas à se déclarer. Sa capitale même se révolta, malgré tout ce qu'il avait fait pour la relever de ses ruines et pour l'élever au-dessus de Port-au-Prince et des autres villes des Antilles.

Accablé après avoir tenté une défense inutile, trahi par ses chevaux-légers, il se suicida d'une balle de pistolet tirée en plein coeur, dans son château de Sans-Souci, le 8 octobre 1820, en fin d'après-midi. La tradition affirme que la balle était en or. Son deuxième fils, âgé de seize ans, fut massacré quelques jours après, et la partie du Nord sera réunie à la partie du Sud sous la présidence de Boyer.

Avec lui le règne des Noirs finit momentanément à Haïti, pour faire place à celui des hommes de couleur.

Assassinat bis de Dessalines

Publié le 20/08/2007 à 12:00 par feobus
Assassinat bis de Dessalines
L'histoire d'Haïti fourmille de cas d'assassinat, de trahison et de coups bas. Les noms des accusés fusent sur toutes les lèvres mais les juges n'entendent jamais de la même oreille que le public. D'ailleurs peut-on vraiment parler de jugement en Haïti? Le corps du délit est là, les preuves sont plus que convaincantes mais faute d'un appareil judiciaire indépendant des tractations politiques, la Cour ne peut prononcer le mot du droit.

Ainsi se déroule le film de notre histoire. Deux ans après avoir libéré l'esclave de St Domingue de ses chaînes et fondé une nouvelle Nation, Dessalines fut criblé de balles et son cadavre fut jeté en pâture à la foule qui lui lançait des pierres. Selon Beaubrun Ardouin: "Les soldats lui coupèrent les doigts pour voler ses bagues de prix. Ils le dépouillèrent de ses vêtements en ne lui laissant que sa chemise et son caleçon. Ses armes, pistolets, sabres, poignards devinrent la proie des pillards." Ce corps inanimé, mutilé, percé de tant de trous, surtout à la tête était à peine reconnaissable. On fouillait les coins et les recoins de Marchand à la recherche de fortunes enfouies. Les parents et les proches collaborateurs de Dessalines furent persécutés. Boisrond Tonnerre, le rédacteur de l'Acte de l'Indépendance, fut jeté en prison et tué à coup de baïonnette.

Le pays fut divisé en deux camps: Le Royaume de Christophe dans le Nord et la République de Pétion dans l'Ouest et le Sud. Ces deux Etats pourtant si différents par leur régime politique avaient un point commun: des deux côtés le peuple était mis à l'écart. Le Lycée Pétion dans l'Ouest était le fief de l'élite et les écoles bâties par Christophe dans le Nord étaient fréquentées par les fils des familles aisées. Les masses citadines et paysannes étaient exclues. Quand il fallait livrer bataille, on sonnait le rassemblement pour mobiliser le peuple. "En vient-on au partage! On prend le plus que l'on peut. On tire à soi le meilleur de l'affaire et la chicane vient après" nous confesse Jules Solime Milscent, ce peintre des mœurs haïtiennes.

De 1806 à 2005, le Drapeau Haïtien est toujours en berne en signe de deuil pour ce peuple meurtri, vilipendé, frustré, trahi. Ce 17 octobre 2005, c'est l'occasion pour tous les Haïtiens et toutes les Haïtiennes de méditer.

Oui, Frères et Sœurs haïtiens, méditons! Après avoir gravi ce calvaire pendant plus de 200 ans, aujourd'hui nous avons atteint le sommet du Golgotha. Tous nos bourreaux sont là, armés de leurs pinces et de leurs tenailles pour nous clouer sur la Croix. Les invincibles soldats romains rôdent dans le décor avec leurs casques, leurs glaives et leurs boucliers. La blague politique qui nous amusait tous, dépasse aujourd'hui les limites de la plaisanterie. Elle n'est plus drôle puisque notre vie de peuple est menacée. Déni ou de cécité, en tout cas nos candidats sont tous gagas puisqu'ils investissent leur confiance dans un structure d'appui au CEP et proposent un Comité de Garantie électorale. Quels épouvantails! Le Père Noël existe-t-il? Nous vous invitons à observer une pause afin de nous rendre compte jusqu'où nous ont conduit notre naïveté, nos luttes intestines, nos querelles byzantines, notre noirisme et notre mulâtrisme ridicules et rétrogrades, nos préjugés de fortune et de classes sociales.

Après 201 ans d'indépendance Haïti est loin d'être un pays calme. Nous avons tué notre libérateur! Les mânes de nos ancêtres nous poursuivent. Depuis 1806 la vie politique haïtienne évolue au rythme de rivalités sanglantes entre Anciens Libres et Nouveaux Libres, Parti Libéral versus Parti National. A leurs remorques, il y a toujours des groupes armés pour semer le deuil: les Cacos, les Piquets, les Zinglins, les Zinglindos, les Cocorates etc... En marge de cette triste réalité les masses sombrent toujours dans la misère et demeurent les plus grandes victimes. Méditons! Frères et Sœurs haïtiens, méditons!

Dessalines fut assassiné parce qu'il voulait récompenser de manière juste et équitable tous ceux qui ont rendu possible l'épopée de 1804. 200 ans après ses vœux ne sont pas encore réalisés. Au contraire, des fils prodigues nous reviennent avec la complicité de nos anciens maitres pour brûler l'Autel de la Patrie. Si en 1806 leurs Pères ont tué Dessalines et laissé à Défilé la Folle le soin de lui donner une sépulture, en 2005 animés des mêmes motifs Macchabée et ses croque-morts nous harcellent avec les mêmes oraisons funèbres pour enterrer la Souveraineté Nationale. Leur hantise du pouvoir les empêche de se rendre compte de la gangrène qui ronge la Nation et qui nous attire l'attention de certains vautours prêts à se jeter sur nos cadavres.

Les Onusiens sont déjà à nos portes! La libération de deux fillettes par le FBI et le transfert des victimes et des accusés aux USA sont des preuves tangibles de notre incapacité de garantir la sécurité de nos résidents. La Charte des Nations Unies est stricte à ce sujet. La politique pragmatique de l'Administration Bush envisage des solutions de choc en une telle occurrence. Ce n'est pas un souhait, c'est une évidence. "A l'impossible nous sommes tous tenus" cette leitmotiv nous revient au bas de chaque communiqué ou note de presse du Gouvernement Intérimaire.

Nous tirons la sonnette d'alarme pour attirer l'attention de tous sur l'imminence de la tutelle onusienne parce qu'en dépit de nos incessants et infatigables appels sur le net, Gérard Latortue n'a pas su dès le départ restaurer la légalité, reconduire l'Armée d'Haïti et neutraliser les bandits. Il endosse une lourde responsabilité face à l'enlisement du processus de paix en Haïti. Le pays n'est pas en guerre, pourquoi avait-on sollicité la présence d'une Armée Onusienne sur le terrain. Il s'agit de conflits internes entre différentes factions politiques qui, jusqu'à présent ne s'affrontent pas par les armes. Le mouvement des rebelles de Guy Philippe était un camouflet qui s'est vite banalisé comme une bulle de savon après le 29 février 2003. Les escarmouches qui troublent la vie quotidienne ne sont autres que les dérivées premières de la négligence, de l'insouciance et de l'inexpérience de nos dirigeants actuels.

Le Gouvernement Provisoire en selle depuis Mars 2003 se proposait de redresser la situation économique déplorable du pays et rétablir l'ordre sur toute l'étendue du territoire. Les dirigeants intérimaires ont prouvé leurs incapacités à combler nos espoirs. Aujourd'hui ils mettent à l'épreuve nos sentiments de fierté et de souveraineté nationale en nous exposant à la menace de tutelle de l'ONU et aux gifles des Candidats à la Présidence de nationalité étrangère. C'est une honte pour les dirigeants intérimaires de ne pas pouvoir s'acquitter de leur unique mission de conduire le Peuple aux élections.

Nous blâmons nos candidats qui jouissent de la double nationalité et qui s'obstinent à exposer le pays au danger de la tutelle au lieu de se conformer aux lois de la République. Victime de la trahison et de l'hypocrisie de ses frères Jean Jacques Dessalines pressentait cet assassinat bis et ce triste destin pour Haïti. Lors de la Proclamation de l'Indépendance le 1er Janvier 1804 aux Gonaïves, Dessalines avait fait une déclaration fracassante et prophétique. Ecoutons-le:

"Peuple Haïtien, Rappelle-toi que j'ai tout sacrifié pour voler à ta défense: parents, enfants, fortune et que maintenant que je ne suis riche que de ta liberté; que mon nom est devenu en horreur à tous les peuples qui veulent l'esclavage et que les despotes et les tyrans ne le prononcent en maudissant le jour qui m'a vu naître. Si jamais tu refusais ou recevais en murmurant les lois que le génie qui veille à ta destinée me dictera pour ton bonheur, tu mériterais le sort des peuples ingrats."

Paroles de Jean Jacques Dessalines le Grand, dans son Premier Discours, le Premier Jour de l'Indépendance. A vous les commentaires!

Jean Erich René

Chevalier saint georges

Publié le 20/08/2007 à 12:00 par feobus
Joseph naît le 25 décembre 1745 à Saint-Robert, près de Basse-Terre en Guadeloupe, d’une union entre Georges de Bologne de Saint-George, colon aristocrate de l’île, propriétaire d’une plantation de 60 esclaves, et Anne, dit Nanon, une jeune esclave de 17 ans : l’enfant s’appelle Joseph de Bologne de Saint-George. Pour les colons de l’archipel, le petit Joseph passe pour un « mulâtre », ce qui ne l’autorise pas à adopter les nobles titres de son père.

Une éducation aristocratique
A l’âge de quatre ans, Joseph part précipitamment de Guadeloupe pour la ville de Bordeaux avec ses deux parents. Son père vient d’embrocher Pierre-Julien Le Vanier de Saint-Robert au cours d’un duel improvisé. Pour ce délit, il est condamné à être pendu et voit ses biens confisqués. Mais les relations de Georges auprès de la couronne de France permettent de solliciter l’indulgence de l’administration coloniale. Le 5 novembre 1749, grâce à une lettre de rémission, il revient sur l’archipel avec le petit Joseph.

Selon l’article 9 du Code Noir édité par Colbert en 1645, Joseph n’est pas un enfant libre. Il est destiné à vivre asservi. Toutefois son père l’entend autrement. Il prend soin de dispenser à Joseph une éducation à la mesure des aristocrates. Le jeune garçon recevra une instruction à la fois savante, artistique et sportive.
Mois après mois, le jeune garçon acquiert les bases nécessaires à le distinguer des autres enfants de son âge. Ce père attentif nourrit l’espoir que Joseph accède à la meilleure éducation possible. Pour ce faire, il doit l’envoyer dans l’Hexagone car c’est à Paris que tout se fait, que tout se gagne. Joseph a 10 ans lorsqu’il débarque dans le port de Bordeaux. Son destin va basculer.

L’Académie Royale
Nanon, la mère de Joseph, l’accompagne dans cette nouvelle vie. Elle est noire mais le Code qui régit son existence prévoit qu’elle soit affranchie dès son arrivée dans l’Hexagone. Elisabeth, l’épouse « officielle » de Georges, a fait le voyage avec eux. Pendant quelques mois, Joseph est éduqué au contact de ces femmes avant que le chef de famille, qui règle ses dernières affaires en Guadeloupe, ne les rejoigne. Le père fréquente les salons de la haute société parisienne et introduit son enfant dans les cercles les plus fermés. Désormais, c’est l’élite qui fera son éducation.

Quelques années passent. Joseph est désormais un adolescent au corps élancé et svelte. A 13 ans, il intègre l’Académie Royale, dirigée par Nicolas Texier de la Boëssière, l’un des plus fameux maîtres d’armes du royaume. Il y apprend l’équitation sous la direction du Chevalier Dugast. Mais le jeune homme se passionne surtout pour l’escrime, l’art qui marque par excellence l’appartenance à l’aristocratie.

Titre de noblesse
Dans ce lieu où l’on forme la future élite des gens bien nés, l’enseignement se veut complet. Après le sport du matin, les jeunes élèves consacrent leur après-midi aux cours de mathématiques, d’histoire, de langues étrangères, de musique, de danse et de dessin. Dans ce contexte, Joseph excelle en tout. Sa vivacité d’esprit et ses dispositions physiques se remarquent en haut lieu. A 16 ans, il obtient un poste d’officier chez les gendarmes de la garde du roi. Trois mois de l’année sont consacrés à son souverain. Le reste du temps, il poursuit ses études.
Grâce à cette fonction, le jeune homme accède au titre de noblesse qui lui fut dénié à sa naissance. Par le mérite, Joseph obtient ce qu’on lui a refusé à cause de la couleur de sa peau. Il s’appelle désormais « le Chevalier de Saint-George ».

Une fine lame
Le Chevalier de Saint-George se distingue par ses qualités d’escrimeur, faisant ainsi honneur à son maître d’arme. On vante son talent à tel point que des tireurs de toute l’Europe se rendent à Paris pour le défier. La haute société se presse dans les salles d’armes pour admirer le chevalier fendre et toucher ; on apprécie ses assauts dont on pourra parler dans les boudoirs. Vitesse, précision et souplesse le démarquent de ses rivaux. A 19 ans, il a remporté des centaines de défis et ne s’est incliné qu’à deux reprises. Mais plus encore que l’escrime, sa passion obsessionnelle est la musique. C’est à elle qu’il veut se consacrer entièrement.

Les salons parisiens
Saint-George est un sensible, un créatif. Il ne s’en cache pas. Pour cela, il travaille le violon, son instrument favori depuis son plus jeune âge. Sous la conduite de François-Joseph Gossec, un compositeur très apprécié de l’époque, il s’exerce quotidiennement au solfège, à l’harmonie et s’initie aux bases de la composition.
Saint-George veut composer et il y parvient. Pour cela, il fréquente les salons parisiens que sa réputation de fine lame lui a ouverts. Il y joue du violon. Les dames de la bonne société ne manquent pas d’apprécier sa musique... et son physique. On dit de Joseph qu’il est beau et qu’il a du talent. Il est appelé à succéder à Gossec pour diriger l’Orchestre des Amateurs.
Avec son maître, il devient le premier compositeur français de quatuors à cordes et de symphonies concertantes qu’il fait jouer dans les salons parisiens en 1772. Jospeh a 27 ans. Il a acquis une maîtrise de la technique et de la sonorité au violon qui lui vaut un succès grandissant. La jeune reine de France, Marie-Antoinette, semble apprécier les qualités de l’élégant chevalier. Sa notoriété s’accroît. Mais un drame l’atteint. Son père meurt en 1775.

Différent des autres
Fou de chagrin, le jeune homme se réfugie dans le travail. C’est alors qu’une opportunité sans précédent s’offre à lui. La ville de Paris cherche un directeur pour son Opéra. Son nom est évoqué pour le prestigieux poste de directeur de l’Académie royale de musique. Mais des voix s’élèvent contre la candidature du Chevalier de Saint-George, ou plutôt contre la couleur de sa peau. Deux chanteuses et une danseuse de l’Opéra refusent d’être dirigées par un mulâtre et s’en émeuvent auprès de la reine. Louis XVI, a qui revient la décision finale, recule devant la polémique.

Au même moment, certaines autorités proposent de reconsidérer la question de l’Esclavage. On dit que le Roi lui-même fustige cette institution mais il n’y apporte aucune réforme. Pire, sous la pression des planteurs, deux ans plus tard, il ordonne aux Noirs et aux Mulâtres du royaume de se faire délivrer des papiers d’identité. Les unions interraciales deviennent prohibées pour les Africains ou les personnes d’origine africaine arrivées sur le sol français avant le 9 août 1777. Saint-George est de ceux là. Et puisque toutes les femmes de la haute société qu’il fréquente sont blanches, il ne peut en épouser aucune. Une nouvelle fois, l’Etat lui rappelle que la couleur de sa peau le rend différent des autres Français.

Carrière musicale
Sa musique n’en souffre pas cependant, et l’on joue même sa symphonie concertante pour deux violons au Concert spirituel où il remporte un grand succès. Sa carrière musicale arrive à son apogée. En 1777, Madame de Montesson, amie du Duc d’Orléans, l’engage comme directeur de son théâtre privé au Palais-Royal. Il entreprend d’écrire un opéra. Le 12 octobre 1778, il fait jouer pour la première fois « La Chasse », sa deuxième comédie musicale, que le public reçoit avec enthousiasme et dont la presse encense les qualités. L’année suivante, Saint-George est invité à jouer à Versailles, devant la reine Marie-Antoinette à qui l’on prête une véritable admiration pour le chevalier.
Cette proximité supposée ne plaît guère en haut lieu. Une nuit, des bandits l’agressent violemment, mais le Chevalier les met en déroute. Bien que l’on parvienne à les arrêter, les assaillants ne sont pas jugés. Et pour cause, ils appartiennent à la police secrète de Versailles. On convient que le crime semble avoir été commandité mais l’enquête s’arrête là.



Néanmoins, le compositeur se remet vite et choisit le théâtre privé de madame de Montesson pour la première représentation de L’Amant anonyme, sa troisième œuvre lyrique, qui est présentée le 8 mars 1780. Le concert des Amateurs ferme ses portes et passe le relais au concert des Olympiques qui s’installe au Palais Royal puis aux Tuileries, où il obtient la réputation de l’orchestre le plus élégant de tous les temps.
A partir de 1785, Saint-George traverse souvent la Manche pour l’Angleterre avec le duc d’Orléans et noue des relations étroites avec les hommes politiques proches des idées abolitionnistes. En 1787, il rencontre à Londres la haute société anglaise. Il fait aussi la connaissance du chevalier d’Eon, célèbre pour avoir mené une carrière d’espion dans les déguisements les plus improbables. Lors d’un dîner mondain, il croise même le fer avec ce dernier qui, fidèle à sa réputation, combat travesti en femme. Cette rencontre amicale donne naissance à un opéra-comique, « La Fille-Garçon ».

Le colonel de la Révolution
L’agitation gagne la France et une Révolution émerge. Le 14 juillet 1789, les Sans-culottes s’emparent de la prison de la Bastille, symbole de la toute puissance royale. Le 4 août, les privilèges des nobles sont abolis. Le Chevalier de Saint-George revient en France et s’installe à Lille pour composer. Son dernier opéra, « Guillaume tout-cœur ou les Amis de village », qu’il fait jouer le 8 septembre 1790, obtient un certain succès. Saint-George veut également prendre part à la marche des idées progressistes qui tiennent quelquefois l’Esclavage en horreur. Le chevalier s’enrôle alors dans la Garde nationale comme simple soldat, puis devient capitaine.

Les deux années suivantes, en dépit des agitations provoquées par la Révolution, on joue ses œuvres lyriques dans les beaux théâtres de la capitale devant un public nombreux. Mais la jeune monarchie constitutionnelle est en guerre contre de nombreux pays voisins. Les couronnes d’Europe se montrent hostiles à cette Révolution française qui menace leurs privilèges ; ne vient-elle pas d’accorder l’égalité des droits aux personnes « libres » de ses colonies, c’est à dire aux métis et aux esclaves noirs affranchis ?
Pour toutes ces raisons, Saint-George se retrouve aux premières lignes du front lorsque les Autrichiens attaquent Lille le 29 avril 1792. L’assaillant est repoussé mais Joseph reste marqué par cette tentative de domination. Le 7 septembre 1792, l’Assemblée législative a reçu des députés noirs de Saint-Domingue où les esclaves multiplient les émeutes. Pour les intégrer au processus révolutionnaire, elle autorise la création d’une unité mixte de cavalerie et d’infanterie, composée principalement d’hommes de couleur. Saint-George devient le colonel du régiment.

La légion noire
Une troupe de mille Afro-antillais est immédiatement levée sur le territoire : c’est la « Légion franche de cavalerie des Amériques et du Midi », également appelée « Légion Saint-George ». Alexandre Dumas Davy de la Pailleterie, métis comme Saint-George, est lieutenant-colonel dans la troupe. Il deviendra plus tard l’un des plus grands généraux de la République ainsi que le père du célèbre auteur des « Trois mousquetaires ».
Quelques mois plus tard, la République est proclamée. Le chevalier, de son côté, doit faire face à une nouvelle attaque des Autrichiens entrés dans Lille. Un siège s’engage. Ses troupes harcèlent l’ennemi et parviennent à reprendre des places stratégiques. Après quelques mois sous le feu des canons, ses soldats se voient affectés à d’autres bataillons. Quant à Saint-George, à la suite d’accusations dont il est la cible de la part du Général Dumouriez, lui-même passé à l’ennemi, il est destitué de son commandement par le Tribunal révolutionnaire.

Prison
C’est l’époque de la Terreur ; les têtes tombent sous le couperet de la guillotine. Pourtant, l’Esclavage est aboli dans toutes les colonies le 4 février 1793. Les hommes et les femmes noirs deviennent citoyens à part entière de la nouvelle France. Derrière les barreaux pendant plus d’un an, avec son violon pour seul compagnon, Saint-George ne peut assister à cette autre révolution qui libère les enfants parmi lesquels il a grandi. A Paris, les cartes de la politique changent rapidement. La nouvelle élite semble plus modérée dans ses jugements. La République reconnaît sa méprise à l’endroit du chevalier et le réhabilite, lui qui n’a eu de cesse, durant sa privation de liberté, de réaffirmer ses convictions progressistes.

Saint-Domingue
De l’autre côté de l’Atlantique, les esclaves de la colonie française de Saint-Domingue se soulèvent contre leurs oppresseurs. Les Noirs ne supportent plus le fouet et la soumission. A leur tête, l’esclave affranchi Toussaint-Louverture a pris la tête de ce mouvement.
A certains endroits stratégiques de l’île, les Anglais installent des bases dans le but de s’emparer complètement du territoire. La puissance britannique pratique toujours la traite négrière et l’esclavage ; si elle bat l’armée républicaine des soldats de Toussaint-Louverture, elle ramènera les citoyens à leur condition servile.
A Paris, Saint-George, en homme libre, décide de rallier Toussaint-Louverture. Il se souvient que Nanon, sa tendre mère, fut esclave et que lui-même n’est pas passé si loin de ce sort odieux. La légende dit que le Chevalier de Saint-George eut la mission de protéger les enfants de Toussaint et de les amener dans l’Hexagone afin qu’ils y fassent des études.

Mort de Saint-George
Son devoir accompli, le Chevalier de Saint-George retourne à Paris en 1797. Il a 52 ans et revient à ses premières amours en prenant la direction des concerts du « Cercle de l’Harmonie ». Mais Paris a beaucoup changé ; les évènements ont fait passer les modes.
Malgré ses réseaux et ses amis, Saint-George peine à trouver de l’argent. Puis il tombe malade ; un ulcère à la vessie le fait terriblement souffrir. Mal soigné, atteint de mauvaises fièvres, il se réfugie chez son compagnon d’arme et ancien officier de la « Légion Saint-George », Nicolas Duhamel. Le Chevalier de Saint-George s’incline face à la mort le 10 juin 1799. A l’annonce de sa disparition, les journaux célèbrent sa mémoire avec respect et émotion.

Une oeuvre particulièrement riche
Trois ans après sa disparition, Napoléon rétablit l’Esclavage et le Code Noir dans toutes les colonies, et mène une terrible répression contre les esclaves qui ont osé se soulever. Il parvient à vaincre les armées noires de la Guadeloupe, mais pas celles de Saint-Domingue qui repousse les "Dragons" et proclame son indépendance en 1802. La première Nation noire voit le jour, elle s’appelle Haïti.
Quant au Chevalier de Saint-George, il laisse derrière lui une œuvre particulièrement riche. Le célèbre Mozart, génie autrichien de la musique classique, se serait beaucoup inspiré des créations du « Nègre des Lumières » pour composer. Bien que la vie de cet homme soit largement méconnue aujourd’hui, alors que ses aventures étaient tant célébrées de son vivant, Saint-George a démontré que malgré le racisme et les préjugés, les qualités et la détermination d’un homme peuvent le mener au sommet.

rfo